Pour une Amérique plus verte
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Alors que le monde attend l’arrivée d’un nouveau gouvernement aux États-Unis, Dan Krieter, directeur, Stratégie de titres à revenu fixe de BMO Marchés des capitaux, évalue l’impact potentiel de ce changement politique sur l’émission et l’achat d’obligations vertes, sociales et durables. À la veille de l’assermentation du nouveau président, Dan, qui se spécialise dans les placements à revenu fixe durables et dirige les recherches du groupe sur les obligations vertes, a récemment rédigé un rapport intitulé Make America Green Again.
Voici une version abrégée d’une conversation avec Dan sur les principales conclusions de son rapport et l’avenir probable des émissions de titres de créance durables aux États-Unis.
Q : Récemment, vous avez publié un rapport intitulé « Make America Green Again ». Quels sont les principaux points à retenir de ce rapport et pourquoi avoir choisi ce titre?
Essentiellement, j’ai choisi ce titre parce que je voulais souligner l’importance du lien qui existe entre la présidence des États-Unis et l’intégration des initiatives durables dans le système financier. J’ai surtout insisté sur le fait que le président élu Biden semble avoir pour objectif de donner plus de place aux considérations environnementales. Durant sa campagne, il a proposé des dépenses d’infrastructures de l’ordre de 2 000 milliards de dollars, dont une grande partie dans des initiatives vertes. Que ce plan soit adopté ou non, il montre que la durabilité est une priorité de M. Biden.
De même, Janet Yellen, nommée secrétaire au Trésor par le président élu, est une ardente défenseure de l’environnement et a déjà commencé à parler de certaines mesures qu’elle entend prendre dans ce domaine. Même en dehors des élections, la Réserve fédérale se montre depuis peu beaucoup plus encline à tenir compte des facteurs de changement climatique dans la réglementation des banques américaines. On parle de plus en plus de soumettre les banques à des tests de résistance environnementale, et des membres du Congrès ont écrit à la Fed pour lui demander où elle en était dans cette réflexion.
Q : S’agit-il là d’une mesure d’atténuation des risques?
Oui. À titre d’organisme de réglementation bancaire, la Fed est de plus en plus consciente que les risques environnementaux menacent non seulement le monde, mais aussi les compagnies d’assurance et d’autres acteurs majeurs du système financier, puisque le changement climatique entraîne plus de catastrophes naturelles et expose le système financier à des vulnérabilités.
Q : Quels seront les principaux vecteurs de croissance des émissions de titres de créance durables?
Les infrastructures vertes. Tout repose ici sur le changement d’attitude du nouveau gouvernement, qui permettra d’asseoir les options de placement. Dans le domaine de l’investissement durable, le marché redoute l’écoblanchiment et le gouvernement doit intervenir pour contribuer à régler ce problème. Certains organismes internationaux comme l’ICMA ont réalisé d’immenses progrès en ce sens, et d’autres juridictions comme l’Europe, le Canada et la Chine se sont dotées d’un cadre d’investissement durable qui guide le processus de placement, chose qui n’existe pas encore aux États-Unis.
L’arrivée d’un nouveau gouvernement et l’exemple du reste du monde pourraient inciter les entreprises américaines à investir davantage dans le développement durable. Si les sociétés doivent divulguer leur exposition aux enjeux environnementaux et que les investisseurs privilégient celles qui affichent la meilleure performance sur ce plan, nous pourrions assister à un changement d’attitude à partir du sommet de la hiérarchie.
Aujourd’hui, les sociétés américaines émettent environ 40 % des titres de créance du monde, mais seulement 15 % des titres de créance durables.
Q : Vous observez une explosion du marché des titres de créance sociaux/durables. Est-ce imputable à la demande? À quoi attribuez-vous cette évolution, et pensez-vous qu’elle va se poursuivre?
À mon avis, cette explosion du marché des titres de créance durables s’explique en partie par la demande, mais aussi par le désir des sociétés du monde entier d’émettre des titres sur le marché de la durabilité sans nécessairement avoir des projets traditionnellement admissibles aux obligations vertes.
Le marché des titres de créance durables est apparu il y a une dizaine d’années avec les obligations vertes. Cependant, ces obligations visent spécifiquement des projets qui ont des résultats environnementaux, comme la prévention des émissions de gaz à effet de serre. Or, ce ne sont pas toutes les entreprises qui mettent en œuvre des projets de cette nature. Les obligations vertes servent principalement, mais pas exclusivement, à financer des projets comme des réseaux électriques et des infrastructures de transport, qui sont surtout menés par des entités gouvernementales ou quasi gouvernementales, à quelques exceptions près, comme les projets de panneaux solaires.
La définition des obligations sociales et durables est beaucoup plus large. Ces titres conviennent mieux aux entreprises, puisqu’ils peuvent financer des projets qui auront un impact humain et social, même s’ils n’ont pas d’impact environnemental.
Q : En quoi la COVID-19 pèse-t-elle dans l’équation?
Je crois que les obligations durables s’orientent de plus en plus vers les investissements axés sur les objectifs de développement durable des Nations Unies, parmi lesquels la santé. La COVID-19 a fait ressortir la menace que représentent les pandémies et la nécessité de transformer nos infrastructures pour obtenir de meilleurs résultats sur le plan sanitaire. À l’échelle mondiale, les gouvernements ont pris des mesures extraordinaires pour éviter certaines des pires conséquences possibles de la pandémie sur l’économie et la santé. Je pense notamment aux obligations pandémie, aux emprunts publics et aux investissements dans les EPI et des mesures de ce genre. Tous ces projets peuvent être considérés durables et donc admissibles aux obligations sociales ou durables. Les efforts consentis par les gouvernements pour lutter contre la pandémie ont sensibilisé le marché au domaine de la santé et accru les investissements dans les titres de créance qui s’y rattachent.
Q : Entrons-nous dans une ère nouvelle d’importantes émissions de titres de créance durables? Quel sera le moteur de cette évolution? Qu’est-ce qui pourrait la contrecarrer?
Je crois que nous entrons dans une ère nouvelle d’émissions de plus grande envergure, notamment en raison de la participation des gouvernements au marché des titres de créance durables. Certains des principaux emprunteurs du monde, comme l’Allemagne, ont émis leurs premières obligations vertes cette année. Les gouvernements font de plus en plus appel au marché des obligations durables pour financer des programmes. Par exemple, l’Union européenne, qui n’avait émis aucune obligation verte avant 2020, deviendra le plus grand emprunteur ESG d’ici quelques années. L’émission d’obligations d’État dans ce domaine ne fait que commencer à l’échelle mondiale. Or, les obligations d’État constituent de loin le principal segment du marché obligataire. De plus, les gouvernements sont les emprunteurs les plus susceptibles de poursuivre des objectifs environnementaux et durables, qu’il s’agisse d’aider les démunis ou de construire des infrastructures durables. Il est très important que les gouvernements continuent de s’engager sur ce marché maintenant et au cours des prochaines années. Il n’est pas impossible que le Trésor américain émette des obligations vertes, peut-être pas d’ici un an ou deux, mais possiblement dans cinq ans.
Q : Pourquoi est-ce important?
Prenez l’exemple de ce qui se passe en France et en Allemagne, deux des plus grands émetteurs d’obligations du monde derrière les États-Unis. Ces deux pays viennent de décider de réserver une tranche de leurs émissions aux obligations considérées vertes, un peu comme une partie des obligations du Trésor américain sont indexées sur l’inflation. Cette tranche est plus petite, mais elle existe et le gouvernement américain pourrait bien émettre un jour des obligations vertes. Pas nécessairement l’an prochain, mais peut-être dans quatre ou cinq ans. Le Trésor américain a innové ces dernières années. Il observe les marchés financiers et adapte ses produits aux tendances qui s’y dessinent. Ainsi, puisque la demande d’obligations durables augmente, il ne serait pas étonnant que le Trésor en émette.
Q : En quoi consiste la « prime verte »? Comment s’applique-t-elle à l’émission de titres de créance durables et d’où vient son importance?
La « prime verte » désigne le prix plus élevé que commande un placement durable; sur le marché obligataire, elle se traduit par un taux de rendement moins élevé. Prenons l’exemple d’une obligation à cinq ans à 1 %. L’investisseur paiera plus cher pour un titre semblable assorti de caractéristiques durables, ce qui prendra la forme d’un taux de rendement plus bas, disons 0,95 %. Cette différence de 0,05 % ou cinq points de base constitue la prime verte.
Cette prime revêt une importance capitale pour la finance durable, puisque c’est elle qui incite les emprunteurs à se tourner vers le marché durable. En effet, il en coûte plus cher pour émettre des titres sur ce marché. Les craintes d’écoblanchiment obligent à structurer davantage ces émissions : il faut payer un vérificateur qui garantira aux investisseurs que vous suivez des protocoles durables et embaucher des spécialistes de l’environnement qui surveilleront les projets et feront rapport aux investisseurs. Ce coût supplémentaire doit être compensé par des économies sur les marchés des capitaux. Sinon, pourquoi émettre de tels titres? Si les investisseurs veulent vraiment aider à changer le monde avec leurs placements durables, ils devront accepter un rendement financier un peu moins élevé en contrepartie d’un meilleur rendement durable ou environnemental.
Q : Que montrent vos recherches sur la prime verte?
Vu l’importance du sujet, j’ai étudié les tendances de cette prime dans différentes devises durant chacune des cinq dernières années. Je remarque que l’existence d’une telle prime a été observée de façon significative pour la première fois en 2020, dans les marchés en euros. Que les titres en euros soient les premiers concernés ne surprend guère, puisque l’Europe est à l’avant-garde des marchés financiers durables. Ceci démontre qu’un tel système ne peut fonctionner qu’en présence d’un soutien suffisant permettant aux investissements durables de se négocier durablement à des prix plus élevés. Il n’y a pas encore de prime verte aux États-Unis, mais il y en aura une un jour, de sorte que si vous êtes l’un des premiers acheteurs d’actifs durables, vous pourriez profiter d’une hausse de prix plus élevée que les autres. Je pense que l’existence d’une prime verte dans le monde accentuera l’intérêt pour les titres de créance durables aux États-Unis, ce qui est une façon de créer une demande et de créer des marchés, d’où l’importance cruciale de ce sujet.
La finance verte est un thème récurrent de notre balado des chefs de file du développement durable. Les épisodes suivants pourraient vous intéresser :
Dan Krieter co-anime une émission hebdomadaire de spreads de crédit de haute qualité sur le balado Macro Horizons.
Pour une Amérique plus verte
Directeur, Stratégie sur titres à revenu fixe
Dan Krieter est directeur au sein de l’équipe Stratégie sur titres à revenu fixe de BMO Marchés des capitaux. Il s’int&…
Dan Krieter est directeur au sein de l’équipe Stratégie sur titres à revenu fixe de BMO Marchés des capitaux. Il s’int&…
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Alors que le monde attend l’arrivée d’un nouveau gouvernement aux États-Unis, Dan Krieter, directeur, Stratégie de titres à revenu fixe de BMO Marchés des capitaux, évalue l’impact potentiel de ce changement politique sur l’émission et l’achat d’obligations vertes, sociales et durables. À la veille de l’assermentation du nouveau président, Dan, qui se spécialise dans les placements à revenu fixe durables et dirige les recherches du groupe sur les obligations vertes, a récemment rédigé un rapport intitulé Make America Green Again.
Voici une version abrégée d’une conversation avec Dan sur les principales conclusions de son rapport et l’avenir probable des émissions de titres de créance durables aux États-Unis.
Q : Récemment, vous avez publié un rapport intitulé « Make America Green Again ». Quels sont les principaux points à retenir de ce rapport et pourquoi avoir choisi ce titre?
Essentiellement, j’ai choisi ce titre parce que je voulais souligner l’importance du lien qui existe entre la présidence des États-Unis et l’intégration des initiatives durables dans le système financier. J’ai surtout insisté sur le fait que le président élu Biden semble avoir pour objectif de donner plus de place aux considérations environnementales. Durant sa campagne, il a proposé des dépenses d’infrastructures de l’ordre de 2 000 milliards de dollars, dont une grande partie dans des initiatives vertes. Que ce plan soit adopté ou non, il montre que la durabilité est une priorité de M. Biden.
De même, Janet Yellen, nommée secrétaire au Trésor par le président élu, est une ardente défenseure de l’environnement et a déjà commencé à parler de certaines mesures qu’elle entend prendre dans ce domaine. Même en dehors des élections, la Réserve fédérale se montre depuis peu beaucoup plus encline à tenir compte des facteurs de changement climatique dans la réglementation des banques américaines. On parle de plus en plus de soumettre les banques à des tests de résistance environnementale, et des membres du Congrès ont écrit à la Fed pour lui demander où elle en était dans cette réflexion.
Q : S’agit-il là d’une mesure d’atténuation des risques?
Oui. À titre d’organisme de réglementation bancaire, la Fed est de plus en plus consciente que les risques environnementaux menacent non seulement le monde, mais aussi les compagnies d’assurance et d’autres acteurs majeurs du système financier, puisque le changement climatique entraîne plus de catastrophes naturelles et expose le système financier à des vulnérabilités.
Q : Quels seront les principaux vecteurs de croissance des émissions de titres de créance durables?
Les infrastructures vertes. Tout repose ici sur le changement d’attitude du nouveau gouvernement, qui permettra d’asseoir les options de placement. Dans le domaine de l’investissement durable, le marché redoute l’écoblanchiment et le gouvernement doit intervenir pour contribuer à régler ce problème. Certains organismes internationaux comme l’ICMA ont réalisé d’immenses progrès en ce sens, et d’autres juridictions comme l’Europe, le Canada et la Chine se sont dotées d’un cadre d’investissement durable qui guide le processus de placement, chose qui n’existe pas encore aux États-Unis.
L’arrivée d’un nouveau gouvernement et l’exemple du reste du monde pourraient inciter les entreprises américaines à investir davantage dans le développement durable. Si les sociétés doivent divulguer leur exposition aux enjeux environnementaux et que les investisseurs privilégient celles qui affichent la meilleure performance sur ce plan, nous pourrions assister à un changement d’attitude à partir du sommet de la hiérarchie.
Aujourd’hui, les sociétés américaines émettent environ 40 % des titres de créance du monde, mais seulement 15 % des titres de créance durables.
Q : Vous observez une explosion du marché des titres de créance sociaux/durables. Est-ce imputable à la demande? À quoi attribuez-vous cette évolution, et pensez-vous qu’elle va se poursuivre?
À mon avis, cette explosion du marché des titres de créance durables s’explique en partie par la demande, mais aussi par le désir des sociétés du monde entier d’émettre des titres sur le marché de la durabilité sans nécessairement avoir des projets traditionnellement admissibles aux obligations vertes.
Le marché des titres de créance durables est apparu il y a une dizaine d’années avec les obligations vertes. Cependant, ces obligations visent spécifiquement des projets qui ont des résultats environnementaux, comme la prévention des émissions de gaz à effet de serre. Or, ce ne sont pas toutes les entreprises qui mettent en œuvre des projets de cette nature. Les obligations vertes servent principalement, mais pas exclusivement, à financer des projets comme des réseaux électriques et des infrastructures de transport, qui sont surtout menés par des entités gouvernementales ou quasi gouvernementales, à quelques exceptions près, comme les projets de panneaux solaires.
La définition des obligations sociales et durables est beaucoup plus large. Ces titres conviennent mieux aux entreprises, puisqu’ils peuvent financer des projets qui auront un impact humain et social, même s’ils n’ont pas d’impact environnemental.
Q : En quoi la COVID-19 pèse-t-elle dans l’équation?
Je crois que les obligations durables s’orientent de plus en plus vers les investissements axés sur les objectifs de développement durable des Nations Unies, parmi lesquels la santé. La COVID-19 a fait ressortir la menace que représentent les pandémies et la nécessité de transformer nos infrastructures pour obtenir de meilleurs résultats sur le plan sanitaire. À l’échelle mondiale, les gouvernements ont pris des mesures extraordinaires pour éviter certaines des pires conséquences possibles de la pandémie sur l’économie et la santé. Je pense notamment aux obligations pandémie, aux emprunts publics et aux investissements dans les EPI et des mesures de ce genre. Tous ces projets peuvent être considérés durables et donc admissibles aux obligations sociales ou durables. Les efforts consentis par les gouvernements pour lutter contre la pandémie ont sensibilisé le marché au domaine de la santé et accru les investissements dans les titres de créance qui s’y rattachent.
Q : Entrons-nous dans une ère nouvelle d’importantes émissions de titres de créance durables? Quel sera le moteur de cette évolution? Qu’est-ce qui pourrait la contrecarrer?
Je crois que nous entrons dans une ère nouvelle d’émissions de plus grande envergure, notamment en raison de la participation des gouvernements au marché des titres de créance durables. Certains des principaux emprunteurs du monde, comme l’Allemagne, ont émis leurs premières obligations vertes cette année. Les gouvernements font de plus en plus appel au marché des obligations durables pour financer des programmes. Par exemple, l’Union européenne, qui n’avait émis aucune obligation verte avant 2020, deviendra le plus grand emprunteur ESG d’ici quelques années. L’émission d’obligations d’État dans ce domaine ne fait que commencer à l’échelle mondiale. Or, les obligations d’État constituent de loin le principal segment du marché obligataire. De plus, les gouvernements sont les emprunteurs les plus susceptibles de poursuivre des objectifs environnementaux et durables, qu’il s’agisse d’aider les démunis ou de construire des infrastructures durables. Il est très important que les gouvernements continuent de s’engager sur ce marché maintenant et au cours des prochaines années. Il n’est pas impossible que le Trésor américain émette des obligations vertes, peut-être pas d’ici un an ou deux, mais possiblement dans cinq ans.
Q : Pourquoi est-ce important?
Prenez l’exemple de ce qui se passe en France et en Allemagne, deux des plus grands émetteurs d’obligations du monde derrière les États-Unis. Ces deux pays viennent de décider de réserver une tranche de leurs émissions aux obligations considérées vertes, un peu comme une partie des obligations du Trésor américain sont indexées sur l’inflation. Cette tranche est plus petite, mais elle existe et le gouvernement américain pourrait bien émettre un jour des obligations vertes. Pas nécessairement l’an prochain, mais peut-être dans quatre ou cinq ans. Le Trésor américain a innové ces dernières années. Il observe les marchés financiers et adapte ses produits aux tendances qui s’y dessinent. Ainsi, puisque la demande d’obligations durables augmente, il ne serait pas étonnant que le Trésor en émette.
Q : En quoi consiste la « prime verte »? Comment s’applique-t-elle à l’émission de titres de créance durables et d’où vient son importance?
La « prime verte » désigne le prix plus élevé que commande un placement durable; sur le marché obligataire, elle se traduit par un taux de rendement moins élevé. Prenons l’exemple d’une obligation à cinq ans à 1 %. L’investisseur paiera plus cher pour un titre semblable assorti de caractéristiques durables, ce qui prendra la forme d’un taux de rendement plus bas, disons 0,95 %. Cette différence de 0,05 % ou cinq points de base constitue la prime verte.
Cette prime revêt une importance capitale pour la finance durable, puisque c’est elle qui incite les emprunteurs à se tourner vers le marché durable. En effet, il en coûte plus cher pour émettre des titres sur ce marché. Les craintes d’écoblanchiment obligent à structurer davantage ces émissions : il faut payer un vérificateur qui garantira aux investisseurs que vous suivez des protocoles durables et embaucher des spécialistes de l’environnement qui surveilleront les projets et feront rapport aux investisseurs. Ce coût supplémentaire doit être compensé par des économies sur les marchés des capitaux. Sinon, pourquoi émettre de tels titres? Si les investisseurs veulent vraiment aider à changer le monde avec leurs placements durables, ils devront accepter un rendement financier un peu moins élevé en contrepartie d’un meilleur rendement durable ou environnemental.
Q : Que montrent vos recherches sur la prime verte?
Vu l’importance du sujet, j’ai étudié les tendances de cette prime dans différentes devises durant chacune des cinq dernières années. Je remarque que l’existence d’une telle prime a été observée de façon significative pour la première fois en 2020, dans les marchés en euros. Que les titres en euros soient les premiers concernés ne surprend guère, puisque l’Europe est à l’avant-garde des marchés financiers durables. Ceci démontre qu’un tel système ne peut fonctionner qu’en présence d’un soutien suffisant permettant aux investissements durables de se négocier durablement à des prix plus élevés. Il n’y a pas encore de prime verte aux États-Unis, mais il y en aura une un jour, de sorte que si vous êtes l’un des premiers acheteurs d’actifs durables, vous pourriez profiter d’une hausse de prix plus élevée que les autres. Je pense que l’existence d’une prime verte dans le monde accentuera l’intérêt pour les titres de créance durables aux États-Unis, ce qui est une façon de créer une demande et de créer des marchés, d’où l’importance cruciale de ce sujet.
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Épisode 07 : Mobiliser les marchés des capitaux en faveur d’une finance durable
Épisode 06 : L’investissement responsable – Tendances et pratiques exemplaires canadiennes
Épisode 04 : Divulgation de renseignements relatifs à la durabilité : Utiliser le modèle de SASB
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