Entrevue : Électrifier le Canada et l’impératif concurrentiel
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Les changements climatiques ne se résument pas à une crise existentielle; ils offrent aussi l’occasion d’effectuer une transition vers un avenir plus propre et plus durable et vers une économie florissante. Si le Canada veut prendre la tête de la lutte contre les changements climatiques, il devra faire de l’électrification une priorité.
Même s’il existe plusieurs approches pour atteindre l’objectif de carboneutralité du Canada, l’électrification propre est généralement reconnue comme la plus fiable, abordable et efficace.
Électrifier le Canada est un groupe de travail de chefs d’entreprise formé en 2019 pour repérer les obstacles aux progrès et trouver des occasions ciblées d’accélérer l’électrification de pans importants de l’économie.
Pour en savoir plus sur ses travaux et ses progrès au cours de la dernière année, nous nous sommes entretenus avec ses coprésidents, Susan McGeachie, cheffe de l’Institut pour le climat de BMO, et Richard Florizone, PDG de l’Institut international du développement durable (IISD). La discussion, qui a été modifiée par souci de concision, traite aussi du prix de l’inaction et de la façon dont les entreprises, l’État et les institutions financières peuvent collaborer pour éliminer les obstacles à l’atteinte de la carboneutralité.
Le groupe de travail Électrifier le Canada existe depuis un peu plus d’un an. Pouvez-vous nous en dire plus sur ses objectifs?
Richard Florizone : En créant Électrifier le Canada, nous voulions amener les plus grands employeurs et entreprises du Canada à parler d’un enjeu important pour la prospérité du pays. L’idée, à la base, était de dépasser la rumeur et l’incertitude politiques et les points de vue divergents. Nous devons commencer à agir. Quand je vois où nous en sommes aujourd’hui, je me dis que nous n’allons pas dans la bonne direction. Les entreprises canadiennes doivent montrer l’exemple en donnant aux gouvernements et aux organismes de réglementation, entre autres, l’assurance nécessaire pour aller de l’avant.
En tant que coprésidents d’Électrifier le Canada, que pouvez-vous nous dire sur vos travaux de la dernière année?
R.F. : Je suis fier de voir que l’électrification suscite de plus en plus d’intérêt. L’électrification est vraiment la meilleure voie vers la carboneutralité, étant donné le rendement et la rentabilité croissants des ressources renouvelables. L’électrification apporte aussi des avantages sur le plan de l’efficacité; elle est donc doublement profitable. Si le Canada laisse passer le train sans réagir, notre pays s’affaiblira, tant en termes de performance climatique que de croissance économique.
Susan McGeachie : Dans tous les secteurs, la décarbonisation repose sur l’électrification. Que doit-il se passer dans l’industrie? Que doit-il se passer dans les bâtiments? Que doit-il se passer dans les transports? Il existe des catalyseurs communs à ces secteurs. J’ai beaucoup travaillé avec différents acteurs de l’industrie afin de comprendre ces catalyseurs, parce que les banques peuvent contribuer de diverses façons à l’atteinte des résultats finaux.
De votre point de vue de banque, lesquels de ces catalyseurs peuvent avoir le plus l’effet?
S.M. : Du point de vue du financement, on reconnaît que les banques ont un rôle accru à jouer dans la décarbonisation. Nous ne refusons plus un projet simplement parce qu’il n’est pas finançable. Nous nous demandons plutôt ce que nous pouvons faire pour le rendre finançable. Nous devons nous investir à chaque étape du parcours pour soutenir nos clients.
Comment BMO se positionne-t-elle vis-à-vis de l’industrie sur cette question?
S.M. : BMO est avant tout une société financière, mais nous pouvons aussi agir comme conseillers, comme intégrateurs ou comme « bâtisseurs de ponts », et amener ainsi différents partenaires de différents secteurs de l’économie à travailler ensemble pour proposer des solutions. Le partage des coûts et des risques entre partenaires réduit le risque couru par chaque acteur individuellement.
Quels catalyseurs contribueront à accélérer l’électrification du Canada?
R.F. : C’est difficile d’en nommer un en particulier. Le financement est évidemment primordial, comme Susan l’a mentionné, mais je mettrais la responsabilisation et l’alignement au premier rang. Autrement dit, il faut s’efforcer d’amener les organismes de réglementation et les services publics à prendre conscience du fait qu’ils doivent s’aligner sur le scénario de carboneutralité, et que si le Canada n’agit pas rapidement, il se laissera distancer. C’est vraiment la première des conditions selon moi.
Et les obstacles?
S.M. : Il y a encore des lacunes à combler dans la chaîne de valeur du financement pour faciliter la mise en œuvre de la technologie à grande échelle. Les grandes entreprises canadiennes investissent beaucoup chaque année dans des projets-pilotes, mais comment pouvons-nous les aider à développer plus rapidement ces solutions? Il faut rassembler tous les acteurs de l’écosystème du financement, des gouvernements aux entreprises en passant par les caisses de retraite et les banques. Lorsque nous n’avons pas de solution, nous poursuivons les discussions jusqu’à ce que nous en trouvions une. C’est ce qui me plaît dans notre groupe de travail : l’esprit de collaboration est très poussé. Électrifier le Canada rassemble différents acteurs de l’industrie qui partagent de l’information et proposent une solution majeure au défi de la décarbonisation.
Pouvez-vous décrire le sentiment d’urgence qui entoure l’électrification?
R.F. : Nous avons des cibles de réduction des émissions extrêmement ambitieuses pour 2030. Nous avons sept ans pour agir. Pour une de nos sociétés partenaires, Teck Resources, ce qui arrivera dans sept ans se joue maintenant, dans le cadre du plan d’immobilisations de 10 ans. Il faut planifier dès aujourd’hui. Teck est une des principales sociétés minières canadiennes, et dans le secteur minier, le potentiel d’électrification est énorme, du point de vue tant de l’électrification des opérations minières que de la production des métaux et minéraux nécessaires pour produire de l’énergie renouvelable. Si les camions utilisés sous terre sont électrifiés, on n’a plus besoin de s’inquiéter des émissions et des systèmes de ventilation. Si Teck veut s’électrifier, elle doit savoir d’où provient l’électricité – et elle doit le savoir maintenant. Sous certains aspects, nous sommes à la traîne; c’est pourquoi nous voulons faire front commun pour susciter des actions plus rapides.
Sur quoi faut-il mettre l’accent actuellement?
S.M. : Nous avons de toute urgence besoin d’un plan national en matière de ressources. Nous devons suivre l’exemple d’autres régions du monde et accélérer le processus d’approbation de projets. L’Union européenne et l’Afrique du Sud ont toutes deux accéléré l’attribution des permis de production d’énergie propre. En Australie, la mise en valeur des ressources est planifiée et exécutée au niveau national, ce qui n’est pas le cas au Canada. Nous avons une occasion exceptionnelle de réduire l’intensité carbone de nos matériaux et de nous positionner de façon concurrentielle, mais comme l’a dit Richard, nous devons agir sur-le-champ, car nous n’avons que sept petites années pour atteindre nos cibles intermédiaires de 2030.
Les options de financement sont-elles suffisamment connues?
S.M. : Je pense que les entreprises se tournent encore en priorité vers les gouvernements pour obtenir des fonds, plutôt que vers leur banque. D’abord, parce qu’elles pensent que les gouvernements sont plus disposés à les appuyer dans ces domaines; ensuite, parce que le capital est meilleur marché. Une autre stratégie pourrait consister, pour le gouvernement, à obtenir une partie des fonds et les mettre à la disposition des entreprises par l’intermédiaire des banques. Souvent, ce sont les utilisateurs les plus avertis qui savent comment élaborer une proposition pour le gouvernement, mais il ne faut pas oublier les autres. Nous venons de mener un sondage auprès des petites et moyennes entreprises pour déterminer où les PME se situent par rapport à tous ces enjeux. Au Canada, 98 % des entreprises n’ont pas encore entrepris activement cette transformation économique majeure.
Plusieurs sources d’énergie revendiquent un rôle moteur dans l’électrification, dont les énergies renouvelables, l’hydrogène et l’énergie nucléaire; est-ce une course?
R.F. : Absolument. Les dirigeants de sociétés de services publics se soucient avant tout de pouvoir livrer ces électrons à un coût raisonnable, de façon fiable et en émettant peu de carbone. Avec les changements technologiques, il peut être difficile de prédire quelle source d’énergie remportera la course. Par exemple, sur le plan des coûts, les énergies éolienne et solaire sont devenues beaucoup plus concurrentielles qu’on ne l’aurait pensé. Ce qui ne fait aucun doute, c’est le rôle accru de l’électrification, en raison du « double dividende » qu’elle génère, sous forme de réduction des émissions et d’augmentation de l’efficacité. Les investisseurs devront procéder à une vérification diligente et probablement se protéger contre les risques liés aux différentes technologies. Chacune a son rôle à jouer, car toutes ont leurs forces et leurs faiblesses.
Quel est le prix de l’inaction?
S.M. : Des phénomènes météorologiques de plus en plus violents et imprévisibles, qui exigeront des investissements coûteux en résilience. Et plus nous tolérons leurs impacts en attendant d’investir dans les mesures d’adaptation, plus le prix à payer sera grand, comme le souligne l’Institut climatique du Canada dans son récent rapport sur le sujet. Plus nous retardons les investissements dans la transition vers une économie sobre en carbone, plus les interventions deviendront urgentes, ce qui fera également grimper les coûts.
Le travail avec les Premières Nations revient souvent dans les rapports publiés par le groupe de travail. Cette collaboration est importante pour tous les secteurs, mais je ne suis pas certain que le public sache pourquoi les populations autochtones jouent un rôle capital dans l’électrification. Pouvez-vous nous expliquer en quoi leur participation est si importante?
R.F. : D’après moi, cette collaboration est essentielle parce qu’elle est bonne pour la réconciliation, bonne pour les collectivités autochtones et bonne pour le Canada. Elle fait aussi partie d’une saine pratique des affaires. Les projets d’énergie propre des Premières Nations comptent parmi les plus inspirants que j’aie vus au Canada. Les initiatives des populations autochtones dans ce domaine sont vraiment incroyables.
Électrifier le Canada se veut un moyen de partage de l’information entre secteurs. Quelles sont les priorités de BMO?
S.M. : Notre grande priorité est de faire équipe avec nos clients de tous les secteurs pour les aider à atteindre leur objectif de carboneutralité. Nous mettons notamment à profit le travail de l’Institut pour le climat de BMO pour repérer et évaluer les différentes technologies qui peuvent nous faire progresser vers cet objectif, et savoir où nous devons investir d’ici 2030. Comment, en tant que banque, nous pouvons contribuer à accélérer la pénétration des technologies de décarbonisation à fort impact. Notre objectif est de faciliter l’adoption, l’accélération et la mise en œuvre de solutions prioritaires pour le climat.
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Les changements climatiques ne se résument pas à une crise existentielle; ils offrent aussi l’occasion d’effectuer une transition vers un avenir plus propre et plus durable et vers une économie florissante. Si le Canada veut prendre la tête de la lutte contre les changements climatiques, il devra faire de l’électrification une priorité.
Même s’il existe plusieurs approches pour atteindre l’objectif de carboneutralité du Canada, l’électrification propre est généralement reconnue comme la plus fiable, abordable et efficace.
Électrifier le Canada est un groupe de travail de chefs d’entreprise formé en 2019 pour repérer les obstacles aux progrès et trouver des occasions ciblées d’accélérer l’électrification de pans importants de l’économie.
Pour en savoir plus sur ses travaux et ses progrès au cours de la dernière année, nous nous sommes entretenus avec ses coprésidents, Susan McGeachie, cheffe de l’Institut pour le climat de BMO, et Richard Florizone, PDG de l’Institut international du développement durable (IISD). La discussion, qui a été modifiée par souci de concision, traite aussi du prix de l’inaction et de la façon dont les entreprises, l’État et les institutions financières peuvent collaborer pour éliminer les obstacles à l’atteinte de la carboneutralité.
Le groupe de travail Électrifier le Canada existe depuis un peu plus d’un an. Pouvez-vous nous en dire plus sur ses objectifs?
Richard Florizone : En créant Électrifier le Canada, nous voulions amener les plus grands employeurs et entreprises du Canada à parler d’un enjeu important pour la prospérité du pays. L’idée, à la base, était de dépasser la rumeur et l’incertitude politiques et les points de vue divergents. Nous devons commencer à agir. Quand je vois où nous en sommes aujourd’hui, je me dis que nous n’allons pas dans la bonne direction. Les entreprises canadiennes doivent montrer l’exemple en donnant aux gouvernements et aux organismes de réglementation, entre autres, l’assurance nécessaire pour aller de l’avant.
En tant que coprésidents d’Électrifier le Canada, que pouvez-vous nous dire sur vos travaux de la dernière année?
R.F. : Je suis fier de voir que l’électrification suscite de plus en plus d’intérêt. L’électrification est vraiment la meilleure voie vers la carboneutralité, étant donné le rendement et la rentabilité croissants des ressources renouvelables. L’électrification apporte aussi des avantages sur le plan de l’efficacité; elle est donc doublement profitable. Si le Canada laisse passer le train sans réagir, notre pays s’affaiblira, tant en termes de performance climatique que de croissance économique.
Susan McGeachie : Dans tous les secteurs, la décarbonisation repose sur l’électrification. Que doit-il se passer dans l’industrie? Que doit-il se passer dans les bâtiments? Que doit-il se passer dans les transports? Il existe des catalyseurs communs à ces secteurs. J’ai beaucoup travaillé avec différents acteurs de l’industrie afin de comprendre ces catalyseurs, parce que les banques peuvent contribuer de diverses façons à l’atteinte des résultats finaux.
De votre point de vue de banque, lesquels de ces catalyseurs peuvent avoir le plus l’effet?
S.M. : Du point de vue du financement, on reconnaît que les banques ont un rôle accru à jouer dans la décarbonisation. Nous ne refusons plus un projet simplement parce qu’il n’est pas finançable. Nous nous demandons plutôt ce que nous pouvons faire pour le rendre finançable. Nous devons nous investir à chaque étape du parcours pour soutenir nos clients.
Comment BMO se positionne-t-elle vis-à-vis de l’industrie sur cette question?
S.M. : BMO est avant tout une société financière, mais nous pouvons aussi agir comme conseillers, comme intégrateurs ou comme « bâtisseurs de ponts », et amener ainsi différents partenaires de différents secteurs de l’économie à travailler ensemble pour proposer des solutions. Le partage des coûts et des risques entre partenaires réduit le risque couru par chaque acteur individuellement.
Quels catalyseurs contribueront à accélérer l’électrification du Canada?
R.F. : C’est difficile d’en nommer un en particulier. Le financement est évidemment primordial, comme Susan l’a mentionné, mais je mettrais la responsabilisation et l’alignement au premier rang. Autrement dit, il faut s’efforcer d’amener les organismes de réglementation et les services publics à prendre conscience du fait qu’ils doivent s’aligner sur le scénario de carboneutralité, et que si le Canada n’agit pas rapidement, il se laissera distancer. C’est vraiment la première des conditions selon moi.
Et les obstacles?
S.M. : Il y a encore des lacunes à combler dans la chaîne de valeur du financement pour faciliter la mise en œuvre de la technologie à grande échelle. Les grandes entreprises canadiennes investissent beaucoup chaque année dans des projets-pilotes, mais comment pouvons-nous les aider à développer plus rapidement ces solutions? Il faut rassembler tous les acteurs de l’écosystème du financement, des gouvernements aux entreprises en passant par les caisses de retraite et les banques. Lorsque nous n’avons pas de solution, nous poursuivons les discussions jusqu’à ce que nous en trouvions une. C’est ce qui me plaît dans notre groupe de travail : l’esprit de collaboration est très poussé. Électrifier le Canada rassemble différents acteurs de l’industrie qui partagent de l’information et proposent une solution majeure au défi de la décarbonisation.
Pouvez-vous décrire le sentiment d’urgence qui entoure l’électrification?
R.F. : Nous avons des cibles de réduction des émissions extrêmement ambitieuses pour 2030. Nous avons sept ans pour agir. Pour une de nos sociétés partenaires, Teck Resources, ce qui arrivera dans sept ans se joue maintenant, dans le cadre du plan d’immobilisations de 10 ans. Il faut planifier dès aujourd’hui. Teck est une des principales sociétés minières canadiennes, et dans le secteur minier, le potentiel d’électrification est énorme, du point de vue tant de l’électrification des opérations minières que de la production des métaux et minéraux nécessaires pour produire de l’énergie renouvelable. Si les camions utilisés sous terre sont électrifiés, on n’a plus besoin de s’inquiéter des émissions et des systèmes de ventilation. Si Teck veut s’électrifier, elle doit savoir d’où provient l’électricité – et elle doit le savoir maintenant. Sous certains aspects, nous sommes à la traîne; c’est pourquoi nous voulons faire front commun pour susciter des actions plus rapides.
Sur quoi faut-il mettre l’accent actuellement?
S.M. : Nous avons de toute urgence besoin d’un plan national en matière de ressources. Nous devons suivre l’exemple d’autres régions du monde et accélérer le processus d’approbation de projets. L’Union européenne et l’Afrique du Sud ont toutes deux accéléré l’attribution des permis de production d’énergie propre. En Australie, la mise en valeur des ressources est planifiée et exécutée au niveau national, ce qui n’est pas le cas au Canada. Nous avons une occasion exceptionnelle de réduire l’intensité carbone de nos matériaux et de nous positionner de façon concurrentielle, mais comme l’a dit Richard, nous devons agir sur-le-champ, car nous n’avons que sept petites années pour atteindre nos cibles intermédiaires de 2030.
Les options de financement sont-elles suffisamment connues?
S.M. : Je pense que les entreprises se tournent encore en priorité vers les gouvernements pour obtenir des fonds, plutôt que vers leur banque. D’abord, parce qu’elles pensent que les gouvernements sont plus disposés à les appuyer dans ces domaines; ensuite, parce que le capital est meilleur marché. Une autre stratégie pourrait consister, pour le gouvernement, à obtenir une partie des fonds et les mettre à la disposition des entreprises par l’intermédiaire des banques. Souvent, ce sont les utilisateurs les plus avertis qui savent comment élaborer une proposition pour le gouvernement, mais il ne faut pas oublier les autres. Nous venons de mener un sondage auprès des petites et moyennes entreprises pour déterminer où les PME se situent par rapport à tous ces enjeux. Au Canada, 98 % des entreprises n’ont pas encore entrepris activement cette transformation économique majeure.
Plusieurs sources d’énergie revendiquent un rôle moteur dans l’électrification, dont les énergies renouvelables, l’hydrogène et l’énergie nucléaire; est-ce une course?
R.F. : Absolument. Les dirigeants de sociétés de services publics se soucient avant tout de pouvoir livrer ces électrons à un coût raisonnable, de façon fiable et en émettant peu de carbone. Avec les changements technologiques, il peut être difficile de prédire quelle source d’énergie remportera la course. Par exemple, sur le plan des coûts, les énergies éolienne et solaire sont devenues beaucoup plus concurrentielles qu’on ne l’aurait pensé. Ce qui ne fait aucun doute, c’est le rôle accru de l’électrification, en raison du « double dividende » qu’elle génère, sous forme de réduction des émissions et d’augmentation de l’efficacité. Les investisseurs devront procéder à une vérification diligente et probablement se protéger contre les risques liés aux différentes technologies. Chacune a son rôle à jouer, car toutes ont leurs forces et leurs faiblesses.
Quel est le prix de l’inaction?
S.M. : Des phénomènes météorologiques de plus en plus violents et imprévisibles, qui exigeront des investissements coûteux en résilience. Et plus nous tolérons leurs impacts en attendant d’investir dans les mesures d’adaptation, plus le prix à payer sera grand, comme le souligne l’Institut climatique du Canada dans son récent rapport sur le sujet. Plus nous retardons les investissements dans la transition vers une économie sobre en carbone, plus les interventions deviendront urgentes, ce qui fera également grimper les coûts.
Le travail avec les Premières Nations revient souvent dans les rapports publiés par le groupe de travail. Cette collaboration est importante pour tous les secteurs, mais je ne suis pas certain que le public sache pourquoi les populations autochtones jouent un rôle capital dans l’électrification. Pouvez-vous nous expliquer en quoi leur participation est si importante?
R.F. : D’après moi, cette collaboration est essentielle parce qu’elle est bonne pour la réconciliation, bonne pour les collectivités autochtones et bonne pour le Canada. Elle fait aussi partie d’une saine pratique des affaires. Les projets d’énergie propre des Premières Nations comptent parmi les plus inspirants que j’aie vus au Canada. Les initiatives des populations autochtones dans ce domaine sont vraiment incroyables.
Électrifier le Canada se veut un moyen de partage de l’information entre secteurs. Quelles sont les priorités de BMO?
S.M. : Notre grande priorité est de faire équipe avec nos clients de tous les secteurs pour les aider à atteindre leur objectif de carboneutralité. Nous mettons notamment à profit le travail de l’Institut pour le climat de BMO pour repérer et évaluer les différentes technologies qui peuvent nous faire progresser vers cet objectif, et savoir où nous devons investir d’ici 2030. Comment, en tant que banque, nous pouvons contribuer à accélérer la pénétration des technologies de décarbonisation à fort impact. Notre objectif est de faciliter l’adoption, l’accélération et la mise en œuvre de solutions prioritaires pour le climat.
Conférence
fév. 6, 2025 | Toronto
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Épisode 07 : Mobiliser les marchés des capitaux en faveur d’une finance durable
Épisode 06 : L’investissement responsable – Tendances et pratiques exemplaires canadiennes
Épisode 04 : Divulgation de renseignements relatifs à la durabilité : Utiliser le modèle de SASB
Épisode 03 : Taxonomie verte: le plan d'action pour un financement durable de l'UE
Épisode 02 : Analyser les risques climatiques pour les marchés financiers