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La crise commerciale nous signale à quel point le Canada n’est pas concurrentiel
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Ceci a été publié pour la première fois dans The Globe and Mail le février 5, 2024. Darryl White est chef de la direction de BMO Groupe financier.
La semaine dernière a été un signal d’alarme pour le Canada.
Pour le moment, les droits de douane ont été reportés, ce qui permet d’éviter la déstabilisation tragique de la relation bilatérale la plus fructueuse au monde. Toutefois, nous sommes clairement mis face à un défi.
Les conversations que j’ai eues avec les clients la semaine dernière étaient unanimes : les guerres commerciales nuisent à la croissance, créent de l’incertitude et perturbent l’allocation efficace du capital. Ce sursis de 30 jours, bien qu’il soit le bienvenu, ne doit pas nous inciter à la complaisance.
L’intention est là. Partout au Canada, tant dans la sphère économique que politique, nous avons assisté à l’émergence d’un nouveau consensus économique axé sur la résilience et l’indépendance, porteur d’une plus grande ambition pour le Canada.
Il est impératif que nos leaders politiques concrétisent leurs projets de renforcement des frontières et de lutte contre le crime organisé (en anglais seulement).
Néanmoins, le moment que nous vivons présentement va beaucoup plus loin : il s’agit de répondre à une négligence de longue date envers le caractère concurrentiel de notre économie. Notre fiscalité, notre réglementation et notre attitude ne sont pas concurrentielles. Tous les niveaux de gouvernement, fédéral, provincial et municipal, doivent contribuer à l’amélioration de notre caractère concurrentiel, qui est à la base de notre qualité de vie.
Le Canada fait face à cette crise à la veille du départ d’un premier ministre en exercice, de l’arrivée de son successeur et de l’élection attendue d’une nouvelle Chambre des communes.
Les freins au développement de notre pays sont multiples et une guerre commerciale ne ferait que les exacerber.
La productivité, entre autres, est une faiblesse majeure. La productivité canadienne a connu un ralentissement prolongé, alors que celle des États-Unis continue d’augmenter.
Ces 30 dernières années, la productivité des entreprises américaines a augmenté de plus de 2 % par an, alors que celle au Canada n’a progressé que d’un peu plus de 1 %. Si l’on ajoute un écart de 100 % sur trois décennies, on obtient une différence énorme en matière de croissance par travailleur et de prospérité pour les familles de part et d’autre de la frontière.
Il existe plusieurs points positifs dont nous pouvons être fiers. Les travailleurs canadiens sont parmi les plus instruits au monde, et les écoles et les soins de santé publics sont excellents. Nos communautés sont sûres, nous disposons d’une abondance d’énergie et d’un secteur agricole de classe mondiale. Nous pouvons nous targuer d’avoir des chercheurs innovants, un secteur manufacturier robuste, des banques solides et stables, et des ressources naturelles importantes au niveau mondial et très demandées.
De plus, quand nos partenaires commerciaux nord-américains sont sur la même longueur d’onde, la complémentarité de nos atouts régionaux fait de ce continent un symbole de puissance économique.
Pour que nos travailleurs très instruits puissent s’épanouir, ils ont besoin de politiques publiques et d’une fiscalité qui récompensent la prise de risques judicieuse, et d’une réglementation qui encourage la création d’entreprises et la croissance.
Le capital a soif de certitude. La volatilité politique, les différends commerciaux et une politique fiscale déroutante et contre-productive sont autant de facteurs d’incertitude.
La réduction de l’impôt sur les sociétés et de l’impôt sur le capital peut faire en sorte que les investisseurs canadiens et internationaux jouissent d’une voie stable et moins coûteuse vers la croissance et qu’ils disposent de plus de capitaux pour créer des emplois et des salaires plus élevés. Il s’agit là de bonnes politiques et de messages forts adressés au monde entier.
Les autres gouvernements ont bien compris cet important message : les discours d’ouverture « favorables à la croissance » des concurrents du Canada sont de la musique aux oreilles des entreprises et des investisseurs du monde entier. Et il ne s’agit pas seulement des beaux discours américains. Le gouvernement travailliste du Royaume-Uni a récemment demandé aux organismes de réglementation de « réglementer en vue de la croissance, et pas seulement en fonction du risque ». Ce concept devrait être pris en compte par tous les niveaux de gouvernement qui établissent des politiques et approuvent les ambitions des entreprises et de leurs travailleurs.
L’impôt sur les gains en capital punit ceux qui contribuent le plus à la productivité de notre économie : les entrepreneurs et les petites et moyennes entreprises. Le fait que le gouvernement fédéral ait reporté la mise en œuvre (en anglais seulement) de l’augmentation proposée est certes constructif, mais il conviendrait plutôt de l’annuler et de réduire les impôts.
L’amortissement accéléré des équipements qui améliorent la productivité aide les petites et moyennes entreprises à innover pour être concurrentielles. Les définitions de l’admissibilité doivent rester larges et les entrepreneurs, et non Ottawa, doivent avoir davantage leur mot à dire sur ce qui apporte le plus de valeur. Ensuite, récompensez-les.
La réussite des entreprises, petites, moyennes ou grandes, doit être célébrée et non réprimandée. Chaque jour, le Canada rivalise avec d’autres pays pour attirer les capitaux et les talents. Pourquoi ces ressources viendraient-elles au Canada dans un contexte peu accueillant? Elles ont trop d’options qui s’offrent à elles.
Si des entreprises aspirent à transformer nos ressources naturelles en produits d’exportation, nous devons les épauler et leur montrer la voie. Pour tirer pleinement parti de l’abondance de nos ressources, nous devons conserver une plus grande partie de la valeur de la chaîne d’approvisionnement dans nos frontières. Le raffinage, la transformation et la fabrication au Canada doivent se faire dans le respect de l’environnement, en tenant compte des Premières Nations, des Inuits et des Métis.
Concernant le commerce, le Canada a fait un travail exceptionnel en ouvrant de nouveaux marchés grâce aux accords de libre-échange, mais un plus grand nombre d’entreprises canadiennes doivent en tirer de la valeur. Pour ce faire, il faut dynamiser les capacités de l’État et renforcer notre service extérieur afin de défendre énergiquement le secteur privé canadien à l’étranger.
Enfin, on peut difficilement être le « nord géographique », fort et libre, lorsqu’on ne peut pas commercer librement entre nous. Lorsqu’il est plus facile pour les pays de l’Union européenne de commercer entre eux que ce ne l’est pour les provinces canadiennes, c’est qu’il y a un problème. La bonne nouvelle, c’est que je n’ai jamais vu un tel élan en matière de commerce interprovincial. Il est temps de laisser le rideau tomber.
Cette semaine, le Canada a bénéficié du report d’un choc. Cependant, un sursis ne peut pas se transformer en rappel. Nous devons répondre à ce signal d’alarme. En quelques jours, nous avons vu comment les Canadiens peuvent se mobiliser. Continuons sur cette lancée et réclamons des propositions favorables à la croissance de la part des politiciens engagés dans la campagne électorale. Il n’y a pas un instant à perdre.
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La crise commerciale nous signale à quel point le Canada n’est pas concurrentiel
Chef de la direction, BMO Groupe financier
Darryl White est chef de la direction de BMO, la huitième banque en importance pour son actif en Amérique du Nord servant plus de 13 million…
Darryl White est chef de la direction de BMO, la huitième banque en importance pour son actif en Amérique du Nord servant plus de 13 million…
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Ceci a été publié pour la première fois dans The Globe and Mail le février 5, 2024. Darryl White est chef de la direction de BMO Groupe financier.
La semaine dernière a été un signal d’alarme pour le Canada.
Pour le moment, les droits de douane ont été reportés, ce qui permet d’éviter la déstabilisation tragique de la relation bilatérale la plus fructueuse au monde. Toutefois, nous sommes clairement mis face à un défi.
Les conversations que j’ai eues avec les clients la semaine dernière étaient unanimes : les guerres commerciales nuisent à la croissance, créent de l’incertitude et perturbent l’allocation efficace du capital. Ce sursis de 30 jours, bien qu’il soit le bienvenu, ne doit pas nous inciter à la complaisance.
L’intention est là. Partout au Canada, tant dans la sphère économique que politique, nous avons assisté à l’émergence d’un nouveau consensus économique axé sur la résilience et l’indépendance, porteur d’une plus grande ambition pour le Canada.
Il est impératif que nos leaders politiques concrétisent leurs projets de renforcement des frontières et de lutte contre le crime organisé (en anglais seulement).
Néanmoins, le moment que nous vivons présentement va beaucoup plus loin : il s’agit de répondre à une négligence de longue date envers le caractère concurrentiel de notre économie. Notre fiscalité, notre réglementation et notre attitude ne sont pas concurrentielles. Tous les niveaux de gouvernement, fédéral, provincial et municipal, doivent contribuer à l’amélioration de notre caractère concurrentiel, qui est à la base de notre qualité de vie.
Le Canada fait face à cette crise à la veille du départ d’un premier ministre en exercice, de l’arrivée de son successeur et de l’élection attendue d’une nouvelle Chambre des communes.
Les freins au développement de notre pays sont multiples et une guerre commerciale ne ferait que les exacerber.
La productivité, entre autres, est une faiblesse majeure. La productivité canadienne a connu un ralentissement prolongé, alors que celle des États-Unis continue d’augmenter.
Ces 30 dernières années, la productivité des entreprises américaines a augmenté de plus de 2 % par an, alors que celle au Canada n’a progressé que d’un peu plus de 1 %. Si l’on ajoute un écart de 100 % sur trois décennies, on obtient une différence énorme en matière de croissance par travailleur et de prospérité pour les familles de part et d’autre de la frontière.
Il existe plusieurs points positifs dont nous pouvons être fiers. Les travailleurs canadiens sont parmi les plus instruits au monde, et les écoles et les soins de santé publics sont excellents. Nos communautés sont sûres, nous disposons d’une abondance d’énergie et d’un secteur agricole de classe mondiale. Nous pouvons nous targuer d’avoir des chercheurs innovants, un secteur manufacturier robuste, des banques solides et stables, et des ressources naturelles importantes au niveau mondial et très demandées.
De plus, quand nos partenaires commerciaux nord-américains sont sur la même longueur d’onde, la complémentarité de nos atouts régionaux fait de ce continent un symbole de puissance économique.
Pour que nos travailleurs très instruits puissent s’épanouir, ils ont besoin de politiques publiques et d’une fiscalité qui récompensent la prise de risques judicieuse, et d’une réglementation qui encourage la création d’entreprises et la croissance.
Le capital a soif de certitude. La volatilité politique, les différends commerciaux et une politique fiscale déroutante et contre-productive sont autant de facteurs d’incertitude.
La réduction de l’impôt sur les sociétés et de l’impôt sur le capital peut faire en sorte que les investisseurs canadiens et internationaux jouissent d’une voie stable et moins coûteuse vers la croissance et qu’ils disposent de plus de capitaux pour créer des emplois et des salaires plus élevés. Il s’agit là de bonnes politiques et de messages forts adressés au monde entier.
Les autres gouvernements ont bien compris cet important message : les discours d’ouverture « favorables à la croissance » des concurrents du Canada sont de la musique aux oreilles des entreprises et des investisseurs du monde entier. Et il ne s’agit pas seulement des beaux discours américains. Le gouvernement travailliste du Royaume-Uni a récemment demandé aux organismes de réglementation de « réglementer en vue de la croissance, et pas seulement en fonction du risque ». Ce concept devrait être pris en compte par tous les niveaux de gouvernement qui établissent des politiques et approuvent les ambitions des entreprises et de leurs travailleurs.
L’impôt sur les gains en capital punit ceux qui contribuent le plus à la productivité de notre économie : les entrepreneurs et les petites et moyennes entreprises. Le fait que le gouvernement fédéral ait reporté la mise en œuvre (en anglais seulement) de l’augmentation proposée est certes constructif, mais il conviendrait plutôt de l’annuler et de réduire les impôts.
L’amortissement accéléré des équipements qui améliorent la productivité aide les petites et moyennes entreprises à innover pour être concurrentielles. Les définitions de l’admissibilité doivent rester larges et les entrepreneurs, et non Ottawa, doivent avoir davantage leur mot à dire sur ce qui apporte le plus de valeur. Ensuite, récompensez-les.
La réussite des entreprises, petites, moyennes ou grandes, doit être célébrée et non réprimandée. Chaque jour, le Canada rivalise avec d’autres pays pour attirer les capitaux et les talents. Pourquoi ces ressources viendraient-elles au Canada dans un contexte peu accueillant? Elles ont trop d’options qui s’offrent à elles.
Si des entreprises aspirent à transformer nos ressources naturelles en produits d’exportation, nous devons les épauler et leur montrer la voie. Pour tirer pleinement parti de l’abondance de nos ressources, nous devons conserver une plus grande partie de la valeur de la chaîne d’approvisionnement dans nos frontières. Le raffinage, la transformation et la fabrication au Canada doivent se faire dans le respect de l’environnement, en tenant compte des Premières Nations, des Inuits et des Métis.
Concernant le commerce, le Canada a fait un travail exceptionnel en ouvrant de nouveaux marchés grâce aux accords de libre-échange, mais un plus grand nombre d’entreprises canadiennes doivent en tirer de la valeur. Pour ce faire, il faut dynamiser les capacités de l’État et renforcer notre service extérieur afin de défendre énergiquement le secteur privé canadien à l’étranger.
Enfin, on peut difficilement être le « nord géographique », fort et libre, lorsqu’on ne peut pas commercer librement entre nous. Lorsqu’il est plus facile pour les pays de l’Union européenne de commercer entre eux que ce ne l’est pour les provinces canadiennes, c’est qu’il y a un problème. La bonne nouvelle, c’est que je n’ai jamais vu un tel élan en matière de commerce interprovincial. Il est temps de laisser le rideau tomber.
Cette semaine, le Canada a bénéficié du report d’un choc. Cependant, un sursis ne peut pas se transformer en rappel. Nous devons répondre à ce signal d’alarme. En quelques jours, nous avons vu comment les Canadiens peuvent se mobiliser. Continuons sur cette lancée et réclamons des propositions favorables à la croissance de la part des politiciens engagés dans la campagne électorale. Il n’y a pas un instant à perdre.
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