L’essor de l’apprentissage virtuel - Entretiens avec les spécialistes
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Une transition vers l’apprentissage virtuel a été amorcée il y a quelques années au sein des écoles et des entreprises. Dans le contexte de la pandémie de COVID-19, la fermeture des écoles et les restrictions liées aux employés présents dans les établissements (employés essentiels seulement) ont compromis l’apprentissage en personne. Les enseignants et les dirigeants d’entreprise doivent maintenant déterminer comment offrir une expérience d’apprentissage virtuel pertinente.
Les participants :
Kelly Richmond Pope, Professeure en comptabilité judiciaire, Université DePaul
Jeff Silber, Analyste, Services aux entreprises, services industriels et education, BMO
Gina Jeneroux, Chef de la formation, Personnel et culture, BMO
Eric Boles, Chef de la direction et fondateur, The Game Changers, Entretiens avec les spécialistes Animateur
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À propos des discussions avec les experts
Joignez-vous à nous dans le cadre d’une série d’événements virtuels, durant lesquels nous aborderons la façon dont 2020 a changé à jamais la façon dont nous vivons et travaillons. Nous ferons une comparaison avec les années précédentes, discuterons de nos apprentissages en 2020 et des perspectives des experts pour 2021. Nous nous pencherons sur sept sujets généraux pour vous aider à planifier l’avenir de votre entreprise et à assurer sa réussite.
La conférence se déroulera en anglais seulement.
Rattrapez les épisodes que vous avez manqués ou rejoignez-nous pour nos futurs épisodes:
Faire le point sur la situation avec vos gens juillet 29, 2020
L’essor de l’apprentissage virtuel auout 12, 2020
La transformation du milieu de travail août 26, 2020
L’évolution du processus démocratique septembre 9, 2020
Le talent repensé septembre 23, 2020
La vie de tous les jours a changé 7 octobre 2020
L’année 2020 façonnera toute une génération 21 octobre 2020
Ce qui suit est un résumé de l’entretien.
L’impact des fermetures d’école sur les éducateurs
Lorsque la pandémie a été déclarée en mars dernier, la transition vers les plateformes d’apprentissage virtuel a clairement indiqué que certaines écoles, certains enseignants et certains élèves étaient mieux préparés que d’autres. L’expérience d’enseignement collégial de Mme Pope a été semblable à celle des enseignants du primaire et du secondaire.
« J’avais l’impression de me précipiter hors d’un avion à 15 000 pieds d’altitude, sans savoir si le parachute allait s’ouvrir, explique Mme Pope. Selon la méthode d’enseignement que vous suiviez, soit vous étiez déjà prêts, soit vous deviez trouver des solutions au cours du week-end. »
Les discussions sur l’éducation et la nouvelle réalité se sont concentrées sur la technologie. Comme l’a souligné M. Silber, si vous étiez entrés dans une classe du primaire ou du secondaire il y a 20 ans, vous auriez trouvé qu’elle ressemble à une classe d’il y a 100 ans.
« Si vous étiez entrés dans une classe du primaire ou du secondaire il y a 20 ans, vous auriez trouvé qu’elle ressemble à une classe d’il y a 100 ans.»—Jeff Silber
Mais, les États‑Unis ont depuis dépensé des milliards de dollars afin de s’assurer que les écoles ont accès à Internet et aux outils technologiques nécessaires pour faire des recherches dynamiques dans certains domaines. L’apprentissage adapté, par exemple, permet de personnaliser l’enseignement. « L’enseignement est beaucoup plus personnalisé et interactif qu’à mon époque », affirme M. Silber.
Cela dit, plusieurs districts scolaires se sont retrouvés face à de nombreux problèmes concernant l’apprentissage virtuel, particulièrement l’accès des étudiants à la technologie nécessaire à l’apprentissage à distance.
« Seulement environ 85 % des ménages américains ont un accès Internet, affirme M. Silber. Et même s’ils ont un accès Internet, ont-ils le matériel informatique pour accéder à Internet? Ce n’est pas le cas de plusieurs ménages. De nombreux districts scolaires qui en avaient les moyens ont fourni des iPads et des ordinateurs portables à leurs étudiants, mais souvent ils n’étaient pas en quantité suffisante et les étudiants devaient se les partager entre eux. »
Les enseignants et les parents ont aussi ressenti l’impact de ce changement. Même les enseignants qui sont à l’aise avec la technologie ont trouvé que l’enseignement en ligne pose de gros défis. Et de nombreux parents ont eu à combler les lacunes.
Concevoir des programmes d’enseignement flexibles
Étant donné que beaucoup de décisions n’ont pas encore été prises, et compte tenu de la nature de la COVID-19 qui rend la situation intrinsèquement instable, tous les panélistes ont convenu que les programmes d’enseignement devront être conçus de manière à offrir plus de flexibilité. Pour Mme Jeneroux, cela signifie que BMO devra revoir tous les cours qu’elle offre à ses employés.
« Cela ressemble aux blocs Lego. On assemble et désassemble des éléments en fonction des besoins de la société et de nos employés; on a une plus grande marge de manœuvre, ajoute-t-elle. On peut recourir aux livres numériques, aux courts-métrages, aux vidéos et aux cours intensifs. Nous devons nous assurer que les programmes sont facilement accessibles, que ce soit par téléphone ou par ordinateur. »
« Cela ressemble aux blocs Lego. On assemble et désassemble des éléments en fonction des besoins de la société et de nos employés; on a une plus grande marge de manœuvre. »—Gina Jeneroux
Pour Mme Pope, la flexibilité permet de se concentrer davantage sur l’engagement individuel des étudiants que sur l’aspect scolaire d’un cours.
Mme Pope commence ses classes avec des séances individuelles avec chaque étudiant. Elle distribue également un sondage pour évaluer les types de technologie auxquels les étudiants ont accès. Depuis le début de la pandémie, elle a ajouté plus de questions, comme « Un membre de ta famille a-t-il contracté la COVID‑19? », afin de mieux comprendre les circonstances de chaque étudiant et de quelle manière elles affectent sa performance académique.
« J’ai besoin de comprendre l’état de santé mentale de l’apprenant pour développer un programme qui s’adapte à sa situation actuelle, peu importe ce qu’elle est, ajoute Mme Pope. Cela fait vibrer nos cordes sensibles d’une tout autre manière. Nous devons nous concentrer sur l’être humain plus que jamais. J’ai l’impression d’être une meilleure professeure depuis que la pandémie a été déclarée, car je dois être plus réfléchie dans la manière dont je communique. »
« J’ai besoin de comprendre l’état de santé mentale de l’apprenant pour développer un programme qui s’adapte à sa situation actuelle, peu importe ce qu’elle est. »
Le facteur humain
Mme Pope a évoqué un aspect parfois négligé lors des discussions sur les technologies et l’enseignement de techniques : l’importance de garder à l’esprit les répercussions de ces problèmes en dehors des classes. Par exemple, comment évaluez-vous la productivité d’un employé qui est aussi un parent, qui travaille à domicile et dont les enfants étudient aussi à partir de la maison?
« Notre première préoccupation a été de nous assurer que les employés obtiennent le soutien dont ils ont besoin, souligne Mme Jeneroux. Nous avons accordé des congés supplémentaires aux employés qui en avaient besoin pour aider leurs enfants à s’organiser et à se concentrer sur leurs études, malgré les incertitudes. »
Mme Jeneroux a aussi souligné l’importance de gérer les objectifs. « C’est moins important quand les employés font leur travail. Si un employé décide de travailler à 22 h pour respecter une échéance, il n’y a pas de problème. Plus que tout, nous devons nous adapter à cet environnement, car il y a encore beaucoup d’incertitudes. Nous devons nous assurer que nous aidons nos employés à bien accomplir leur travail. »
Dans ce climat d’incertitude, Mmes Pope et Jeneroux ont souligné l’importance d’être le plus cohérent possible.
« J’ai rassuré [mes étudiants] que j’enseigne en ligne de la même manière que je le ferais en personne, poursuit Mme Pope. Nous avons maintenant des microphones, je peux donc inviter mes élèves sur Zoom. Je suis accessible, voici mon courriel et mon numéro de téléphone. J’ai dit à mes étudiants que nous formions toujours une classe, seulement dans un format différent. »
« À partir du moment où vous avez défini le format de votre cours, vous ne voulez pas ajouter d’incertitude dans le processus d’apprentissage, poursuit Mme Jeneroux. Il s’agit donc de s’assurer que les apprenants savent à qui et à quoi se fier, et ce dont vous êtes en mesure de leur fournir. Nous prenons du recul par rapport à certaines choses que nous avions dites au début de la pandémie. Nous avons fixé des dates précises auxquelles nous serons prêts à annoncer nos décisions en ce qui concerne les programmes. »
Les prochaines étapes
Alors que le débat fait rage quant à la manière dont se déroulera la rentrée scolaire en automne, Mme Pope a décidé de se préparer à enseigner en ligne. Donc, quand l’Université DePaul a annoncé que la plupart des classes en automne seraient virtuelles, elle était prête.
« Si vous vous êtes préparés à enseigner en ligne, il vous sera plus facile d’enseigner de nouveau en classe; mais l’inverse poserait un défi, affirme-t-elle. J’avais prévu enseigner en ligne, mais je ne suis pas certaine que tout le monde a suivi cette approche. Peu importe le district scolaire, si vous vous attendiez à retourner en classe et que vous apprenez par la suite que vous devrez enseigner en ligne, vous serez de nouveau angoissé. La rentrée en automne risque de poser des défis similaires à ceux auxquels nous avions fait face au printemps, où nous avions parfois eu l’impression de faire l’objet d’un triage d’urgence. Le climat actuel est très angoissant pour les enseignants et les professeurs. »
M. Silber a par la suite souligné les questions qui doivent être examinées afin que les districts scolaires prennent les meilleures décisions possible. « Nous avons besoin de mieux planifier l’accès aux technologies, affirme-t-il. Dans mon district scolaire, notre bibliothèque locale sera ouverte afin de nous assurer que les étudiants qui n’ont pas accès à Internet peuvent s’y rendre pour accéder à Internet. Sur le plan de la formation, de nombreux districts scolaires ont pris l’initiative d’offrir de la formation à leurs enseignants. Et quant aux parents, on n’attend pas de nous que nous enseignions à nos enfants, mais que nous les aidions. Il est essentiel que les parents s’impliquent à tous les niveaux. »
TRANSCRIPT:
Eric Boles :
Bonjour et bienvenue à un nouvel épisode de « La voie de la reprise : Entretiens avec les spécialistes ». Je suis votre hôte, Eric Boles. La pandémie de COVID-19 a bouleversé presque tous les aspects de notre vie, mais l’une des perturbations les plus importantes a été le passage soudain de l’enseignement en classe à un environnement d’enseignement virtuel.
Les systèmes éducatifs qui ont évolué pour intégrer davantage de technologie dans les salles de classe devaient désormais s’appuyer sur celle-ci pour rejoindre les étudiants et assurer leur enseignement. Les parents sont devenus des enseignants et des éducateurs à plein temps, un facteur de stress constant qui a affecté leur capacité à faire leur travail. Mes invités d’aujourd’hui ont été à l’avant-garde de cette évolution. Jeff Silber est directeur général couvrant les secteurs de la maternelle à la cinquième secondaire et de l’enseignement supérieur pour BMO Marchés de capitaux, Kelly Richmond Pope, PhD, CPA et professeure associée à l’Université DePaul, et Gina Jeneroux, chef de la formation à la BMO. Je vous remercie d’être ici avec moi aujourd’hui. Et pour ceux d’entre vous qui nous écoutent sur LinkedIn, nous répondrons à vos questions en direct à la fin de l’émission. Alors faites-nous part de vos questions et commentaires. Nous allons donc nous y mettre tout de suite. Première question : comment l’utilisation de la technologie a-t-elle évolué dans les écoles au cours des 10 à 20 dernières années? Et je vais commencer par vous, Jeff.
Jeff Silber :
Merci Eric, et merci encore de nous recevoir ici aujourd’hui. Donc, il y a 10 ou 20 ans, si vous aviez mis les pieds dans une classe de la maternelle à la cinquième secondaire, elle aurait probablement ressemblé à ce qu’elle était il y a cent ans, où vous aviez un professeur debout ou peut-être assis à l’avant, se levant de temps en temps pour écrire au tableau, des étudiants assis à leur bureau, peut-être de temps en temps en interaction avec le professeur, certainement pas en interaction les uns avec les autres. La technologie était là, mais les écoles ne l’avaient pas et elles ne l’utilisaient pas. Les États-Unis ont mis en place un programme, appelé E-Rate, dans le cadre duquel ils ont dépensé des milliards de dollars pour s’assurer que les écoles ont accès à Internet. Je pense que 99 % des écoles publiques ont maintenant une connexion par fibre optique. Ce qu’on constate, donc, c’est que non seulement le type de connexion a évolué, mais aussi que le matériel et les logiciels se sont améliorés, en grande partie grâce au programme E-Rate. On utilise encore des manuels scolaires, mais on complète par des informations en temps réel. L’histoire est dynamique. Si vous voulez regarder le lancement d’une navette spatiale en direct, vous pouvez le faire avec votre classe, au lieu de lire sur le sujet. En complément de l’apprentissage, nous avions l’habitude d’avoir des fiches détachables dans les cahiers de mathématiques. Une grande partie de cet apprentissage se fait maintenant à l’ordinateur. Vous avez ce qu’on appelle l’apprentissage adaptatif, qui vous permet de vous concentrer sur un domaine particulier. Si un étudiant a des problèmes avec les fractions, il peut continuer à faire des exercices jusqu’à ce qu’il maîtrise la notion. La technologie a donc rendu l’éducation beaucoup plus personnalisée et beaucoup plus interactive. C’est très différent de ce que c’était quand j’étais enfant, c’est certain!
Eric Boles :
Oui, pour moi aussi. Merci pour ces explications, Jeff. Et Kelly, pour vous?
Kelly Richmond Pope :
Je me revois à mes premiers jours d’enseignement, quand j’utilisais le rétroprojecteur – je me croyais alors à la fine pointe de la technologie. On voit donc certainement l’évolution, nous avons maintenant la possibilité d’utiliser Zoom ou Skype, de voir et de parler avec des gens, qui vivent peut-être dans un autre fuseau horaire, dans votre classe. L’évolution a donc rendu la classe beaucoup plus dynamique. Je pense qu’il est intéressant de voir les différentes générations essayer d’utiliser la technologie en classe. Et je pense que ce que Jeff a dit est vraiment important dans le milieu de l’enseignement supérieur. La technologie était là, mais nous ne l’avons pas toujours utilisée. Nous aimons donner des cours magistraux, nous promener dans la salle de classe, poser les mains sur le lutrin. La technologie peut vraiment vous permettre de faire des choses différentes. Elle a donc rendu la salle de classe beaucoup plus dynamique qu’elle ne l’était, même il y a 15 ou 20 ans, lorsque j’ai commencé à enseigner comme étudiante de troisième cycle.
Eric Boles :
En effet, en effet. Avant même de passer à notre prochaine question, nous comprenons que c’est ainsi que l’environnement de l’éducation a été touché, mais avant cela, je tiens à souligner à nouveau que si vous nous écoutez en direct sur LinkedIn, allez-y, posez vos questions, ne vous gênez pas. Nous y répondrons. Donc merci beaucoup pour cette réponse, Kelly. Gina, la prochaine question sera pour vous. Expliquez-nous comment cette évolution a influencé la façon dont les entreprises ont mis au point leurs programmes d’apprentissage.
Gina Jeneroux :
Merci Eric, et je suis ravie d’être ici. À la BMO, nous avons la chance d’avoir un centre de formation d’entreprise appelée Ll’Académie BMO, qui a vu le jour en 1994, il y a donc 26 ans. C’est la preuve tangible de notre investissement dans l’apprentissage, mais nous avons commencé à peu près de la même manière que Jeff et Kelly le disaient, en nous concentrant davantage sur les cours en classe, les cours formels. À peu près 80 % des cours se passaient en classe, 20 % de la formation passait par des documents distribués. Il y a 25 ans, ces documents étaient sur papier, mais aussi, il y avait des apprentissages en ligne, c’était assez rudimentaire. Et au cours des 25 dernières années, nous avons vraiment essayé de nous déplacer pour rencontrer les gens là où ils se trouvaient, devenant beaucoup plus mobiles, offrant des formations auxquelles les gens pouvaient accéder n’importe où, n’importe quand. Maintenant c’est l’inverse, nous donnons environ 20 % dans des classes centralisées, pour les aspects et les notions qui comptent vraiment le plus, là où nous avons vraiment besoin de rassembler les gens pour qu’ils interagissent et collaborent et se connectent, en nous concentrant sur le renforcement des compétences de base. La majeure partie des formations sur la vaste gamme de compétences est assurée par d’autres canaux alors que nous essayons vraiment d’être plus adaptables, comme le disait Jeff, et plus virtuels et numériques, comme le disait Kelly. Je pense donc que certaines des tendances que nous observons du point de vue des entreprises sont très similaires à ce que nous observons dans le domaine de l’éducation au sens large.
Eric Boles :
D’accord, bien compris. Mais vous avez dit un mot, Gina, parce qu’il n’est pas seulement question d’apprentissage virtuel ou d’éducation. Je pense que beaucoup d’entre nous n’ont pas eu le choix de l’être. Et ce mot est « adaptable ». Pour vous, c’est passer de 80 % en classe et 20 % en virtuel, et aujourd’hui, c’est l’inverse. Pour mettre en contexte, il y peut-être beaucoup d’entreprises qui ne sont pas rendues à ce degré, qui ont peut-être la technologie, mais qui ne se sont pas adaptées, qui n’ont pas changé les comportements pour se diriger dans cette direction. Parlez-nous un peu de cette transition difficile, du point de vue humain, et pas seulement du point de vue technologique.
Gina Jeneroux :
C’est une excellente question, Eric. Je pense qu’il s’agit en grande partie de changer notre propre mentalité, de nous sortir des sentiers battus en ce qui a trait à l’apprentissage. Ces dernières années, nous nous sommes vraiment concentrés sur l’élargissement de notre champ d’action en tant qu’équipe. Ainsi, lorsque nous avons intégré de nouvelles personnes dans l’équipe, nous ne nous sommes pas tournés uniquement vers des éducateurs. Nous avons fait appel à des vidéastes, des photographes, des spécialistes des réseaux sociaux, des graphistes, des musiciens, etc. Nous avons donc ce groupe vraiment éclectique de personnes qui remettent en question le statu quo et qui sont capables de nous faire profiter de leurs compétences pour aborder les solutions d’une manière très différente et aussi d’apprendre les uns des autres. Nous pouvons donc mettre en pratique ce que nous prêchons et nous essayons vraiment d’encourager chacun au sein de notre équipe à apprendre de nouvelles choses chaque jour et à se pousser et se mettre au défi les uns les autres. Cela permet de créer des expériences différentes pour nos employés, pour qu’il leur soit plus facile d’apprendre pour leur travail, leur carrière, leurs intérêts et aussi pour l’avenir. Je pense donc qu’il est essentiel de commencer par nos propres perturbations, car cela nous permet de continuer à aller de l’avant et à remettre en question ce que nous sommes en mesure de fournir, afin que ce ne soit pas toujours la même chose. Nous essayons vraiment de créer des expériences de qualité pour les consommateurs au sein de l’entreprise et nous continuons à faire pencher la balance du côté des gens qui veulent apprendre et pas seulement qui doivent apprendre.
Eric Boles :
Merci beaucoup pour ses pensées, Gina. Chaque fois que j’entends dire que des organisations doivent changer, même si le changement est positif, je veux toujours savoir quelle était la mentalité interne qui permet à ceux qui mènent le changement d’être, comme je les appelle, des praticiens inspirés, des gens qui ne font pas qu’en parler, mais qui agissent eux-mêmes, entraînant les autres avec eux. C’est donc formidable d’entendre que c’est ce que la BMO a fait. Question numéro trois, et je vais commencer avec vous, Kelly. En mars, lorsque les écoles ont fermé abruptement, quel a été l’impact sur les éducateurs?
Kelly Richmond Pope :
Eh bien, pour moi, je pense que c’était comme si j’avais sauté d’un avion qui volait à 15 000 pieds d’altitude, sans savoir si le parachute allait s’ouvrir ou non. C’est ce que j’ai ressenti. Un saut dans le vide. Donc, selon la façon dont vous donniez vos classes, ou bien vous étiez préparé, ou bien vous tentiez, pendant le week-end, de trouver comment vous préparer. Heureusement pour moi, j’ai toujours donné mes cours dans un environnement virtuel parce que j’avais de l’expérience, mais c’était effrayant, surtout pour certains de mes professeurs les plus chevronnés qui n’avaient pas adopté la technologie de la même manière que d’autres professeurs. Tenez, aujourd’hui même, nous avons reçu un courriel de notre président et de notre doyen disant qu’en raison de l’augmentation du nombre de cas de coronavirus, la plupart de nos cours se dérouleront en ligne, parce que nous avions la possibilité de choisir entre différentes modalités, et maintenant, la plupart des gens vont en ligne. Donc, si vous pensiez que vous planifiez votre cours pour le donner en classe et que vous découvrez trois semaines avant le début des classes que ce ne sera plus le cas, c’est comme si on était de retour en mars, pour moi, c’était le 13 mars, nous nous retrouvons avec ce même sentiment d’être en chute libre. Donc je pense que si vous avez toujours l’intention d’être virtuel, revenir en classe est plus facile, mais pas l’inverse. J’ai donc commencé à planifier pour les cours en virtuel. Quand j’ai reçu le courriel ce matin, je me suis dit « OK, pas de problème », parce que vous m’y prendrez peut-être une fois, mais pas deux. J’étais donc préparée cette fois-ci, mais je ne suis pas sûre que tout le monde ait pensé comme ça. Si vous avez remarqué les districts scolaires dans tout le pays, si vous vous attendiez à un retour en classe, et que tout à coup, on vous apprend que finalement, non, tout se fera en virtuel, c’est certain que la peur revient. Ce sera donc, disons, intéressant. L’automne pourrait ressembler beaucoup au printemps, ces environnements d’enseignement de type triage d’urgence, mais c’est un monde assez effrayant en ce moment pour les éducateurs.
Eric Boles :
Merci Kelly. Pour ceux qui sont à notre écoute en direct sur LinkedIn, nous aimerions aussi entendre ce que vous avez à dire. Alors, n’hésitez pas à nous faire part de toutes les choses qui vous ont marqué. J’aimerais maintenant vous poser la même question, Jeff. Je veux dire, lorsque nous parlons de la façon dont ces changements ont eu un impact si soudain pour les éducateurs, j’aimerais que vous nous donniez votre point de vue.
Jeff Silber :
Bien sûr, et je vais me concentrer sur le milieu allant de la maternelle à la cinquième secondaire. J’ai bien aimé l’analogie de Kelly, un avion et un saut à 15 000 pieds. Je pense que ce que vous avez trouvé chez beaucoup de professeurs de la maternelle à la cinquième secondaire, c’est qu’ils étaient encore en train de mettre les valises dans le coffre – ils sont encore loin de l’aéroport, si vous me le permettez. Certains districts scolaires étaient manifestement mieux préparés que d’autres, mais pour la plupart, ils essayaient simplement d’atteindre la ligne d’arrivée. Ils voulaient seulement arriver à la fin de l’année scolaire en utilisant tout ce qu’ils avaient, Zoom, Google, YouTube, Khan Academy, etc., se disant on met quelque chose sur le site pour s’assurer qu’on puisse finir l’année scolaire, et puis on s’en occupera plus tard. Les écoles et les districts scolaires ont constaté un certain nombre de problèmes. Tout d’abord, l’accès des étudiants à la technologie. J’ai parlé des écoles qui ont accès à la fibre optique, mais je pense que seulement 85 % des foyers américains ont accès à l’Internet. Et même si vous avez l’accès à l’Internet, avez-vous le matériel nécessaire? Beaucoup de familles n’en ont pas. Beaucoup de districts scolaires ont l’argent nécessaire. Ils fournissaient des ordinateurs portables ou des tablettes aux étudiants, mais bien souvent, il n’y en avait pas assez et les étudiants devaient partager. Donc même si vous avez le matériel, vous ne pouvez pas l’utiliser. La bande passante est un autre problème. Tout le monde était en ligne. Vous étiez en concurrence avec vos frères et sœurs et vos parents qui travaillaient probablement à la maison. Un autre grand problème est probablement l’accès des professeurs à la technologie. Je me souviens avoir vu, au début de la pandémie, une photo d’un groupe d’enseignants dans un stationnement de Walmart, assis ou debout autour de leur voiture, accédant au point d’accès, essayant d’enseigner à leurs classes. C’était donc difficile. Et beaucoup d’enseignants, surtout ceux de la maternelle à la cinquième secondaire, même s’ils sont à l’aise avec la technologie, n’avaient jamais enseigné en ligne. C’était donc une tout autre expérience pour eux. Et enfin, dans votre introduction, vous avez parlé de l’impact sur les parents, c’était crucial. Je vais parler pour moi. Je ne suis pas un éducateur. Je ne peux pas enseigner à mes enfants. C’est pourquoi je les envoie à l’école. Beaucoup de parents devaient vraiment compléter ce que faisaient les enseignants et étaient vraiment mal à l’aise et pas préparés. Il y avait donc beaucoup de problèmes. Je pense que personne ne veut revivre cela.
Eric Boles :
Ce que vous venez de dire là, Jeff, les impacts combinés pour tant de personnes, est si juste. J’ai quelques amis qui sont des éducateurs, et le nombre de notes de remerciement et de souhaits qu’ils ont reçues de parents était incroyable. En effet, les parents doivent maintenant enseigner à leurs propres enfants et se rendent compte à quel point ça peut être difficile. Mais vous avez évoqué une autre chose, à propos de l’accès. J’ai aussi entendu des histoires, vu des vidéos. Ce qui m’a soufflé, c’est le nombre d’étudiants qui traînent dans un Apple store ou dans tout endroit disposant du WiFi. Ils faisaient la même chose avant pour avoir accès à Internet, mais à cause de la pandémie, les gens ne pouvaient plus se rassembler, ce qui rendait l’expérience d’apprentissage très, très difficile. Gina, qu’en est-il pour vous, du point de vue de l’entreprise et de la façon dont vous avez tous traversé ce processus pour la BMO?
Gina Jeneroux :
Je vois des parallèles, des thèmes très semblables, je crois. Mais comme entreprise, notre priorité absolue était la santé et la sécurité de nos clients et de nos employés. Nous avons donc concentré tous nos efforts là en premier. Et nous sommes passés, le 13 mars, d’environ 5 000 personnes qui travaillaient généralement à domicile à plus de 30 000. Environ un tiers de notre personnel a donc continué à être en contact direct avec les clients, soit dans nos succursales, soit dans les centres d’appel, pour s’assurer que nous soutenions nos clients pendant une période vraiment incertaine. Pour les personnes qui ont fini par travailler à domicile, beaucoup sont passés très rapidement en mode télétravail, certains peut-être pour la première fois. Nous avons donc essayé de mettre la technologie au service des gens et de les familiariser le plus rapidement possible pour qu’ils puissent travailler efficacement à la maison tout en gérant diverses situations familiales, en devenant l’éducateur de leurs enfants et ainsi de suite. Nous avons vraiment fait tout notre possible pour faire ça de la façon la plus humaine, la moins perturbante possible. Et en ce qui concerne l’apprentissage, nous avions en fait investi dans une plate-forme mobile il y a quelques années, et cela nous a permis de soutenir nos employés et de leur donner les moyens d’apprendre tout ce qu’ils voulaient quand ils en avaient besoin pour leur travail, pour leur carrière, pour l’avenir et aussi par intérêt. Ainsi, lorsque nous avons fermé l’Académie et mis fin aux formations en classe durant cette période, nous avons commencé à publier de plus en plus de contenus en ligne et à orienter les gens vers certaines formations offertes de manière virtuelle et numérique.
Nous tenions d’abord et avant tout à nous assurer de la résilience et du bien-être de nos gens, à les aider gens à surmonter les difficultés et les incertitudes de la vie au début de la pandémie. Nous nous sommes assurés que les gens avaient des contenus, la technologie, les outils qu’ils devaient utiliser à distance ou dont ils avaient besoin pour le télétravail, pour apprendre comment utiliser MS Teams efficacement, etc. Et nous nous sommes concentrés sur la création d’un leadership virtuel, car je pense que nous comptons plus que jamais sur les dirigeants pour mobiliser leurs gens, que ces derniers soient au bureau, à la maison ou n’importe où ailleurs. Je pense que cela jette une lumière très différente sur les leaders, sur la façon dont ils se présentent, la façon dont ils communiquent, la façon dont ils collaborent pour vraiment aider les gens à se sentir membres d’une équipe en période d’incertitude. Je pense donc que l’accent mis sur l’apprentissage était en partie très similaire à ce que Kelly et Jeff ont dit, mais nous avons placé nos gens au centré de l’équation, ciblant la santé, la sécurité et le soutien.
Eric Boles :
Gina, il y a quelque chose qui me trotte dans la tête, c’est que nous avons donné beaucoup de responsabilités aux dirigeants durant cette période de changement, mais vous venez de dire quelque chose qui m’a vraiment frappé, c’est-à-dire apprendre à diriger virtuellement, pas juste diriger, mais devoir diriger virtuellement, surtout quand on gravite naturellement vers les gens, toutes ces sortes de dynamiques. C’est en soi une compétence qui est nouvelle, je pense, pour beaucoup de gens qui ne l’ont pas déjà fait. Merci de cette perspective. Avant d’en arriver à la quatrième question, encore une fois, si vous nous écoutez en direct sur LinkedIn, n’hésitez pas à nous envoyer vos questions ou commentaires. Nous y reviendrons, mais la question numéro quatre nous amène à parler de ce que j’aime appeler notre nouvelle réalité. Cette nouvelle réalité, ce sentiment que nous allons revenir à la façon dont les choses étaient auparavant, ou encore, je peux simplement patienter pendant cette période que nous traversons, et puis après, les choses redeviendront « comme avant ». Je pense que c’est un état d’esprit dangereux. La question numéro quatre est donc la suivante : maintenant que nous avons surmonté le choc initial et qu’une nouvelle année scolaire commence, comment faudra-t-il élaborer les programmes pour cet automne et au-delà? Je veux commencer par vous, Jeff.
Jeff Silber :
Oui, bien sûr, super. Je pense que la plupart des districts scolaires, une fois la ligne d’arrivée franchie, ont passé les derniers mois à évaluer ce qui s’est passé et à essayer de planifier le mieux possible l’automne à venir. L’aspect le plus important, c’est de repenser les programmes d’études pour les rendre plus souples. Comme Kelly l’a mentionné, beaucoup d’écoles sont encore en train de décider ce qu’elles prévoient de faire pour l’automne, décisions qui se prennent encore aujourd’hui, et ça pourrait probablement même aller à la semaine prochaine pour certains. Vous pourriez commencer en classe et peu après, prions que non, il y a une éclosion et vous devez envoyer tous les enfants en quarantaine à la maison pendant quelques semaines. Puis ils réintègrent l’école. Vous devez être souple. Je sais que ce n’est pas si facile, mais il faut que vous soyez le plus souple possible. C’est probablement la chose la plus importante à laquelle travaillent les districts scolaires en ce moment. Ensuite, comme je l’ai déjà dit à propos de l’accès à la technologie, je pense que nous devons mieux planifier. J’ai vu… Je sais que dans mon district, notre bibliothèque locale ouvre ses portes, ce qui permet aux étudiants qui n’ont pas accès à l’Internet, qui n’ont pas de bande passante, ces étudiants peuvent venir à la bibliothèque, il y en a qui s’installent dans la bibliothèque, d’autres encore restent à l’extérieur dans le stationnement, mais on s’assure qu’ils peuvent se connecter. Je pense donc que c’est important et je pense que nous avons eu le temps de planifier un peu mieux, donc cela devrait se faire un peu plus facilement. Pour ce qui est de la formation des enseignants, comme je l’ai déjà mentionné, nous avons vu beaucoup de districts former les enseignants de manière proactive, en trouvant des personnes qui ont de l’expérience non seulement dans le secteur de la maternelle à la cinquième secondaire, mais même des personnes comme Kelly dans le secteur de l’enseignement supérieur, qui enseignent à ces enseignants comment enseigner en ligne. Je pense donc que les enseignants eux-mêmes seront, j’espère, mieux préparés. Et enfin, mais surtout, les parents. Encore une fois, on n’attend pas de nous que nous soyons enseignants, mais on attend de nous que nous aidions, et il est absolument essentiel que les parents s’intéressent activement à ce qui se passe, qu’ils sachent ce qui se passe, qu’ils sachent aussi ce qu’on attend d’eux pour s’assurer que les enfants reçoivent la meilleure éducation possible.
Eric Boles :
Super, Jeff, super. Encore une fois, merci pour ceux qui nous regardent en direct. Et je veux juste vous rappeler, n’oubliez pas, vous pouvez poser des questions. J’y reviendrai dans un instant, mais lorsque vous avez parlé de souplesse, comment concevez-vous cette souplesse? Kelly, je vais commencer par vous.
Kelly Richmond Pope :
Eh bien, je pense, pour ajouter un peu à ce que Jeff a dit, lorsqu’on pense à la conception de programmes et d’outils de formation, c’est vraiment, dans ma classe du moins, je me concentre un peu moins sur la discipline et beaucoup plus sur l’aspect motivation pour les devoirs, parce que si vous n’êtes pas engagé, pas intéressé, pas motivé, vous n’apprenez pas. Donc je pense qu’avant, en classe, je pouvais me dire : d’accord, est-ce qu’ils vont comprendre ces concepts de comptabilité, parce qu’ils vont éventuellement se présenter à l’examen de CPA? Je me concentre vraiment maintenant sur un programme d’études qui les amène à participer, qui les mobilise parce que c’est la mobilisation qui permet de retenir des choses. Donc je pense que lorsque vous vous concentrez sur l’engagement, vous commencez tout naturellement à vous concentrer sur la souplesse. Si une personne n’a pas accès à l’Internet ou si sa connexion est lente, le recours à de la vidéo peut représenter tout un défi pour certains. Je pense donc que lorsque l’on réfléchit à la façon dont nous évoluons, nous en apprenons beaucoup plus sur notre classe, sur nos étudiants.
Je vous donne un exemple. Je commence ma classe en faisant un tête-à-tête avec chacun de mes étudiants. Je fais un petit sondage, pour obtenir des renseignements : Avez-vous un ordinateur portatif? Avez-vous une tablette? Avez-vous seulement un téléphone? Avez-vous le WiFi à la maison? Ce sont des questions que je ne poserais probablement jamais, habituellement. Je demande même si quelqu’un dans leur famille a souffert de la COVID. Je dois savoir à quoi ils sont confrontés. J’ai besoin de comprendre l’état d’esprit de l’étudiant pour pouvoir élaborer un programme d’études qui s’articule en quelque sorte autour de sa situation actuelle. Je pense donc qu’en tant qu’éducateur, cela nous touche d’une manière différente, parce qu’avant, nous pouvions nous concentrer sur la discipline, sur le contenu, mais maintenant, nous devons nous concentrer sur l’être humain autrement. Quand je pense aux progrès que j’ai réalisés, j’ai l’impression d’être une bien meilleure éducatrice maintenant, malgré – ou grâce à – la pandémie, parce que je dois désormais être plus réfléchie, mieux penser à ma façon de communiquer, non seulement avec mes étudiants, mais aussi en ligne, je dois penser à ma présence en ligne pour ma classe.
Eric Boles :
Oh, Kelly, merci beaucoup. Ce que j’aime dans ce que vous venez de dire, c’est que nous avons assurément adopté une façon de penser inclusive, l’un et l’autre plutôt que l’un ou l’autre, la tête et le cœur, et non plus seulement la tête. Merci pour cela. La dernière partie de cette question sera pour Gina, et ensuite, nous allons passer aux questions de notre auditoire. Gina, vous répondez à la même question. Comment avez-vous conçu cette souplesse?
Gina Jeneroux :
Je suis d’accord avec une grande partie de ce que Kelly a dit, à savoir qu’il s’agit vraiment de voir la personne dans son ensemble et de la capacité à soutenir les gens là où ils sont et dans ce qu’ils vivent. En ce qui concerne le contenu de l’apprentissage, je pense au quoi et au comment. Je pense donc que nous avons de plus en plus d’éléments, c’est presque comme des blocs Lego. Et nous créons de très petites quantités de ces éléments, qui peuvent être assemblés et réassemblés de différentes façons pour répondre aux besoins de l’entreprise et de nos employés. Ainsi nous pouvons être beaucoup plus agiles et rapides dans notre façon de réagir. On parle de livres électroniques, de courts métrages d’animation, de vidéos, de cours intensifs, de micro-formations et de nano-apprentissages, etc. On doit s’assurer aussi que les éléments soient adaptés au mobile, qu’on puisse les voir sur un téléphone, et pas seulement sur un ordinateur. On doit vraiment être super adaptable. Mais en ce qui concerne la façon dont nous concevons les choses, j’ai parlé un peu du changement de composition, mais nous avons aussi constitué des équipes de plus en plus agiles, qui rassemblent des secteurs d’activité des employés, qui deviennent nos partenaires de conception, et ensemble nous testons, expérimentons, apprenons. Ce n’est pas comme si vous pouviez vous permettre de mettre six mois avant de lancer officiellement en grand un programme. En réalité, nous testons continuellement divers éléments pour pouvoir les mettre plus rapidement entre les mains des gens quand ils en ont besoin, pour qu’ils reçoivent rapidement un soutien et puissent faire leur travail. Ils peuvent répondre aux besoins des clients, se sentir bien soutenus et être en mesure d’obtenir les résultats dont ils ont besoin. Je pense donc que nous avons vraiment tout changé dans notre façon de penser à l’apprentissage et au soutien de l’entreprise et de nos clients.
Eric Boles :
Gina, vous venez de me faire penser à quelque chose. Une citation d’un homme du nom d’Eric Hoffer, qui remonte à plusieurs années maintenant. Et sa citation disait simplement : « En ces temps de changement, les apprenants héritent de la Terre, alors que les instruits se retrouvent merveilleusement bien équipés pour affronter un monde qui n’existe plus. » J’ai l’impression que nous sommes dans cette situation, mais ce qui me touche vraiment, c’est de voir, de vous trois en particulier, qui produisez du contenu, qui enseignez, mais qui êtes aussi tellement intéressés par le processus d’apprentissage, j’adore. Comme si votre apprentissage se faisait en même temps que vous enseignez et que vous progressez, et cela aide vraiment. J’y vois un cycle, une roue - apprentissage, pratique, enseignement, apprentissage, pratique, enseignement et ainsi de suite – une roue qui tourne toujours. C’est tout à fait ça. Maintenant, j’aimerais vous poser quelques-unes des questions que nous avons reçues, et j’en vois une ici. Notre première question vient de Samantha, qui demande : « Que peuvent faire les entreprises pour remplacer l’intégration et l’orientation en personne des nouveaux employés qui commencent peut-être dans un cadre virtuel? » Gina, je vais vous poser cette question. J’espère qu’elle était assez claire.
Gina Jeneroux :
Merci, Eric, et merci, Samantha. C’est une excellente question. Et l’une des choses les plus importantes dans l’intégration d’une personne, qu’elle soit nouvelle dans l’entreprise, qu’elle occupe un nouveau poste ou qu’elle revienne d’un congé, c’est de s’assurer qu’elle se sent liée à l’équipe, à l’entreprise, au travail qu’elle accomplit. Cet aspect « culture d’entreprise » est donc en fait l’un des plus importants. À bien des égards, cela commence donc avec le leader. Alors que nous nous tournons vers une intégration plus virtuelle, nous nous sommes en fait concentrés sur l’aide à apporter aux dirigeants pour qu’ils connaissent et mettent en œuvre des pratiques exemplaires, leur fournissant des conseils, des outils, pour qu’ils puissent savoir comment mettre les gens au courant de la technologie dont ils ont besoin, parce qu’une grande partie du travail se fait maintenant à distance et grâce à la technologie. Les dirigeants doivent avoir des pratiques et des idées cohérentes sur la façon d’interagir, de communiquer régulièrement avec les personnes qui font partie de leur équipe pour réellement aider ces nouveaux employés à assimiler les pratiques et à interagir avec l’équipe élargie. C’est ainsi qu’ils auront le sentiment de faire partie de quelque chose de plus grand, qu’ils soient en télétravail ou qu’ils travaillent dans un bureau pratiquant des mesures de distanciation physique. Nous avons donc vraiment commencé par la tête, avec les dirigeants. Nous avons également commencé à faire rapidement l’inventaire de ce que nous avons déjà en main, pour voir ce qui pouvait être rapidement réutilisé, ce que nous devons adapter au nouveau contexte, où nous devrions intégrer de nouveaux éléments virtuels. Dans certains cas, il s’agit donc d’être très agile et très humain, et de donner aux dirigeants les moyens de faire ce qu’il faut pour mobiliser les gens, puis de commencer à mettre à profit ces ressources et ces expériences supplémentaires pour aider les gens à se sentir comme un membre à part entière de l’entreprise, participant à notre objectif, à notre vision, et à faire ce qu’il faut pour nos clients.
Eric Boles :
Merci beaucoup, Gina. Encore une fois, nous sommes ravis de vous entendre, vous qui nous écoutez en ce moment. Dites-nous ce que vous en pensez. Il y a eu quelques autres questions, et je pense que celle-ci touche probablement beaucoup d’entre nous, c’est-à-dire qu’il y a encore beaucoup de questions sur le moment où les gens pourront réellement réintégrer leur lieu de travail. Alors, si ça se produit, quand ça se produira, comment enseignerez-vous malgré les incertitudes? Vraiment, comment pouvez-vous enseigner dans cette situation? Je vais commencer par Kelly et Gina, parce qu’elles travaillent en fait avec des étudiants et des employés. Alors Kelly, vous d’abord.
Kelly Richmond Pope :
Une des choses que j’ai faites, c’est d’adopter un point de vue au départ. Nous allons être virtuels. Bon. Nous allons faire des classes virtuelles pendant dix semaines, ou cinq semaines ou je ne sais pas. Et j’ai vraiment essayé de ne pas soulever de l’incertitude, d’oublier le fait que la situation peut évoluer et qu’on n’est sûr de rien. J’ai vraiment essayé de ne pas soulever ce genre d’incertitude pour que les étudiants puissent sentir qu’ils ont le temps, qu’ils peuvent adapter ou se rallier autour d’un thème commun. « Nous allons être en ligne pendant 10 semaines et voilà ce à quoi ça ressembler. » Je pense que parfois on peut semer la peur, que le changement peut faire peur, parce que personne n’aime vraiment changer. C’est donc une des choses que j’ai trouvé très utile d’enseigner pendant la pandémie, c’est simplement de dire « Voilà comment ça va être ». J’ai également rassuré mes étudiants en leur disant que c’était exactement le même cours que je proposerais si on se trouvait en classe. Nous avons des conférenciers. Maintenant, ils peuvent simplement se connecter avec Zoom. Je suis accessible, voici mon courriel, voici mon numéro de téléphone. Je suis disponible le week-end ou pas. Je leur faisais savoir comment ils pouvaient me joindre. Je voulais leur assurer que c’était la même classe, juste un format différent, mais le même contenu et la même accessibilité. Ce que je veux dire, c’est que je suis une grande partisane de l’apprentissage dit « synchrone » – en direct – parce que je pense qu’ainsi on est en contact avec les gens et on peut les encourager au besoin durant le processus d’apprentissage, au lieu de toujours le faire de manière dite « asynchrone » – en différé. C’était donc une de mes stratégies : m’assurer que les étudiants savaient que « c’est comme ça que ça va être pour les dix prochaines semaines, alors préparez-vous, et nous ne changerons pas ». J’apprécie donc vraiment le leadership de DePaul, qui a pris une décision au début, avant le début des cours, pour que les gens puissent se faire une idée, s’adapter, contrairement à ce que vous avez dit, Eric, lorsque certaines écoles peuvent avoir des étudiants sur le campus, et qu’ensuite nous devons renvoyer tout le monde à la maison. Cela crée un sentiment de panique. J’apprécie donc le fait que nous ayons pris l’initiative de dire : « Nous allons faire de cette façon », ce qui nous permet de planifier, parce que c’est difficile à planifier. C’est difficile de planifier quand on ne sait pas, quand on est dans le noir.
Eric Boles :
Oui, belles observations Kelly. Je crois qu’il est difficile d’être à la fois confiant et confus… Donc ce degré…
Kelly Richmond Pope :
Absolument.
Eric Boles :
… de précision, de certitude, que vous que vous êtes capable d’établir fait toute une différence. Merci pour ça, Kelly. Et pour vous, Gina?
Gina Jeneroux :
Je pense que ça se rapproche beaucoup. Alors que nos chefs d’entreprise prenaient des décisions sur ce qui devait se passer dans l’entreprise pour faire face à la pandémie, du point de vue de l’apprentissage, de la formation, nous avions vraiment besoin d’être en mesure de soutenir ces décisions. Donc, quelle que soit l’orientation que prenait l’entreprise et, quelle que soit l’orientation que devaient prendre nos employés, nous devions réagir et soutenir cette démarche. Et comme le disait Kelly, une fois que vous avez pris une décision, une fois que vous avez tracé un parcours, vous ne voulez pas ajouter que le processus d’apprentissage vienne ajouter une couche d’incertitude. Il faut donc de s’assurer que les gens savent sur quoi ils peuvent compter et ce que vous êtes en mesure de leur fournir. Donc, dès le début, nous avons dit, pour certaines choses : « Nous mettons ceci sur pause. Pour d’autres choses, nous allons vous donner des dates précises ou des indications claires quant au moment où des décisions clés seraient prises concernant les programmes ». Et en ce qui concerne la prestation proprement dite, comme le disait Kelly, certaines choses fonctionnent très bien dans un environnement en direct et sont très appropriées pour la salle de classe, mais comme la salle de classe n’est pas disponible, nous avons dû prendre rapidement des décisions pour nous adapter, pour créer des offres virtuelles afin de pouvoir en créer juste assez, juste à temps pour que les gens puissent acquérir les compétences dont ils avaient besoin pour faire leur travail. Et puis d’un autre côté, il y avait certaines choses que nous voulions depuis longtemps transformer en prestations virtuelles. Je pense que c’est le PDG de Microsoft qui a expliqué comment certaines choses qui, en temps ordinaire, auraient pris des années à se produire ont été transformées en quelques semaines à peine dans le domaine de la technologie. Et je pense que cela nous a donné l’ouverture nécessaire pour pouvoir nous adapter rapidement et créer de véritables solutions virtuelles et nous concentrer sur des choses qui ne se feront peut-être plus jamais en salle de classe, qui ne devraient pas. Nous avons donc été en mesure d’être beaucoup plus réfléchis sur le chemin à suivre et sur les types d’expériences que nous pouvons créer pour que les gens puissent en profiter là où ils sont, et aussi les articuler autour des besoins de l’entreprise axés sur les clients.
Eric Boles :
Oui, c’est exactement ça, il ne s’agit pas seulement de trouver une occasion face à une difficulté, mais j’aime votre point de vue, la façon dont vous vous dites comment non seulement survivre à ce changement, mais aussi comment transformer ce défi en victoire, ce qui est une tout autre question quand on cherche des solutions. Nous avons une question qui vient d’arriver, et c’est une dernière question et je veux m’assurer d’y répondre. Notre prochaine question nous vient d’OB et sa question est la suivante : « Comment une organisation comme la BMO gère-t-elle l’évaluation des performances de ses employés compte tenu des exigences imposées aux parents pour être éducateurs, ou comment la BMO identifie-t-elle et évalue-t-elle un employé ayant des enfants en bas âge et sa productivité réduite en raison de ces contraintes? » Wow, excellente question, et vous pouvez répondre Gina. Vous pouvez aussi répondre Jeff et Kelly, même si c’est dans un contexte différent. J’aimerais entendre ce que vous en pensez, et c’est ainsi que nous conclurons.
Gina Jeneroux :
C’est une excellente question. Notre premier objectif était de nous assurer que les gens avaient tout le soutien dont ils avaient besoin. Nous avons donc accordé des jours de congé supplémentaires aux personnes qui en avaient besoin pour leur permettre de s’assurer que leurs enfants avaient tout ce dont ils avaient besoin pour se concentrer sur leurs études, ou pour leur permettre de s’occuper de parents âgés, ou peu importe, en ces temps d’incertitude. Je pense également, grâce aux réunions d’équipe virtuelles et à tout notre travail, que nous avons constaté un réel changement dans la façon de voir le côté humain des gens. On voit donc des enfants pendant les réunions vidéo, des animaux domestiques qui traversent les bureaux devant l’écran, et c’est normal. Je pense que cela nous aide à voir les gens comme des êtres humains et à les voir vraiment dans leur environnement domestique, et c’est fantastique. Je pense qu’à mesure que nous progressions, alors que nous nous concentrions sur le leadership virtuel, nous avons dû gérer deux objectifs. Il n’est donc pas aussi important de savoir exactement quand les gens font le travail qu’ils doivent faire. Nous devons leur fournir le soutien nécessaire pour qu’ils puissent gérer leur famille et leur situation personnelle, et si le meilleur moment pour eux de travailler pour respecter un délai est à 22 h lorsque la famille dort, c’est OK. Si vous gérez en fonction de résultats, plutôt qu’en fonction de présence, je pense que cela offre beaucoup plus de possibilités pour les gens de trouver leur rythme et de trouver des solutions qui fonctionnent pour eux, avec leur famille et leur propre situation personnelle. Mais surtout, nous devons continuer à être souples dans un tel contexte parce qu’il y a encore beaucoup d’incertitude. Nous devons nous assurer de donner aux gens tous les outils dont ils ont besoin pour réussir et pour répondre aux besoins de nos clients qui vivent eux aussi le même genre d’incertitude.
Eric Boles :
Merci, Gina. Parce le temps commence à nous presser, ce que je veux faire, vous pouvez soit répondre à la question, soit résumer un peu la situation, si vous préférez. Jeff, avez-vous une pensée que vous voulez partager avec notre auditoire? Vous aussi Kelly. Puis je vais clore le balado. À vous, Jeff.
Jeff Silber :
Oui, nous parlions de la façon de composer avec l’incertitude. Je parlais avec un administrateur de district la semaine dernière et il m’a dit, en gros : « Vous pouvez être optimistes, mais vous devez vous préparer au pire ». Pour ma part, je suis optimiste que le printemps dernier a été le pire et j’espère les choses ne feront que s’améliorer à mesure que nous avançons et que nous faisons tout ce que nous pouvons pour nous en sortir.
Eric Boles :
Merci. Et Kelly?
Kelly Richmond Pope :
Je pensais à la question que vous venez de poser à Gina à propos du processus d’évaluation et je suis optimiste. Je ne connais vraiment pas la réponse à cette question parce que je me demande, si on vous laisse un peu de jeu, parce votre chien, votre chat ou le bébé en pleurs partage votre bande passante, mais au moment de l’évaluation, c’est comme si on oubliait ça et on vous demandait, et alors, vous avez fait ce qu’on vous a demandé? Avez-vous trouvé comment gérer le chien, le chat, le bébé? Avez-vous trouvé comment gérer ça parce que vous devrez encore faire des vidéoconférences? Je ne sais pas. Il serait intéressant de voir où nous en sommes. Je regarde les évaluations de mes cours faites par mes étudiants. Quand je pense à la façon dont j’ai été évaluée, les étudiants disaient toujours : « J’ai aimé le cours, mais j’aurais préféré que ce soit en classe ». Je n’ai aucun contrôle sur l’éventualité d’une pandémie. Cela m’a donc fait penser que nous avons encore un certain niveau… peut-être que nous ne sommes pas tous réalistes quant à la façon dont nous évaluons où nous vivons et comment nous vivons. J’espère donc que les gens sont capables de tenir compte de nos circonstances dans leur évaluation lorsque les employeurs sont évalués ou lorsque les professeurs sont évalués, et même lorsque les étudiants sont évalués, parce qu’ils ont maintenant plus d’exigences. Alors je ne sais pas. Peut-être que lors de notre prochain appel, nous en parlerons.
Eric Boles :
Je tiens à vous remercier. Tout d’abord, merci à tous ceux et celles qui nous regardent en ce moment, qui ont regardé cet épisode de « La voie de la reprise ». Je suis vraiment, vraiment reconnaissant envers nos spécialistes ici présents pour avoir été aussi francs, vulnérables et ouverts avec nous tous. J’aime l’état d’esprit de cette transition, qui nous pousse à être souples, à privilégier dans certains cas la productivité plutôt que la présence, ce qui signifie qu’il faut se préoccuper davantage du résultat que de la façon dont nous l’obtenons, car tout ça doit changer en cette période. Et je dois dire que nous avons reçu beaucoup de bonnes questions, mais en raison du temps, nous n’avons pas pu toutes les aborder. Je vous invite donc à visiter bmo.com/entretiensaveclesspécialistes, je répète bmo.com/entretiensaveclesspécialistes, vous y trouverez d’autres renseignements très intéressants. Nous vous en serons très reconnaissants. Une fois de plus, merci. J’ai été ravi d’être votre hôte et d’avoir pu m’entretenir avec ces spécialistes, qui nous ont si généreusement donné leurs perspectives et qui nous ont permis d’en apprendre autant aujourd’hui. Cela étant dit, j’espère que vous serez des nôtres encore une fois pour le prochain épisode.
Jeff Silber :
Merci.
L’essor de l’apprentissage virtuel - Entretiens avec les spécialistes
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Une transition vers l’apprentissage virtuel a été amorcée il y a quelques années au sein des écoles et des entreprises. Dans le contexte de la pandémie de COVID-19, la fermeture des écoles et les restrictions liées aux employés présents dans les établissements (employés essentiels seulement) ont compromis l’apprentissage en personne. Les enseignants et les dirigeants d’entreprise doivent maintenant déterminer comment offrir une expérience d’apprentissage virtuel pertinente.
Les participants :
Kelly Richmond Pope, Professeure en comptabilité judiciaire, Université DePaul
Jeff Silber, Analyste, Services aux entreprises, services industriels et education, BMO
Gina Jeneroux, Chef de la formation, Personnel et culture, BMO
Eric Boles, Chef de la direction et fondateur, The Game Changers, Entretiens avec les spécialistes Animateur
Écoutez la discussion en rediffusion.
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À propos des discussions avec les experts
Joignez-vous à nous dans le cadre d’une série d’événements virtuels, durant lesquels nous aborderons la façon dont 2020 a changé à jamais la façon dont nous vivons et travaillons. Nous ferons une comparaison avec les années précédentes, discuterons de nos apprentissages en 2020 et des perspectives des experts pour 2021. Nous nous pencherons sur sept sujets généraux pour vous aider à planifier l’avenir de votre entreprise et à assurer sa réussite.
La conférence se déroulera en anglais seulement.
Rattrapez les épisodes que vous avez manqués ou rejoignez-nous pour nos futurs épisodes:
Faire le point sur la situation avec vos gens juillet 29, 2020
L’essor de l’apprentissage virtuel auout 12, 2020
La transformation du milieu de travail août 26, 2020
L’évolution du processus démocratique septembre 9, 2020
Le talent repensé septembre 23, 2020
La vie de tous les jours a changé 7 octobre 2020
L’année 2020 façonnera toute une génération 21 octobre 2020
Ce qui suit est un résumé de l’entretien.
L’impact des fermetures d’école sur les éducateurs
Lorsque la pandémie a été déclarée en mars dernier, la transition vers les plateformes d’apprentissage virtuel a clairement indiqué que certaines écoles, certains enseignants et certains élèves étaient mieux préparés que d’autres. L’expérience d’enseignement collégial de Mme Pope a été semblable à celle des enseignants du primaire et du secondaire.
« J’avais l’impression de me précipiter hors d’un avion à 15 000 pieds d’altitude, sans savoir si le parachute allait s’ouvrir, explique Mme Pope. Selon la méthode d’enseignement que vous suiviez, soit vous étiez déjà prêts, soit vous deviez trouver des solutions au cours du week-end. »
Les discussions sur l’éducation et la nouvelle réalité se sont concentrées sur la technologie. Comme l’a souligné M. Silber, si vous étiez entrés dans une classe du primaire ou du secondaire il y a 20 ans, vous auriez trouvé qu’elle ressemble à une classe d’il y a 100 ans.
« Si vous étiez entrés dans une classe du primaire ou du secondaire il y a 20 ans, vous auriez trouvé qu’elle ressemble à une classe d’il y a 100 ans.»—Jeff Silber
Mais, les États‑Unis ont depuis dépensé des milliards de dollars afin de s’assurer que les écoles ont accès à Internet et aux outils technologiques nécessaires pour faire des recherches dynamiques dans certains domaines. L’apprentissage adapté, par exemple, permet de personnaliser l’enseignement. « L’enseignement est beaucoup plus personnalisé et interactif qu’à mon époque », affirme M. Silber.
Cela dit, plusieurs districts scolaires se sont retrouvés face à de nombreux problèmes concernant l’apprentissage virtuel, particulièrement l’accès des étudiants à la technologie nécessaire à l’apprentissage à distance.
« Seulement environ 85 % des ménages américains ont un accès Internet, affirme M. Silber. Et même s’ils ont un accès Internet, ont-ils le matériel informatique pour accéder à Internet? Ce n’est pas le cas de plusieurs ménages. De nombreux districts scolaires qui en avaient les moyens ont fourni des iPads et des ordinateurs portables à leurs étudiants, mais souvent ils n’étaient pas en quantité suffisante et les étudiants devaient se les partager entre eux. »
Les enseignants et les parents ont aussi ressenti l’impact de ce changement. Même les enseignants qui sont à l’aise avec la technologie ont trouvé que l’enseignement en ligne pose de gros défis. Et de nombreux parents ont eu à combler les lacunes.
Concevoir des programmes d’enseignement flexibles
Étant donné que beaucoup de décisions n’ont pas encore été prises, et compte tenu de la nature de la COVID-19 qui rend la situation intrinsèquement instable, tous les panélistes ont convenu que les programmes d’enseignement devront être conçus de manière à offrir plus de flexibilité. Pour Mme Jeneroux, cela signifie que BMO devra revoir tous les cours qu’elle offre à ses employés.
« Cela ressemble aux blocs Lego. On assemble et désassemble des éléments en fonction des besoins de la société et de nos employés; on a une plus grande marge de manœuvre, ajoute-t-elle. On peut recourir aux livres numériques, aux courts-métrages, aux vidéos et aux cours intensifs. Nous devons nous assurer que les programmes sont facilement accessibles, que ce soit par téléphone ou par ordinateur. »
« Cela ressemble aux blocs Lego. On assemble et désassemble des éléments en fonction des besoins de la société et de nos employés; on a une plus grande marge de manœuvre. »—Gina Jeneroux
Pour Mme Pope, la flexibilité permet de se concentrer davantage sur l’engagement individuel des étudiants que sur l’aspect scolaire d’un cours.
Mme Pope commence ses classes avec des séances individuelles avec chaque étudiant. Elle distribue également un sondage pour évaluer les types de technologie auxquels les étudiants ont accès. Depuis le début de la pandémie, elle a ajouté plus de questions, comme « Un membre de ta famille a-t-il contracté la COVID‑19? », afin de mieux comprendre les circonstances de chaque étudiant et de quelle manière elles affectent sa performance académique.
« J’ai besoin de comprendre l’état de santé mentale de l’apprenant pour développer un programme qui s’adapte à sa situation actuelle, peu importe ce qu’elle est, ajoute Mme Pope. Cela fait vibrer nos cordes sensibles d’une tout autre manière. Nous devons nous concentrer sur l’être humain plus que jamais. J’ai l’impression d’être une meilleure professeure depuis que la pandémie a été déclarée, car je dois être plus réfléchie dans la manière dont je communique. »
« J’ai besoin de comprendre l’état de santé mentale de l’apprenant pour développer un programme qui s’adapte à sa situation actuelle, peu importe ce qu’elle est. »
Le facteur humain
Mme Pope a évoqué un aspect parfois négligé lors des discussions sur les technologies et l’enseignement de techniques : l’importance de garder à l’esprit les répercussions de ces problèmes en dehors des classes. Par exemple, comment évaluez-vous la productivité d’un employé qui est aussi un parent, qui travaille à domicile et dont les enfants étudient aussi à partir de la maison?
« Notre première préoccupation a été de nous assurer que les employés obtiennent le soutien dont ils ont besoin, souligne Mme Jeneroux. Nous avons accordé des congés supplémentaires aux employés qui en avaient besoin pour aider leurs enfants à s’organiser et à se concentrer sur leurs études, malgré les incertitudes. »
Mme Jeneroux a aussi souligné l’importance de gérer les objectifs. « C’est moins important quand les employés font leur travail. Si un employé décide de travailler à 22 h pour respecter une échéance, il n’y a pas de problème. Plus que tout, nous devons nous adapter à cet environnement, car il y a encore beaucoup d’incertitudes. Nous devons nous assurer que nous aidons nos employés à bien accomplir leur travail. »
Dans ce climat d’incertitude, Mmes Pope et Jeneroux ont souligné l’importance d’être le plus cohérent possible.
« J’ai rassuré [mes étudiants] que j’enseigne en ligne de la même manière que je le ferais en personne, poursuit Mme Pope. Nous avons maintenant des microphones, je peux donc inviter mes élèves sur Zoom. Je suis accessible, voici mon courriel et mon numéro de téléphone. J’ai dit à mes étudiants que nous formions toujours une classe, seulement dans un format différent. »
« À partir du moment où vous avez défini le format de votre cours, vous ne voulez pas ajouter d’incertitude dans le processus d’apprentissage, poursuit Mme Jeneroux. Il s’agit donc de s’assurer que les apprenants savent à qui et à quoi se fier, et ce dont vous êtes en mesure de leur fournir. Nous prenons du recul par rapport à certaines choses que nous avions dites au début de la pandémie. Nous avons fixé des dates précises auxquelles nous serons prêts à annoncer nos décisions en ce qui concerne les programmes. »
Les prochaines étapes
Alors que le débat fait rage quant à la manière dont se déroulera la rentrée scolaire en automne, Mme Pope a décidé de se préparer à enseigner en ligne. Donc, quand l’Université DePaul a annoncé que la plupart des classes en automne seraient virtuelles, elle était prête.
« Si vous vous êtes préparés à enseigner en ligne, il vous sera plus facile d’enseigner de nouveau en classe; mais l’inverse poserait un défi, affirme-t-elle. J’avais prévu enseigner en ligne, mais je ne suis pas certaine que tout le monde a suivi cette approche. Peu importe le district scolaire, si vous vous attendiez à retourner en classe et que vous apprenez par la suite que vous devrez enseigner en ligne, vous serez de nouveau angoissé. La rentrée en automne risque de poser des défis similaires à ceux auxquels nous avions fait face au printemps, où nous avions parfois eu l’impression de faire l’objet d’un triage d’urgence. Le climat actuel est très angoissant pour les enseignants et les professeurs. »
M. Silber a par la suite souligné les questions qui doivent être examinées afin que les districts scolaires prennent les meilleures décisions possible. « Nous avons besoin de mieux planifier l’accès aux technologies, affirme-t-il. Dans mon district scolaire, notre bibliothèque locale sera ouverte afin de nous assurer que les étudiants qui n’ont pas accès à Internet peuvent s’y rendre pour accéder à Internet. Sur le plan de la formation, de nombreux districts scolaires ont pris l’initiative d’offrir de la formation à leurs enseignants. Et quant aux parents, on n’attend pas de nous que nous enseignions à nos enfants, mais que nous les aidions. Il est essentiel que les parents s’impliquent à tous les niveaux. »
TRANSCRIPT:
Eric Boles :
Bonjour et bienvenue à un nouvel épisode de « La voie de la reprise : Entretiens avec les spécialistes ». Je suis votre hôte, Eric Boles. La pandémie de COVID-19 a bouleversé presque tous les aspects de notre vie, mais l’une des perturbations les plus importantes a été le passage soudain de l’enseignement en classe à un environnement d’enseignement virtuel.
Les systèmes éducatifs qui ont évolué pour intégrer davantage de technologie dans les salles de classe devaient désormais s’appuyer sur celle-ci pour rejoindre les étudiants et assurer leur enseignement. Les parents sont devenus des enseignants et des éducateurs à plein temps, un facteur de stress constant qui a affecté leur capacité à faire leur travail. Mes invités d’aujourd’hui ont été à l’avant-garde de cette évolution. Jeff Silber est directeur général couvrant les secteurs de la maternelle à la cinquième secondaire et de l’enseignement supérieur pour BMO Marchés de capitaux, Kelly Richmond Pope, PhD, CPA et professeure associée à l’Université DePaul, et Gina Jeneroux, chef de la formation à la BMO. Je vous remercie d’être ici avec moi aujourd’hui. Et pour ceux d’entre vous qui nous écoutent sur LinkedIn, nous répondrons à vos questions en direct à la fin de l’émission. Alors faites-nous part de vos questions et commentaires. Nous allons donc nous y mettre tout de suite. Première question : comment l’utilisation de la technologie a-t-elle évolué dans les écoles au cours des 10 à 20 dernières années? Et je vais commencer par vous, Jeff.
Jeff Silber :
Merci Eric, et merci encore de nous recevoir ici aujourd’hui. Donc, il y a 10 ou 20 ans, si vous aviez mis les pieds dans une classe de la maternelle à la cinquième secondaire, elle aurait probablement ressemblé à ce qu’elle était il y a cent ans, où vous aviez un professeur debout ou peut-être assis à l’avant, se levant de temps en temps pour écrire au tableau, des étudiants assis à leur bureau, peut-être de temps en temps en interaction avec le professeur, certainement pas en interaction les uns avec les autres. La technologie était là, mais les écoles ne l’avaient pas et elles ne l’utilisaient pas. Les États-Unis ont mis en place un programme, appelé E-Rate, dans le cadre duquel ils ont dépensé des milliards de dollars pour s’assurer que les écoles ont accès à Internet. Je pense que 99 % des écoles publiques ont maintenant une connexion par fibre optique. Ce qu’on constate, donc, c’est que non seulement le type de connexion a évolué, mais aussi que le matériel et les logiciels se sont améliorés, en grande partie grâce au programme E-Rate. On utilise encore des manuels scolaires, mais on complète par des informations en temps réel. L’histoire est dynamique. Si vous voulez regarder le lancement d’une navette spatiale en direct, vous pouvez le faire avec votre classe, au lieu de lire sur le sujet. En complément de l’apprentissage, nous avions l’habitude d’avoir des fiches détachables dans les cahiers de mathématiques. Une grande partie de cet apprentissage se fait maintenant à l’ordinateur. Vous avez ce qu’on appelle l’apprentissage adaptatif, qui vous permet de vous concentrer sur un domaine particulier. Si un étudiant a des problèmes avec les fractions, il peut continuer à faire des exercices jusqu’à ce qu’il maîtrise la notion. La technologie a donc rendu l’éducation beaucoup plus personnalisée et beaucoup plus interactive. C’est très différent de ce que c’était quand j’étais enfant, c’est certain!
Eric Boles :
Oui, pour moi aussi. Merci pour ces explications, Jeff. Et Kelly, pour vous?
Kelly Richmond Pope :
Je me revois à mes premiers jours d’enseignement, quand j’utilisais le rétroprojecteur – je me croyais alors à la fine pointe de la technologie. On voit donc certainement l’évolution, nous avons maintenant la possibilité d’utiliser Zoom ou Skype, de voir et de parler avec des gens, qui vivent peut-être dans un autre fuseau horaire, dans votre classe. L’évolution a donc rendu la classe beaucoup plus dynamique. Je pense qu’il est intéressant de voir les différentes générations essayer d’utiliser la technologie en classe. Et je pense que ce que Jeff a dit est vraiment important dans le milieu de l’enseignement supérieur. La technologie était là, mais nous ne l’avons pas toujours utilisée. Nous aimons donner des cours magistraux, nous promener dans la salle de classe, poser les mains sur le lutrin. La technologie peut vraiment vous permettre de faire des choses différentes. Elle a donc rendu la salle de classe beaucoup plus dynamique qu’elle ne l’était, même il y a 15 ou 20 ans, lorsque j’ai commencé à enseigner comme étudiante de troisième cycle.
Eric Boles :
En effet, en effet. Avant même de passer à notre prochaine question, nous comprenons que c’est ainsi que l’environnement de l’éducation a été touché, mais avant cela, je tiens à souligner à nouveau que si vous nous écoutez en direct sur LinkedIn, allez-y, posez vos questions, ne vous gênez pas. Nous y répondrons. Donc merci beaucoup pour cette réponse, Kelly. Gina, la prochaine question sera pour vous. Expliquez-nous comment cette évolution a influencé la façon dont les entreprises ont mis au point leurs programmes d’apprentissage.
Gina Jeneroux :
Merci Eric, et je suis ravie d’être ici. À la BMO, nous avons la chance d’avoir un centre de formation d’entreprise appelée Ll’Académie BMO, qui a vu le jour en 1994, il y a donc 26 ans. C’est la preuve tangible de notre investissement dans l’apprentissage, mais nous avons commencé à peu près de la même manière que Jeff et Kelly le disaient, en nous concentrant davantage sur les cours en classe, les cours formels. À peu près 80 % des cours se passaient en classe, 20 % de la formation passait par des documents distribués. Il y a 25 ans, ces documents étaient sur papier, mais aussi, il y avait des apprentissages en ligne, c’était assez rudimentaire. Et au cours des 25 dernières années, nous avons vraiment essayé de nous déplacer pour rencontrer les gens là où ils se trouvaient, devenant beaucoup plus mobiles, offrant des formations auxquelles les gens pouvaient accéder n’importe où, n’importe quand. Maintenant c’est l’inverse, nous donnons environ 20 % dans des classes centralisées, pour les aspects et les notions qui comptent vraiment le plus, là où nous avons vraiment besoin de rassembler les gens pour qu’ils interagissent et collaborent et se connectent, en nous concentrant sur le renforcement des compétences de base. La majeure partie des formations sur la vaste gamme de compétences est assurée par d’autres canaux alors que nous essayons vraiment d’être plus adaptables, comme le disait Jeff, et plus virtuels et numériques, comme le disait Kelly. Je pense donc que certaines des tendances que nous observons du point de vue des entreprises sont très similaires à ce que nous observons dans le domaine de l’éducation au sens large.
Eric Boles :
D’accord, bien compris. Mais vous avez dit un mot, Gina, parce qu’il n’est pas seulement question d’apprentissage virtuel ou d’éducation. Je pense que beaucoup d’entre nous n’ont pas eu le choix de l’être. Et ce mot est « adaptable ». Pour vous, c’est passer de 80 % en classe et 20 % en virtuel, et aujourd’hui, c’est l’inverse. Pour mettre en contexte, il y peut-être beaucoup d’entreprises qui ne sont pas rendues à ce degré, qui ont peut-être la technologie, mais qui ne se sont pas adaptées, qui n’ont pas changé les comportements pour se diriger dans cette direction. Parlez-nous un peu de cette transition difficile, du point de vue humain, et pas seulement du point de vue technologique.
Gina Jeneroux :
C’est une excellente question, Eric. Je pense qu’il s’agit en grande partie de changer notre propre mentalité, de nous sortir des sentiers battus en ce qui a trait à l’apprentissage. Ces dernières années, nous nous sommes vraiment concentrés sur l’élargissement de notre champ d’action en tant qu’équipe. Ainsi, lorsque nous avons intégré de nouvelles personnes dans l’équipe, nous ne nous sommes pas tournés uniquement vers des éducateurs. Nous avons fait appel à des vidéastes, des photographes, des spécialistes des réseaux sociaux, des graphistes, des musiciens, etc. Nous avons donc ce groupe vraiment éclectique de personnes qui remettent en question le statu quo et qui sont capables de nous faire profiter de leurs compétences pour aborder les solutions d’une manière très différente et aussi d’apprendre les uns des autres. Nous pouvons donc mettre en pratique ce que nous prêchons et nous essayons vraiment d’encourager chacun au sein de notre équipe à apprendre de nouvelles choses chaque jour et à se pousser et se mettre au défi les uns les autres. Cela permet de créer des expériences différentes pour nos employés, pour qu’il leur soit plus facile d’apprendre pour leur travail, leur carrière, leurs intérêts et aussi pour l’avenir. Je pense donc qu’il est essentiel de commencer par nos propres perturbations, car cela nous permet de continuer à aller de l’avant et à remettre en question ce que nous sommes en mesure de fournir, afin que ce ne soit pas toujours la même chose. Nous essayons vraiment de créer des expériences de qualité pour les consommateurs au sein de l’entreprise et nous continuons à faire pencher la balance du côté des gens qui veulent apprendre et pas seulement qui doivent apprendre.
Eric Boles :
Merci beaucoup pour ses pensées, Gina. Chaque fois que j’entends dire que des organisations doivent changer, même si le changement est positif, je veux toujours savoir quelle était la mentalité interne qui permet à ceux qui mènent le changement d’être, comme je les appelle, des praticiens inspirés, des gens qui ne font pas qu’en parler, mais qui agissent eux-mêmes, entraînant les autres avec eux. C’est donc formidable d’entendre que c’est ce que la BMO a fait. Question numéro trois, et je vais commencer avec vous, Kelly. En mars, lorsque les écoles ont fermé abruptement, quel a été l’impact sur les éducateurs?
Kelly Richmond Pope :
Eh bien, pour moi, je pense que c’était comme si j’avais sauté d’un avion qui volait à 15 000 pieds d’altitude, sans savoir si le parachute allait s’ouvrir ou non. C’est ce que j’ai ressenti. Un saut dans le vide. Donc, selon la façon dont vous donniez vos classes, ou bien vous étiez préparé, ou bien vous tentiez, pendant le week-end, de trouver comment vous préparer. Heureusement pour moi, j’ai toujours donné mes cours dans un environnement virtuel parce que j’avais de l’expérience, mais c’était effrayant, surtout pour certains de mes professeurs les plus chevronnés qui n’avaient pas adopté la technologie de la même manière que d’autres professeurs. Tenez, aujourd’hui même, nous avons reçu un courriel de notre président et de notre doyen disant qu’en raison de l’augmentation du nombre de cas de coronavirus, la plupart de nos cours se dérouleront en ligne, parce que nous avions la possibilité de choisir entre différentes modalités, et maintenant, la plupart des gens vont en ligne. Donc, si vous pensiez que vous planifiez votre cours pour le donner en classe et que vous découvrez trois semaines avant le début des classes que ce ne sera plus le cas, c’est comme si on était de retour en mars, pour moi, c’était le 13 mars, nous nous retrouvons avec ce même sentiment d’être en chute libre. Donc je pense que si vous avez toujours l’intention d’être virtuel, revenir en classe est plus facile, mais pas l’inverse. J’ai donc commencé à planifier pour les cours en virtuel. Quand j’ai reçu le courriel ce matin, je me suis dit « OK, pas de problème », parce que vous m’y prendrez peut-être une fois, mais pas deux. J’étais donc préparée cette fois-ci, mais je ne suis pas sûre que tout le monde ait pensé comme ça. Si vous avez remarqué les districts scolaires dans tout le pays, si vous vous attendiez à un retour en classe, et que tout à coup, on vous apprend que finalement, non, tout se fera en virtuel, c’est certain que la peur revient. Ce sera donc, disons, intéressant. L’automne pourrait ressembler beaucoup au printemps, ces environnements d’enseignement de type triage d’urgence, mais c’est un monde assez effrayant en ce moment pour les éducateurs.
Eric Boles :
Merci Kelly. Pour ceux qui sont à notre écoute en direct sur LinkedIn, nous aimerions aussi entendre ce que vous avez à dire. Alors, n’hésitez pas à nous faire part de toutes les choses qui vous ont marqué. J’aimerais maintenant vous poser la même question, Jeff. Je veux dire, lorsque nous parlons de la façon dont ces changements ont eu un impact si soudain pour les éducateurs, j’aimerais que vous nous donniez votre point de vue.
Jeff Silber :
Bien sûr, et je vais me concentrer sur le milieu allant de la maternelle à la cinquième secondaire. J’ai bien aimé l’analogie de Kelly, un avion et un saut à 15 000 pieds. Je pense que ce que vous avez trouvé chez beaucoup de professeurs de la maternelle à la cinquième secondaire, c’est qu’ils étaient encore en train de mettre les valises dans le coffre – ils sont encore loin de l’aéroport, si vous me le permettez. Certains districts scolaires étaient manifestement mieux préparés que d’autres, mais pour la plupart, ils essayaient simplement d’atteindre la ligne d’arrivée. Ils voulaient seulement arriver à la fin de l’année scolaire en utilisant tout ce qu’ils avaient, Zoom, Google, YouTube, Khan Academy, etc., se disant on met quelque chose sur le site pour s’assurer qu’on puisse finir l’année scolaire, et puis on s’en occupera plus tard. Les écoles et les districts scolaires ont constaté un certain nombre de problèmes. Tout d’abord, l’accès des étudiants à la technologie. J’ai parlé des écoles qui ont accès à la fibre optique, mais je pense que seulement 85 % des foyers américains ont accès à l’Internet. Et même si vous avez l’accès à l’Internet, avez-vous le matériel nécessaire? Beaucoup de familles n’en ont pas. Beaucoup de districts scolaires ont l’argent nécessaire. Ils fournissaient des ordinateurs portables ou des tablettes aux étudiants, mais bien souvent, il n’y en avait pas assez et les étudiants devaient partager. Donc même si vous avez le matériel, vous ne pouvez pas l’utiliser. La bande passante est un autre problème. Tout le monde était en ligne. Vous étiez en concurrence avec vos frères et sœurs et vos parents qui travaillaient probablement à la maison. Un autre grand problème est probablement l’accès des professeurs à la technologie. Je me souviens avoir vu, au début de la pandémie, une photo d’un groupe d’enseignants dans un stationnement de Walmart, assis ou debout autour de leur voiture, accédant au point d’accès, essayant d’enseigner à leurs classes. C’était donc difficile. Et beaucoup d’enseignants, surtout ceux de la maternelle à la cinquième secondaire, même s’ils sont à l’aise avec la technologie, n’avaient jamais enseigné en ligne. C’était donc une tout autre expérience pour eux. Et enfin, dans votre introduction, vous avez parlé de l’impact sur les parents, c’était crucial. Je vais parler pour moi. Je ne suis pas un éducateur. Je ne peux pas enseigner à mes enfants. C’est pourquoi je les envoie à l’école. Beaucoup de parents devaient vraiment compléter ce que faisaient les enseignants et étaient vraiment mal à l’aise et pas préparés. Il y avait donc beaucoup de problèmes. Je pense que personne ne veut revivre cela.
Eric Boles :
Ce que vous venez de dire là, Jeff, les impacts combinés pour tant de personnes, est si juste. J’ai quelques amis qui sont des éducateurs, et le nombre de notes de remerciement et de souhaits qu’ils ont reçues de parents était incroyable. En effet, les parents doivent maintenant enseigner à leurs propres enfants et se rendent compte à quel point ça peut être difficile. Mais vous avez évoqué une autre chose, à propos de l’accès. J’ai aussi entendu des histoires, vu des vidéos. Ce qui m’a soufflé, c’est le nombre d’étudiants qui traînent dans un Apple store ou dans tout endroit disposant du WiFi. Ils faisaient la même chose avant pour avoir accès à Internet, mais à cause de la pandémie, les gens ne pouvaient plus se rassembler, ce qui rendait l’expérience d’apprentissage très, très difficile. Gina, qu’en est-il pour vous, du point de vue de l’entreprise et de la façon dont vous avez tous traversé ce processus pour la BMO?
Gina Jeneroux :
Je vois des parallèles, des thèmes très semblables, je crois. Mais comme entreprise, notre priorité absolue était la santé et la sécurité de nos clients et de nos employés. Nous avons donc concentré tous nos efforts là en premier. Et nous sommes passés, le 13 mars, d’environ 5 000 personnes qui travaillaient généralement à domicile à plus de 30 000. Environ un tiers de notre personnel a donc continué à être en contact direct avec les clients, soit dans nos succursales, soit dans les centres d’appel, pour s’assurer que nous soutenions nos clients pendant une période vraiment incertaine. Pour les personnes qui ont fini par travailler à domicile, beaucoup sont passés très rapidement en mode télétravail, certains peut-être pour la première fois. Nous avons donc essayé de mettre la technologie au service des gens et de les familiariser le plus rapidement possible pour qu’ils puissent travailler efficacement à la maison tout en gérant diverses situations familiales, en devenant l’éducateur de leurs enfants et ainsi de suite. Nous avons vraiment fait tout notre possible pour faire ça de la façon la plus humaine, la moins perturbante possible. Et en ce qui concerne l’apprentissage, nous avions en fait investi dans une plate-forme mobile il y a quelques années, et cela nous a permis de soutenir nos employés et de leur donner les moyens d’apprendre tout ce qu’ils voulaient quand ils en avaient besoin pour leur travail, pour leur carrière, pour l’avenir et aussi par intérêt. Ainsi, lorsque nous avons fermé l’Académie et mis fin aux formations en classe durant cette période, nous avons commencé à publier de plus en plus de contenus en ligne et à orienter les gens vers certaines formations offertes de manière virtuelle et numérique.
Nous tenions d’abord et avant tout à nous assurer de la résilience et du bien-être de nos gens, à les aider gens à surmonter les difficultés et les incertitudes de la vie au début de la pandémie. Nous nous sommes assurés que les gens avaient des contenus, la technologie, les outils qu’ils devaient utiliser à distance ou dont ils avaient besoin pour le télétravail, pour apprendre comment utiliser MS Teams efficacement, etc. Et nous nous sommes concentrés sur la création d’un leadership virtuel, car je pense que nous comptons plus que jamais sur les dirigeants pour mobiliser leurs gens, que ces derniers soient au bureau, à la maison ou n’importe où ailleurs. Je pense que cela jette une lumière très différente sur les leaders, sur la façon dont ils se présentent, la façon dont ils communiquent, la façon dont ils collaborent pour vraiment aider les gens à se sentir membres d’une équipe en période d’incertitude. Je pense donc que l’accent mis sur l’apprentissage était en partie très similaire à ce que Kelly et Jeff ont dit, mais nous avons placé nos gens au centré de l’équation, ciblant la santé, la sécurité et le soutien.
Eric Boles :
Gina, il y a quelque chose qui me trotte dans la tête, c’est que nous avons donné beaucoup de responsabilités aux dirigeants durant cette période de changement, mais vous venez de dire quelque chose qui m’a vraiment frappé, c’est-à-dire apprendre à diriger virtuellement, pas juste diriger, mais devoir diriger virtuellement, surtout quand on gravite naturellement vers les gens, toutes ces sortes de dynamiques. C’est en soi une compétence qui est nouvelle, je pense, pour beaucoup de gens qui ne l’ont pas déjà fait. Merci de cette perspective. Avant d’en arriver à la quatrième question, encore une fois, si vous nous écoutez en direct sur LinkedIn, n’hésitez pas à nous envoyer vos questions ou commentaires. Nous y reviendrons, mais la question numéro quatre nous amène à parler de ce que j’aime appeler notre nouvelle réalité. Cette nouvelle réalité, ce sentiment que nous allons revenir à la façon dont les choses étaient auparavant, ou encore, je peux simplement patienter pendant cette période que nous traversons, et puis après, les choses redeviendront « comme avant ». Je pense que c’est un état d’esprit dangereux. La question numéro quatre est donc la suivante : maintenant que nous avons surmonté le choc initial et qu’une nouvelle année scolaire commence, comment faudra-t-il élaborer les programmes pour cet automne et au-delà? Je veux commencer par vous, Jeff.
Jeff Silber :
Oui, bien sûr, super. Je pense que la plupart des districts scolaires, une fois la ligne d’arrivée franchie, ont passé les derniers mois à évaluer ce qui s’est passé et à essayer de planifier le mieux possible l’automne à venir. L’aspect le plus important, c’est de repenser les programmes d’études pour les rendre plus souples. Comme Kelly l’a mentionné, beaucoup d’écoles sont encore en train de décider ce qu’elles prévoient de faire pour l’automne, décisions qui se prennent encore aujourd’hui, et ça pourrait probablement même aller à la semaine prochaine pour certains. Vous pourriez commencer en classe et peu après, prions que non, il y a une éclosion et vous devez envoyer tous les enfants en quarantaine à la maison pendant quelques semaines. Puis ils réintègrent l’école. Vous devez être souple. Je sais que ce n’est pas si facile, mais il faut que vous soyez le plus souple possible. C’est probablement la chose la plus importante à laquelle travaillent les districts scolaires en ce moment. Ensuite, comme je l’ai déjà dit à propos de l’accès à la technologie, je pense que nous devons mieux planifier. J’ai vu… Je sais que dans mon district, notre bibliothèque locale ouvre ses portes, ce qui permet aux étudiants qui n’ont pas accès à l’Internet, qui n’ont pas de bande passante, ces étudiants peuvent venir à la bibliothèque, il y en a qui s’installent dans la bibliothèque, d’autres encore restent à l’extérieur dans le stationnement, mais on s’assure qu’ils peuvent se connecter. Je pense donc que c’est important et je pense que nous avons eu le temps de planifier un peu mieux, donc cela devrait se faire un peu plus facilement. Pour ce qui est de la formation des enseignants, comme je l’ai déjà mentionné, nous avons vu beaucoup de districts former les enseignants de manière proactive, en trouvant des personnes qui ont de l’expérience non seulement dans le secteur de la maternelle à la cinquième secondaire, mais même des personnes comme Kelly dans le secteur de l’enseignement supérieur, qui enseignent à ces enseignants comment enseigner en ligne. Je pense donc que les enseignants eux-mêmes seront, j’espère, mieux préparés. Et enfin, mais surtout, les parents. Encore une fois, on n’attend pas de nous que nous soyons enseignants, mais on attend de nous que nous aidions, et il est absolument essentiel que les parents s’intéressent activement à ce qui se passe, qu’ils sachent ce qui se passe, qu’ils sachent aussi ce qu’on attend d’eux pour s’assurer que les enfants reçoivent la meilleure éducation possible.
Eric Boles :
Super, Jeff, super. Encore une fois, merci pour ceux qui nous regardent en direct. Et je veux juste vous rappeler, n’oubliez pas, vous pouvez poser des questions. J’y reviendrai dans un instant, mais lorsque vous avez parlé de souplesse, comment concevez-vous cette souplesse? Kelly, je vais commencer par vous.
Kelly Richmond Pope :
Eh bien, je pense, pour ajouter un peu à ce que Jeff a dit, lorsqu’on pense à la conception de programmes et d’outils de formation, c’est vraiment, dans ma classe du moins, je me concentre un peu moins sur la discipline et beaucoup plus sur l’aspect motivation pour les devoirs, parce que si vous n’êtes pas engagé, pas intéressé, pas motivé, vous n’apprenez pas. Donc je pense qu’avant, en classe, je pouvais me dire : d’accord, est-ce qu’ils vont comprendre ces concepts de comptabilité, parce qu’ils vont éventuellement se présenter à l’examen de CPA? Je me concentre vraiment maintenant sur un programme d’études qui les amène à participer, qui les mobilise parce que c’est la mobilisation qui permet de retenir des choses. Donc je pense que lorsque vous vous concentrez sur l’engagement, vous commencez tout naturellement à vous concentrer sur la souplesse. Si une personne n’a pas accès à l’Internet ou si sa connexion est lente, le recours à de la vidéo peut représenter tout un défi pour certains. Je pense donc que lorsque l’on réfléchit à la façon dont nous évoluons, nous en apprenons beaucoup plus sur notre classe, sur nos étudiants.
Je vous donne un exemple. Je commence ma classe en faisant un tête-à-tête avec chacun de mes étudiants. Je fais un petit sondage, pour obtenir des renseignements : Avez-vous un ordinateur portatif? Avez-vous une tablette? Avez-vous seulement un téléphone? Avez-vous le WiFi à la maison? Ce sont des questions que je ne poserais probablement jamais, habituellement. Je demande même si quelqu’un dans leur famille a souffert de la COVID. Je dois savoir à quoi ils sont confrontés. J’ai besoin de comprendre l’état d’esprit de l’étudiant pour pouvoir élaborer un programme d’études qui s’articule en quelque sorte autour de sa situation actuelle. Je pense donc qu’en tant qu’éducateur, cela nous touche d’une manière différente, parce qu’avant, nous pouvions nous concentrer sur la discipline, sur le contenu, mais maintenant, nous devons nous concentrer sur l’être humain autrement. Quand je pense aux progrès que j’ai réalisés, j’ai l’impression d’être une bien meilleure éducatrice maintenant, malgré – ou grâce à – la pandémie, parce que je dois désormais être plus réfléchie, mieux penser à ma façon de communiquer, non seulement avec mes étudiants, mais aussi en ligne, je dois penser à ma présence en ligne pour ma classe.
Eric Boles :
Oh, Kelly, merci beaucoup. Ce que j’aime dans ce que vous venez de dire, c’est que nous avons assurément adopté une façon de penser inclusive, l’un et l’autre plutôt que l’un ou l’autre, la tête et le cœur, et non plus seulement la tête. Merci pour cela. La dernière partie de cette question sera pour Gina, et ensuite, nous allons passer aux questions de notre auditoire. Gina, vous répondez à la même question. Comment avez-vous conçu cette souplesse?
Gina Jeneroux :
Je suis d’accord avec une grande partie de ce que Kelly a dit, à savoir qu’il s’agit vraiment de voir la personne dans son ensemble et de la capacité à soutenir les gens là où ils sont et dans ce qu’ils vivent. En ce qui concerne le contenu de l’apprentissage, je pense au quoi et au comment. Je pense donc que nous avons de plus en plus d’éléments, c’est presque comme des blocs Lego. Et nous créons de très petites quantités de ces éléments, qui peuvent être assemblés et réassemblés de différentes façons pour répondre aux besoins de l’entreprise et de nos employés. Ainsi nous pouvons être beaucoup plus agiles et rapides dans notre façon de réagir. On parle de livres électroniques, de courts métrages d’animation, de vidéos, de cours intensifs, de micro-formations et de nano-apprentissages, etc. On doit s’assurer aussi que les éléments soient adaptés au mobile, qu’on puisse les voir sur un téléphone, et pas seulement sur un ordinateur. On doit vraiment être super adaptable. Mais en ce qui concerne la façon dont nous concevons les choses, j’ai parlé un peu du changement de composition, mais nous avons aussi constitué des équipes de plus en plus agiles, qui rassemblent des secteurs d’activité des employés, qui deviennent nos partenaires de conception, et ensemble nous testons, expérimentons, apprenons. Ce n’est pas comme si vous pouviez vous permettre de mettre six mois avant de lancer officiellement en grand un programme. En réalité, nous testons continuellement divers éléments pour pouvoir les mettre plus rapidement entre les mains des gens quand ils en ont besoin, pour qu’ils reçoivent rapidement un soutien et puissent faire leur travail. Ils peuvent répondre aux besoins des clients, se sentir bien soutenus et être en mesure d’obtenir les résultats dont ils ont besoin. Je pense donc que nous avons vraiment tout changé dans notre façon de penser à l’apprentissage et au soutien de l’entreprise et de nos clients.
Eric Boles :
Gina, vous venez de me faire penser à quelque chose. Une citation d’un homme du nom d’Eric Hoffer, qui remonte à plusieurs années maintenant. Et sa citation disait simplement : « En ces temps de changement, les apprenants héritent de la Terre, alors que les instruits se retrouvent merveilleusement bien équipés pour affronter un monde qui n’existe plus. » J’ai l’impression que nous sommes dans cette situation, mais ce qui me touche vraiment, c’est de voir, de vous trois en particulier, qui produisez du contenu, qui enseignez, mais qui êtes aussi tellement intéressés par le processus d’apprentissage, j’adore. Comme si votre apprentissage se faisait en même temps que vous enseignez et que vous progressez, et cela aide vraiment. J’y vois un cycle, une roue - apprentissage, pratique, enseignement, apprentissage, pratique, enseignement et ainsi de suite – une roue qui tourne toujours. C’est tout à fait ça. Maintenant, j’aimerais vous poser quelques-unes des questions que nous avons reçues, et j’en vois une ici. Notre première question vient de Samantha, qui demande : « Que peuvent faire les entreprises pour remplacer l’intégration et l’orientation en personne des nouveaux employés qui commencent peut-être dans un cadre virtuel? » Gina, je vais vous poser cette question. J’espère qu’elle était assez claire.
Gina Jeneroux :
Merci, Eric, et merci, Samantha. C’est une excellente question. Et l’une des choses les plus importantes dans l’intégration d’une personne, qu’elle soit nouvelle dans l’entreprise, qu’elle occupe un nouveau poste ou qu’elle revienne d’un congé, c’est de s’assurer qu’elle se sent liée à l’équipe, à l’entreprise, au travail qu’elle accomplit. Cet aspect « culture d’entreprise » est donc en fait l’un des plus importants. À bien des égards, cela commence donc avec le leader. Alors que nous nous tournons vers une intégration plus virtuelle, nous nous sommes en fait concentrés sur l’aide à apporter aux dirigeants pour qu’ils connaissent et mettent en œuvre des pratiques exemplaires, leur fournissant des conseils, des outils, pour qu’ils puissent savoir comment mettre les gens au courant de la technologie dont ils ont besoin, parce qu’une grande partie du travail se fait maintenant à distance et grâce à la technologie. Les dirigeants doivent avoir des pratiques et des idées cohérentes sur la façon d’interagir, de communiquer régulièrement avec les personnes qui font partie de leur équipe pour réellement aider ces nouveaux employés à assimiler les pratiques et à interagir avec l’équipe élargie. C’est ainsi qu’ils auront le sentiment de faire partie de quelque chose de plus grand, qu’ils soient en télétravail ou qu’ils travaillent dans un bureau pratiquant des mesures de distanciation physique. Nous avons donc vraiment commencé par la tête, avec les dirigeants. Nous avons également commencé à faire rapidement l’inventaire de ce que nous avons déjà en main, pour voir ce qui pouvait être rapidement réutilisé, ce que nous devons adapter au nouveau contexte, où nous devrions intégrer de nouveaux éléments virtuels. Dans certains cas, il s’agit donc d’être très agile et très humain, et de donner aux dirigeants les moyens de faire ce qu’il faut pour mobiliser les gens, puis de commencer à mettre à profit ces ressources et ces expériences supplémentaires pour aider les gens à se sentir comme un membre à part entière de l’entreprise, participant à notre objectif, à notre vision, et à faire ce qu’il faut pour nos clients.
Eric Boles :
Merci beaucoup, Gina. Encore une fois, nous sommes ravis de vous entendre, vous qui nous écoutez en ce moment. Dites-nous ce que vous en pensez. Il y a eu quelques autres questions, et je pense que celle-ci touche probablement beaucoup d’entre nous, c’est-à-dire qu’il y a encore beaucoup de questions sur le moment où les gens pourront réellement réintégrer leur lieu de travail. Alors, si ça se produit, quand ça se produira, comment enseignerez-vous malgré les incertitudes? Vraiment, comment pouvez-vous enseigner dans cette situation? Je vais commencer par Kelly et Gina, parce qu’elles travaillent en fait avec des étudiants et des employés. Alors Kelly, vous d’abord.
Kelly Richmond Pope :
Une des choses que j’ai faites, c’est d’adopter un point de vue au départ. Nous allons être virtuels. Bon. Nous allons faire des classes virtuelles pendant dix semaines, ou cinq semaines ou je ne sais pas. Et j’ai vraiment essayé de ne pas soulever de l’incertitude, d’oublier le fait que la situation peut évoluer et qu’on n’est sûr de rien. J’ai vraiment essayé de ne pas soulever ce genre d’incertitude pour que les étudiants puissent sentir qu’ils ont le temps, qu’ils peuvent adapter ou se rallier autour d’un thème commun. « Nous allons être en ligne pendant 10 semaines et voilà ce à quoi ça ressembler. » Je pense que parfois on peut semer la peur, que le changement peut faire peur, parce que personne n’aime vraiment changer. C’est donc une des choses que j’ai trouvé très utile d’enseigner pendant la pandémie, c’est simplement de dire « Voilà comment ça va être ». J’ai également rassuré mes étudiants en leur disant que c’était exactement le même cours que je proposerais si on se trouvait en classe. Nous avons des conférenciers. Maintenant, ils peuvent simplement se connecter avec Zoom. Je suis accessible, voici mon courriel, voici mon numéro de téléphone. Je suis disponible le week-end ou pas. Je leur faisais savoir comment ils pouvaient me joindre. Je voulais leur assurer que c’était la même classe, juste un format différent, mais le même contenu et la même accessibilité. Ce que je veux dire, c’est que je suis une grande partisane de l’apprentissage dit « synchrone » – en direct – parce que je pense qu’ainsi on est en contact avec les gens et on peut les encourager au besoin durant le processus d’apprentissage, au lieu de toujours le faire de manière dite « asynchrone » – en différé. C’était donc une de mes stratégies : m’assurer que les étudiants savaient que « c’est comme ça que ça va être pour les dix prochaines semaines, alors préparez-vous, et nous ne changerons pas ». J’apprécie donc vraiment le leadership de DePaul, qui a pris une décision au début, avant le début des cours, pour que les gens puissent se faire une idée, s’adapter, contrairement à ce que vous avez dit, Eric, lorsque certaines écoles peuvent avoir des étudiants sur le campus, et qu’ensuite nous devons renvoyer tout le monde à la maison. Cela crée un sentiment de panique. J’apprécie donc le fait que nous ayons pris l’initiative de dire : « Nous allons faire de cette façon », ce qui nous permet de planifier, parce que c’est difficile à planifier. C’est difficile de planifier quand on ne sait pas, quand on est dans le noir.
Eric Boles :
Oui, belles observations Kelly. Je crois qu’il est difficile d’être à la fois confiant et confus… Donc ce degré…
Kelly Richmond Pope :
Absolument.
Eric Boles :
… de précision, de certitude, que vous que vous êtes capable d’établir fait toute une différence. Merci pour ça, Kelly. Et pour vous, Gina?
Gina Jeneroux :
Je pense que ça se rapproche beaucoup. Alors que nos chefs d’entreprise prenaient des décisions sur ce qui devait se passer dans l’entreprise pour faire face à la pandémie, du point de vue de l’apprentissage, de la formation, nous avions vraiment besoin d’être en mesure de soutenir ces décisions. Donc, quelle que soit l’orientation que prenait l’entreprise et, quelle que soit l’orientation que devaient prendre nos employés, nous devions réagir et soutenir cette démarche. Et comme le disait Kelly, une fois que vous avez pris une décision, une fois que vous avez tracé un parcours, vous ne voulez pas ajouter que le processus d’apprentissage vienne ajouter une couche d’incertitude. Il faut donc de s’assurer que les gens savent sur quoi ils peuvent compter et ce que vous êtes en mesure de leur fournir. Donc, dès le début, nous avons dit, pour certaines choses : « Nous mettons ceci sur pause. Pour d’autres choses, nous allons vous donner des dates précises ou des indications claires quant au moment où des décisions clés seraient prises concernant les programmes ». Et en ce qui concerne la prestation proprement dite, comme le disait Kelly, certaines choses fonctionnent très bien dans un environnement en direct et sont très appropriées pour la salle de classe, mais comme la salle de classe n’est pas disponible, nous avons dû prendre rapidement des décisions pour nous adapter, pour créer des offres virtuelles afin de pouvoir en créer juste assez, juste à temps pour que les gens puissent acquérir les compétences dont ils avaient besoin pour faire leur travail. Et puis d’un autre côté, il y avait certaines choses que nous voulions depuis longtemps transformer en prestations virtuelles. Je pense que c’est le PDG de Microsoft qui a expliqué comment certaines choses qui, en temps ordinaire, auraient pris des années à se produire ont été transformées en quelques semaines à peine dans le domaine de la technologie. Et je pense que cela nous a donné l’ouverture nécessaire pour pouvoir nous adapter rapidement et créer de véritables solutions virtuelles et nous concentrer sur des choses qui ne se feront peut-être plus jamais en salle de classe, qui ne devraient pas. Nous avons donc été en mesure d’être beaucoup plus réfléchis sur le chemin à suivre et sur les types d’expériences que nous pouvons créer pour que les gens puissent en profiter là où ils sont, et aussi les articuler autour des besoins de l’entreprise axés sur les clients.
Eric Boles :
Oui, c’est exactement ça, il ne s’agit pas seulement de trouver une occasion face à une difficulté, mais j’aime votre point de vue, la façon dont vous vous dites comment non seulement survivre à ce changement, mais aussi comment transformer ce défi en victoire, ce qui est une tout autre question quand on cherche des solutions. Nous avons une question qui vient d’arriver, et c’est une dernière question et je veux m’assurer d’y répondre. Notre prochaine question nous vient d’OB et sa question est la suivante : « Comment une organisation comme la BMO gère-t-elle l’évaluation des performances de ses employés compte tenu des exigences imposées aux parents pour être éducateurs, ou comment la BMO identifie-t-elle et évalue-t-elle un employé ayant des enfants en bas âge et sa productivité réduite en raison de ces contraintes? » Wow, excellente question, et vous pouvez répondre Gina. Vous pouvez aussi répondre Jeff et Kelly, même si c’est dans un contexte différent. J’aimerais entendre ce que vous en pensez, et c’est ainsi que nous conclurons.
Gina Jeneroux :
C’est une excellente question. Notre premier objectif était de nous assurer que les gens avaient tout le soutien dont ils avaient besoin. Nous avons donc accordé des jours de congé supplémentaires aux personnes qui en avaient besoin pour leur permettre de s’assurer que leurs enfants avaient tout ce dont ils avaient besoin pour se concentrer sur leurs études, ou pour leur permettre de s’occuper de parents âgés, ou peu importe, en ces temps d’incertitude. Je pense également, grâce aux réunions d’équipe virtuelles et à tout notre travail, que nous avons constaté un réel changement dans la façon de voir le côté humain des gens. On voit donc des enfants pendant les réunions vidéo, des animaux domestiques qui traversent les bureaux devant l’écran, et c’est normal. Je pense que cela nous aide à voir les gens comme des êtres humains et à les voir vraiment dans leur environnement domestique, et c’est fantastique. Je pense qu’à mesure que nous progressions, alors que nous nous concentrions sur le leadership virtuel, nous avons dû gérer deux objectifs. Il n’est donc pas aussi important de savoir exactement quand les gens font le travail qu’ils doivent faire. Nous devons leur fournir le soutien nécessaire pour qu’ils puissent gérer leur famille et leur situation personnelle, et si le meilleur moment pour eux de travailler pour respecter un délai est à 22 h lorsque la famille dort, c’est OK. Si vous gérez en fonction de résultats, plutôt qu’en fonction de présence, je pense que cela offre beaucoup plus de possibilités pour les gens de trouver leur rythme et de trouver des solutions qui fonctionnent pour eux, avec leur famille et leur propre situation personnelle. Mais surtout, nous devons continuer à être souples dans un tel contexte parce qu’il y a encore beaucoup d’incertitude. Nous devons nous assurer de donner aux gens tous les outils dont ils ont besoin pour réussir et pour répondre aux besoins de nos clients qui vivent eux aussi le même genre d’incertitude.
Eric Boles :
Merci, Gina. Parce le temps commence à nous presser, ce que je veux faire, vous pouvez soit répondre à la question, soit résumer un peu la situation, si vous préférez. Jeff, avez-vous une pensée que vous voulez partager avec notre auditoire? Vous aussi Kelly. Puis je vais clore le balado. À vous, Jeff.
Jeff Silber :
Oui, nous parlions de la façon de composer avec l’incertitude. Je parlais avec un administrateur de district la semaine dernière et il m’a dit, en gros : « Vous pouvez être optimistes, mais vous devez vous préparer au pire ». Pour ma part, je suis optimiste que le printemps dernier a été le pire et j’espère les choses ne feront que s’améliorer à mesure que nous avançons et que nous faisons tout ce que nous pouvons pour nous en sortir.
Eric Boles :
Merci. Et Kelly?
Kelly Richmond Pope :
Je pensais à la question que vous venez de poser à Gina à propos du processus d’évaluation et je suis optimiste. Je ne connais vraiment pas la réponse à cette question parce que je me demande, si on vous laisse un peu de jeu, parce votre chien, votre chat ou le bébé en pleurs partage votre bande passante, mais au moment de l’évaluation, c’est comme si on oubliait ça et on vous demandait, et alors, vous avez fait ce qu’on vous a demandé? Avez-vous trouvé comment gérer le chien, le chat, le bébé? Avez-vous trouvé comment gérer ça parce que vous devrez encore faire des vidéoconférences? Je ne sais pas. Il serait intéressant de voir où nous en sommes. Je regarde les évaluations de mes cours faites par mes étudiants. Quand je pense à la façon dont j’ai été évaluée, les étudiants disaient toujours : « J’ai aimé le cours, mais j’aurais préféré que ce soit en classe ». Je n’ai aucun contrôle sur l’éventualité d’une pandémie. Cela m’a donc fait penser que nous avons encore un certain niveau… peut-être que nous ne sommes pas tous réalistes quant à la façon dont nous évaluons où nous vivons et comment nous vivons. J’espère donc que les gens sont capables de tenir compte de nos circonstances dans leur évaluation lorsque les employeurs sont évalués ou lorsque les professeurs sont évalués, et même lorsque les étudiants sont évalués, parce qu’ils ont maintenant plus d’exigences. Alors je ne sais pas. Peut-être que lors de notre prochain appel, nous en parlerons.
Eric Boles :
Je tiens à vous remercier. Tout d’abord, merci à tous ceux et celles qui nous regardent en ce moment, qui ont regardé cet épisode de « La voie de la reprise ». Je suis vraiment, vraiment reconnaissant envers nos spécialistes ici présents pour avoir été aussi francs, vulnérables et ouverts avec nous tous. J’aime l’état d’esprit de cette transition, qui nous pousse à être souples, à privilégier dans certains cas la productivité plutôt que la présence, ce qui signifie qu’il faut se préoccuper davantage du résultat que de la façon dont nous l’obtenons, car tout ça doit changer en cette période. Et je dois dire que nous avons reçu beaucoup de bonnes questions, mais en raison du temps, nous n’avons pas pu toutes les aborder. Je vous invite donc à visiter bmo.com/entretiensaveclesspécialistes, je répète bmo.com/entretiensaveclesspécialistes, vous y trouverez d’autres renseignements très intéressants. Nous vous en serons très reconnaissants. Une fois de plus, merci. J’ai été ravi d’être votre hôte et d’avoir pu m’entretenir avec ces spécialistes, qui nous ont si généreusement donné leurs perspectives et qui nous ont permis d’en apprendre autant aujourd’hui. Cela étant dit, j’espère que vous serez des nôtres encore une fois pour le prochain épisode.
Jeff Silber :
Merci.
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