Perspectives économiques du Canada en 2024 : Se plier à la réalité
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La dernière année a été difficile pour les économies américaine et canadienne. À la même époque l’an dernier, nombreux étaient ceux qui prévoyaient au moins une légère récession en Amérique du Nord en 2023. La bonne nouvelle est que nous avons réussi à éviter ce scénario jusqu’à présent.
Mais si les économies américaine et mondiale ont dépassé les attentes, l’économie canadienne a eu de la difficulté à croître, et il semble que ce sera encore le cas pendant la plus grande partie de 2024. Plusieurs raisons expliquent cette situation. Examinons comment nous en sommes arrivés là et les facteurs qui continueront de stimuler l’économie canadienne au cours des 12 prochains mois.
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Économies mondiale et américaine
BMO prévoit que l’économie mondiale connaîtra une croissance d’un peu moins de 3 % cette année, ce qui est légèrement inférieur à la moyenne. Le facteur important ici est que toutes les grandes économies ont enregistré au moins une certaine croissance cette année, ce qui n’était pas gagné au début de 2023. Nous nous attendions auparavant à ce que la Grande-Bretagne, l’Europe et la Russie connaissent un léger repli cette année. Au lieu de cela, ils ont tous réussi à enregistrer une certaine croissance. Même si nous anticipons un ralentissement de l’économie mondiale en 2024, ce ralentissement est loin de ce que nous considérons comme une récession généralisée.
L’année a également été étonnamment bonne pour l’économie américaine, avec une croissance d’un peu plus de 2 % pour l’ensemble de l’année1, ce qui est meilleur qu’en 2022. J’ose dire qu’aucun prévisionniste ne s’attendait à ce que l’économie américaine connaisse une meilleure croissance cette année que l’année dernière. Cependant, nous prévoyons un ralentissement, à partir du trimestre en cours, et nous envisageons une croissance assez modérée d’environ 1 % au cours de la prochaine année.
Bon nombre des facteurs favorables derrière l’économie américaine ont maintenant commencé à s’atténuer. En plus de la forte hausse des taux d’intérêt à long terme, le conflit au Moyen-Orient et la grève des Travailleurs unis de l’automobile pèseront probablement sur la croissance aux États-Unis pendant la prochaine année. Néanmoins, nous ne prévoyons pas de trimestre de croissance négative du PIB aux États-Unis au cours de cette période.
Une situation plus difficile pour le Canada
Au Canada, en revanche, la situation a été plus difficile. Bien que l’économie ait réussi à éviter une récession, elle affiche une croissance très modérée qui, selon nous, se poursuivra probablement avant de connaître une certaine amélioration d’ici la fin de 2024. En somme, BMO s’attend à ce que l’économie canadienne soit à la traîne de celle des États-Unis au cours des 18 prochains mois.
Le consommateur en est la principale raison. Dans l’ensemble, les dépenses de consommation se sont remarquablement bien comportées cette année au Canada et aux États-Unis face à l’inflation et à la hausse des taux d’intérêt. Cela s’explique en partie par le fait que les consommateurs disposaient de beaucoup d’économies accumulées pendant la pandémie. Au début de cette dernière, le taux d’épargne des deux pays a atteint des niveaux extraordinaires.
Un autre facteur positif pour le consommateur des deux côtés de la frontière est la vigueur sous-jacente du marché de l’emploi. À l’été 2022, le marché de l’emploi en Amérique du Nord a été le plus sain et le plus serré que nous ayons jamais connu en temps de paix. Le taux de chômage au Canada a chuté sous la barre des 5 %2, tandis que celui des États-Unis est descendu dans la fourchette des 3 %3. Depuis lors, nous avons observé un certain affaiblissement et les taux de chômage ont commencé à remonter légèrement. Toutefois, d’un point de vue historique, les taux de chômage sont encore assez bas.
Les taux d’emploi et d’épargne étant élevés, les consommateurs ont pu dépenser pour répondre à la demande refoulée de voyages, de divertissements et de véhicules automobiles. Les deux pays n’ont toutefois pas dépensé à parts égales. Encore aujourd’hui, le taux d’épargne des ménages canadiens est supérieur à 5 %4. Même s’il s’agit d’un taux moyen sur le plan historique, il est plus élevé qu’avant la pandémie et que le taux d’épargne actuel aux États-Unis5. Le niveau record d’endettement des ménages canadiens diffère de celui des États-Unis. En outre, une grande partie de l’endettement des ménages aux États-Unis se retrouve dans des prêts hypothécaires sur 30 ans, ce qui fait qu’il ne change pas aussi rapidement qu’au Canada.
BMO est d’avis qu’au cours de la prochaine année, certains des facteurs de soutien des consommateurs canadiens (demande refoulée et épargne excédentaire) commenceront à s’estomper. Entre-temps, l’endettement élevé des ménages et la hausse des taux d’intérêt demeurent présents. Au cours de la prochaine année, les consommateurs canadiens seront probablement encore plus serrés, et c’est pourquoi nous anticipons que l’économie aura de la difficulté à croître au cours des 12 prochains mois environ.
Perspectives en matière de taux d’intérêt
L’inflation a baissé par rapport à ses pires niveaux à l’été 2022, un taux que nous n’avions pas observé depuis le début des années 1980, et sans ralentissement significatif de l’économie. En revanche, il sera plus difficile de ramener l’inflation de son taux actuel d’un peu moins de 4 %6 à celui que les banques centrales canadienne et américaine préféreraient, soit plus près de 2 %. BMO estime que l’inflation ne baissera pas à un niveau acceptable avant la fin de 2024.
Un enjeu encore plus important est la hausse constante des taux d’intérêt à long terme à l’échelle mondiale. Les taux de rendement des obligations du Trésor américain à 10 ans7 et des obligations du gouvernement du Canada à 10 ans8 ont atteint des niveaux inégalés depuis 2007, ce qui menace à la fois les finances publiques et les perspectives à court terme. Autrement dit, en ce qui concerne les taux d’intérêt, on s’attend à ce qu’ils restent plus élevés plus longtemps.
À notre avis, les deux banques centrales en ont assez fait sur le plan des hausses de taux d’intérêt. Elles pourraient relever les taux une fois de plus, mais nous sommes presque arrivés au sommet de la montagne. L’envers de la médaille est que nous serons dans un environnement de taux plus élevés pendant un certain temps, jusqu’à ce que les banques centrales se sentent suffisamment à l’aise avec l’inflation. Nous nous attendons à ce que la Banque du Canada et la Réserve fédérale américaine maintiennent les taux d’intérêt près de leurs niveaux actuels jusqu’au deuxième semestre de 2024. Même après cela, nous prévoyons que les taux d’intérêt descendent très lentement plutôt que de chuter.
La question la plus intéressante est de savoir où les taux d’intérêt vont se stabiliser de l’autre côté. Reviendront-ils aux taux extrêmement bas que nous avons connus pendant la décennie précédant la pandémie? Ou vont-ils se stabiliser près des niveaux actuels? Probablement entre les deux.
Le taux du financement à un jour de la Banque du Canada se situe actuellement à 5 %9. BMO s’attend à ce que ces taux finissent par s’établir dans une fourchette d’environ 2,5 % à 3 %. C’est plus haut que tout ce que nous avons vu pendant la décennie qui a précédé la pandémie, mais c’est beaucoup moins que ce que nous vivons aujourd’hui. Néanmoins, l’inflation devra se rapprocher de la cible de la Banque du Canada avant que nous puissions parler de façon réaliste de baisses de taux d’intérêt.
Variation des probabilités
BMO a légèrement ajusté ses probabilités concernant les trois grands scénarios pour l’économie canadienne : un atterrissage en douceur où nous évitons tout repli, un juste milieu où nous observons un léger recul de l’économie et un atterrissage brutal où nous entrons en récession généralisée. C’est le juste milieu qui est devenu un peu moins probable. Les taux d’intérêt à long terme ont monté en flèche et les risques géopolitiques se sont accrus. Ces facteurs, malheureusement, augmentent le risque d’un atterrissage brutal. La bonne nouvelle, c’est que l’inflation ayant considérablement diminué, la probabilité d’un atterrissage en douceur augmente également.
1 Gross Domestic Product, bea.gov
2 Canada Unemployment Rate, YCHARTS
3 US Unemployment Rate, YCHARTS
4 Canada Household Saving Rate, Trading Economics
5 Personal Saving Rate, bea.gov
6 Canada’s inflation rate slows to 3.8%, cbc.ca
7 10-year Treasury yield breaks above 4.9% for the first time since 2007, cnbc
8 Rendements des obligations, Banque du Canada
9 Sommaire quotidien, Banque du Canada
- (Stéphane Rochon) : Merci beaucoup, Viviane. On apprécie beaucoup, puis bienvenue à tous et à toutes. On se rend compte que votre temps est précieux. Alors, on apprécie votre attention.
Donc, sans plus tarder, commençons avec la première page. Commençons au commencement, comme on dit. C'est toujours un très bon endroit. Alors, parlons d'inflation. Tout le monde nous parle d'inflation depuis plus de deux ans et il y a une raison pour ça. Il y a une raison pour ça. On ne voulait pas tomber dans une spirale inflationniste et il y avait un risque. Il y avait un risque parce que les chefs des banques centrales.. Et vous allez dire: "Mon Dieu, il commence son appel en critiquant les gens." Mais oui, je n'ai aucune hésitation à critiquer Tiff Macklem et Jerome Powell, les deux chefs des banques centrales du Canada et des États-Unis, respectivement. Ils ont fait une erreur catastrophique, les deux. Ils ont attendu beaucoup trop longtemps avant d'augmenter les taux d'intérêt. Alors, vous allez dire: "Oui, mais les taux d'intérêt, ça fait mal aux gens." Effectivement, ça fait très mal. Mais l'inflation, en bout de ligne, fait mal à la population au complet et particulièrement pour les gens moins nantis. C'est un grave problème. C'est quelque chose qu'il faut enrayer. Et la bonne nouvelle, et vous allez le voir dans le panneau gauche du graphique qu'on vous montre: la tendance à long terme de l'inflation est à la baisse. Ça, c'est très, très encourageant. Et puis je dois dire d'emblée: oui, c'est pas... Ça va pas baisser en ligne droite. Mais généralement, en Amérique du Nord, on était près du 9% il y a quelques mois. Et maintenant, on est tombés... Bien, les dernières données nous donnent, au Canada, 3,8%. Au Québec, c'est un peu plus que ça, malheureusement. On est... on est arrivés à 4,8. Le prix de l'essence, en particulier, et les loyers ont fait mal côté inflation. Mais que ce soit au Québec, au Canada, aux États-Unis, généralement, la tendance est baissière. Mais là, ce que vous voyez du côté droit, c'est vraiment le... Bien, ça, ça vous montre les taux d'intérêt à long terme et c'est vraiment ce sur quoi les investisseurs portent le plus d'attention en ce moment.
Ce sont les taux d'intérêt parce qu'en bout de ligne, quand vous y pensez, les investisseurs en obligations ne peuvent recevoir... Généralement dans une bonne obligation, on va toujours se faire rembourser le capital. Mais les coupons d'intérêts, surtout ceux pour les obligations qui ont été mises il y a quelques années, bien, le coupon ne change pas. Et donc, finalement, quand il y a de l'inflation, les investisseurs veulent se faire compenser en termes de valeur présente, donc, les cashflows futurs escomptés jusqu'au présent. Et puis le seul mécanisme d'ajustement, c'est de faire augmenter les taux d'intérêt, et c'est exactement ça qu'on voit en ce moment. Vous l'avez vu dans vos vies avec les taux obligataires, par exemple. Les coûts d'emprunt ont augmenté. Et nous, on pense qu'on est dans un nouveau régime, finalement, une ère où les taux d'intérêt vont être plus élevés. Mais je vous dirais d'emblée que ce n'est pas, historiquement parlant, le niveau où on est rendu pas loin du 5% à long terme, mais aussi à court terme, ce n'est pas particulièrement alarmant de notre point de vue. On a eu des périodes dans les années 70-80-90 où les taux d'intérêt étaient à des niveaux semblables et l'économie a quand même réussi à bien performer, à avoir de la croissance. Alors, oui, il y a une augmentation assez abrupte, assez soudaine des taux d'intérêt. Mais de notre point de vue, ça ne veut pas dire nécessairement qu'on s'en va en récession.
Alors, continuons. Prochaine page. Ce que vous voyez ici, c'est les prévisions du groupe d'économie de BMO. Et puis, ce que ça vous montre, finalement, c'est que oui, le Canada est en bas de la liste des pays pour 2023. On parle d'une croissance de 1,1%. C'est assez médiocre, comme performance. Mais encore une fois, il faut pas oublier que dans le contexte actuel, les gens prédisaient une récession. Ça fait deux ans que les gens nous promettent une récession. Et pourtant, on n'est pas encore là. Et selon nos modèles, la probabilité de récession dans la prochaine année a quand même baissé. On était à 60% en Amérique du Nord, il y a six mois. Et ça a baissé en dessous de 50% maintenant. Alors, la tendance est quand même positive. Ça veut pas dire qu'on va éviter une récession. Mais même s'il y a une récession, elle devrait être relativement douce, à notre avis.
Donc, ce que vous voyez en haut de la liste aussi, c'est que l'Inde va mener le palmarès de la croissance, si vous voulez. La Chine à 5%, ça semble... Relativement parlant, c'est un bon taux de croissance pour une économie de cette taille-là. Mais par rapport au critère chinois, c'est quand même un ralentissement important. Et la raison pour laquelle je mets l'emphase sur la croissance chinoise, c'est que ça a beaucoup d'influence sur l'économie canadienne, finalement, qui est une économie qui est encore en grande partie basée sur les matières premières, sur le pétrole, sur le cuivre. Moins au Québec. Évidemment, l'économie du Québec est plus diversifiée, ce qui est une bonne chose à long terme, mais le Canada dépend encore des ressources.
Alors, continuons. Prochaine page. Bien, là, on vous montre les prévisions de PIB réels. Les États-Unis, un peu grâce au programme de stimulus de Joe Biden, ont une croissance plus élevée. Ça, c'est clair. En 2023, on parle quand même d'une grande différence. On a parlé du 1,1% canadien; 2,4% pour les États-Unis. C'est quand même pas mal. Encore une fois, les gens n'arrêtent pas de prédire une récession pour les États-Unis aussi. Et on ne la voit pas, certainement pas dans les prochains 6 à 12 mois. Donc, il y a quand même une croissance positive. Et même en 2024, quand l'impact du resserrement monétaire va se faire sentir au complet, bien, on voit quand même une petite croissance positive. Donc, encore... Dans nos prévisions, pas de récession en Amérique du Nord pour 2024. Ça peut changer, ça peut changer rapidement. La conjoncture actuelle, quand on regarde les problèmes au Moyen-Orient, quand on regarde le conflit russe-ukrainien qui continue après à peu près deux ans, bien, c'est sûr qu'il y a des risques. Mais en ce moment, selon les données qu'on a, on ne voit pas de récession en 2024.
Alors, continuons. La raison pour laquelle on pense ça, c'est en grande partie le taux d'épargne. Le taux d'épargne, pendant la COVID, a augmenté en flèche. Ça, c'est clair. Et il nous reste encore des... ce qu'on appelle des épargnes excédentaires, quand vous regardez à droite du tableau, le tableau à gauche, évidemment. Mais le risque, et le risque est à droite parce qu'il y a toujours des risques dans l'économie, mais en ce moment, étant donné l'augmentation des taux d'intérêt, le fardeau d'endettement est un risque, à notre avis. Puis ça, c'est pas loin d'un record, alors que les États-Unis... Puis ça, c'est un peu ironique parce qu'on a toujours pensé... ou le stéréotype, c'est qu'on donne 1$ aux Américains, puis ils vont en dépenser deux. Bien, ils ont été beaucoup plus raisonnables, si on veut, que les Canadiens en général. Je dis pas que c'est une catastrophe nécessairement, mais il va falloir se serrer la ceinture, que ce soit au niveau du gouvernement fédéral, provincial, les ménages, les entreprises, dans... Quand on sort d'un endroit où on était à 0% de taux d'intérêt, finalement, ou l'argent était presque gratuit, c'est sûr que la dette est plus facile à financer. Ces jours sont finis, à notre avis. Mais encore une fois, il faut se rappeler que quand on regarde ça d'une optique un peu plus large, ce qui est inhabituel, c'est pas des taux d'intérêt à 5%. C'est que l'argent était gratuit et que l'argent était gratuit tellement longte... presque gratuit, je devrais dire, mais tellement longtemps... Et quand ça, ça arrive, ça crée des bulles spéculatives et on le voit encore une fois, que ce soit les cryptomonnaies, que ce soit l'évaluation des actions en technologie, il y a beaucoup d'actifs qui sont devenus gravement surévalués, à notre avis. L'immobilier aussi, dans certaines régions, l'est devenu. Puis ça, on va en reparler dans une minute.
Alors, on continuons. Ça, c'est l'autre avantage, en ce moment, pour l'économie nord-américaine: c'est le taux de chômage qui est tellement bas. Ça, ça aide beaucoup, parce que quand on regarde, l'économie américaine dépend à peu près à 70% des dépenses des consommateurs. C'est un peu moins au Canada, mais c'est quand même extrêmement important, les dépenses des ménages pour soutenir l'économie. Donc, évidemment, ce n'est plus l'agriculture ou les entreprises manufacturières qui mènent l'économie. C'est les dépenses des consommateurs. Donc, le fait que les gens aient des emplois: extrêmement important, évidemment. Et c'est ça qui, finalement, baisse les probabilités de récession, à notre avis.
Maintenant, regardez à droite, le tableau à droite. On vous a identifié les taux de chômage à Montréal, Ville de Québec et pour la province de Québec. Et moi, ce qui me frappe vraiment, c'est quand je regarde la Ville de Québec prépandémie, on était à 3,8% de chômage, qui est presque un emploi complet. On est en dessous de ça. On est rendu à 2,9%, et évidemment, c'est une bonne chose pour les restaurants, pour les... ce genre d'entreprises là. Mais si vous avez une entreprise, et vous le savez mieux que moi, d'engager des gens, ce n'est pas facile. Et c'est un... Finalement, c'est un défi de taille pour les entrepreneurs de trouver la main-d’œuvre qualifiée. On le sait tous. Mais c'est particulièrement vrai dans la Ville de Québec et dans la province en général. Mais il faut pas oublier qu'en bout de ligne, c'est une bonne chose au niveau de l'économie.
Alors, sautons... Allons en page 7... Et puis une copie de cette présentation peut vous être envoyée, en passant. Alors, si on va en page 7, on va parler... Prochaine page, oui. On va parler du dollar canadien. C'est quelque chose qui est proche, qui est très important pour les gens. Il y a beaucoup, beaucoup de gens qui, finalement, vont aux États-Unis en voyage, qui s'achètent des condos aux États-Unis. Donc, la valeur du dollar canadien, c'est toujours pertinent. Et ce qui est intéressant en ce moment, c'est le... si vous voulez, la divergence entre le prix du pétrole, et voilà ce que le graphique vous montre. C'est le prix du pétrole en bleu... plutôt, en vert. Et puis contre ça, vous avez la valeur du dollar canadien par rapport au dollar US. Et puis, on voit que pendant des années et des années, puis on peut retourner encore plus loin en arrière, la corrélation était extrêmement forte entre le prix du pétrole et la valeur du dollar canadien. Et on voit une divergence récemment qui est dure à expliquer. Je vous dirais que notre meilleure hypothèse, c'est que les investisseurs, en général, les investisseurs internationaux en particulier, ne croient pas à la force ou à la longévité de la force du prix du pétrole ou du cuivre, en fait. Nous, on serait de l'autre côté. On pense que quand on regarde les secteurs d'investissement particulièrement intéressants, dans le marché canadien en ce moment, le pétrole lourd canadien est vraiment en haut de la liste. Ce sont les actions les plus sous-évaluées à notre avis. Donc, on pense que s'il y a un changement dans cette tendance-là, ou plutôt, je devrais dire que la tendance va revenir... Donc, ça nous dirait que le prix du dollar canadien devrait augmenter, mais ça pourrait prendre du temps. C'est pas quelque chose qui va se faire du jour au lendemain, mais on dirait que par rapport aux normes historiques, puis aussi par rapport aux écarts de taux d'intérêt, le dollar canadien est sous-évalué en ce moment.
Alors, continuons. Ce qui attend le Québec. Bon, alors, on a parlé... Évidemment, la croissance économique, c'est super important, particulièrement pour cet auditoire. Donc, on a dit... En 2023, on parle de 1,1% au Canada. Ça va être un petit peu inférieur à ça au Québec. Le Québec bénéficie quand même moins que le reste du Canada, certaines provinces, évidemment, de l'essor du prix du pétrole. Mais on parle quand même d'une croissance positive. Donc, encore une fois, on évite la récession selon les données qu'on a en ce moment.
Continuons. Prochaine page. Si on trouve ça... c'est un graphique à plus long terme, mais c'est quand même, à mon avis, super intéressant de voir les tendances démographiques qui ont jamais énormément d'influence d'une année à l'autre, mais sur plusieurs années, disons, sur 5, 10, 20 ans, c'est extrêmement important. Et ce qui nous frappe là-dessus, c'est qu'à gauche, on voit que le taux de naissances aux États-Unis et au Canada, bien, a baissé, mais se maintient quand même au-dessus de plusieurs autres pays qui ont des économies développées; d'autres pays du G7, l'Italie, en particulier, qui a de vrais problèmes démographiques. Mais quand vous regardez à droite, la grosse divergence, c'est le taux de... vraiment, le taux d'immigration. On est un chef de file en termes de croissance de la population. La population canadienne a augmenté de plus d'un million de personnes l'an dernier. C'est énorme. Il faut retourner à la guerre de Corée pour voir une telle croissance démographique au Canada. C'est déjà arrivé, mais disons que par rapport aux autres pays, on accepte beaucoup plus d'immigrants. D'un point de vue économique, puis je me lance pas sur les aspects socios de la chose, d'un point de vue économique, c'est une bonne chose. Indéniablement, ça fait augmenter la croissance potentielle de l'économie, particulièrement parce qu'on a des baby-boomers qui vont prendre leur retraite dans les cinq prochaines années, et que le taux de chômage est déjà si bas, comme on l'a vu, il faut vraiment donner la chance à l'économie de continuer, de placer des gens. Il y a beaucoup d'emplois qui ne seront pas remplis en ce moment, et c'est l'immigration qui fait une grosse différence. Je vous dirais qu'on n'a jamais vu un écart aussi élevé dans les données officielles entre le Canada et les États-Unis. Les données officielles sont sous-rapportées pour les États-Unis. C'est sûr. Il y a beaucoup d'immigration illégale aux États-Unis, plus qu'au Canada, en fait. Donc, ces chiffres-là, ce sont des chiffres officiels. Ils ne sont pas exacts, mais l'écart est quand même impressionnant, à notre avis.
Alors, continuons. Marché du logement. Bien, ce qu'on voit en ce moment, c'est... Puis regardons les ventes sur le marché résidentiel. On a vu une bulle, finalement, pendant la COVID. On le sait tous. Et puis le marché est revenu à la moyenne, comme il le fait tout le temps... Que ce soit le marché des actions, le marché obligataire, n'importe quel marché, quand il y a des anomalies à trois écarts-types, par exemple, comme on l'a vu pendant la COVID, bien, le marché revient vers la tendance à long terme. Et puis ça, c'est... Donc, c'est vrai pour tous les marchés. C'est particulièrement vrai pour le marché résidentiel. Quand on regarde à droite, sur le graphique, regardez en bas de la liste. On a Ottawa, Toronto, Hamilton, London... Ontario, London, avec une baisse moyenne depuis le sommet de presque 20% des prix moyens de l'immobilier. Ça, c'est les gens qui pensaient que pendant la COVID, ils allaient déménager à London et venir travailler à Toronto. C'est un peu comme dire: "Ah oui, on va déménager à Québec, et puis on va faire le transit avec Montréal. On va faire un Québec-Montréal sans arrêt." C'est pas réaliste. Mais les gens pensaient ça. Et puis, ce qui est intéressant... C'est encore une fois, avantage Québec, de ce point de vue là... On regarde la Ville de Québec, bien, il y a eu une augmentation du prix moyen des maisons. Calgary aussi, grâce à l'essor, évidemment, du pétrole en particulier. Ça, ça a beaucoup aidé ce marché-là. Montréal se maintient très bien. Il y a presque pas de changements, en général, dans les prix de l'immobilier. Peut-être dans l'immobilier vraiment haut de gamme. Mais généralement, le Québec se maintient très bien parce que, finalement, au Québec, on a eu moins d'excès pendant la COVID, sauf dans la région des chalets. Et puis maintenant, donc, il y a moins de bulles, si vous voulez, à décomprimer.
Alors, continuons. Prochaine page. Prix réel des maisons. On est revenus un peu à la tendance, vers la tendance. On est encore un petit peu au-dessus de la tendance à long terme, mais pas trop, à notre avis. Ce qui est intéressant, vraiment, c'est: quand on regarde à droite du graphique... Puis encore une fois, les chiffres sont peut-être petits, mais ce que ça nous montre, et en particulier pour le Québec, c'est qu'au sommet de 2022, on avait un écart de presque 33% par rapport à la moyenne à long terme. Là, on est à peu près à 17% au-dessus de la moyenne à long terme. Alors, c'est pas pour dire que le marché immobilier est bon marché, mais il y a quand même un peu d'effervescence qui est sortie de ça.
Alors, continuons. On va sauter la page 12. Allons vers la page 13: migration vers l'Est, vers l'Ouest. Alors, parlons de la contribution pour... à la croissance de la population. On vous a affiché le Québec, en particulier. Donc, c'est surtout l'immigration internationale qui contribue à ça, beaucoup moins l'immigration interprovinciale. C'est l'Alberta qui a fait un programme... un programme de publicité quand même très efficace qui bénéficie le plus de l'immigration interprovinciale en ce moment. Alors, la prochaine page, ça vous montre le contexte budgétaire. On a parlé du risque de la dette en particulier, dans une conjoncture où les taux d'intérêt sont plus élevés. On voit qu'au moins, le Québec se retrouve pas dans une mauvaise position fiscale en ce moment. Quand on est au-dessus de la ligne, et vous voyez le Québec, ça, ça veut dire qu'on est en déficit, mais le déficit est quand même relativement faible en ce moment. On est quand même relativement proche d'un budget qui est balancé. C'est une bonne chose et c'est vraiment... Ça va devenir de plus en plus important et je ne peux pas mettre assez d'emphase là-dessus. Le grand risque à long terme, pas juste pour les marchés, mais pour l'économie, c'est la dette. Alors, il va vraiment falloir contrôler la dette. On ne peut pas s'attendre à des coupures d'impôts, à mon avis. Certainement rien d'extraordinaire dans les quelques prochaines années. Le défi, l'enjeu pour les gouvernements, ça va être de balancer leur budget.
Alors, continuons. Allons à la page 16, la prochaine. On a parlé des avantages et des défis pour le Québec, pour le Canada. Juste pour... par rapport au marché en ce moment... Le marché des actions. Moi, je vois des parallèles par rapport à la bulle de technologies en 2000. Donc, il y a une correction potentielle pour certains secteurs de l'économie. Il y a des actions particulièrement en technologie qui sont devenues gravement surévaluées. Et ce qu'on voit sur le graphique en haut, c'est vraiment l'évaluation des actions de techno. On parle de prix par rapport aux ventes. Ça, c'est en gris. Et on se rend compte que ce secteur-là est trois fois et demie plus cher que le reste du marché. Bon, pour certaines compagnies, c'est sûr que c'est justifié. On pense au succès de Microsoft en intelligence artificielle, par exemple. Et on peut se dire: "D'accord", on accepte qu'il y ait une prime pour une compagnie de cette qualité-là, mais ça ne devrait pas être le cas pour le secteur au complet. Donc, ce qu'on dit à nos clients en ce moment, dans leurs investissements, c'est d'être sélectif. Il y a des opportunités, mais je vous dirais que c'est plutôt dans d'autres secteurs. Pensez aux utilités publiques, pensez aux REITs d'appartements, par exemple, qui ont vraiment la possibilité d'augmenter leur prix en ce moment. Ce serait plutôt ces secteurs-là. Certains sous-secteurs industriels nous semblent intéressants, mais il faut vraiment se montrer sélectif.
En page... Sautons une page. En fait, non. En page 17, ça, c'est un graphique que j'aime bien. C'est nos partenaires à New York, Ned Davis Research, qui nous ont envoyé ça. Ils ont fait une étude. Et puis ce que ça nous montre, c'est que quand on retourne jusqu'en 1938, on retourne jusqu'en 1938, et que le marché boursier a des rendements, puis si on parle du S&P 500... Quand le marché a un rendement positif d'au-dessus de 10%, ce qui est le cas évidemment en 2023, et qu'ensuite, on a une correction en août, bien, le taux de probabilité, le pourcentage de succès, si vous voulez, est de 100%. Donc, il n'y a pas une année dans tous ces exemples-là où le marché n'a pas été positif à la fin de l'année. Donc, ça nous donne un certain espoir, puis c'est pas juste parce que... C'est pas juste une anomalie statistique, si vous voulez. Quand on regarde ces épisodes historiques là, on se rend compte que oui, il y avait des problèmes, des problèmes inflationnistes, particulièrement dans les années 70. Et puis ensuite, ce problème a commencé à se corriger. Donc, les choses s'améliorent. Le marché escompte ça d'avance au début de l'année. Il y a une correction, disons, en août, en septembre. C'est exactement ce qu'on voit en ce moment. Et puis ensuite, la tendance haussière continue. Et on pense que ça va être un peu le phénomène de cette année.
Peut-être une dernière... un dernier graphique, le prochain. Quand on regarde, et ça, c'est très, très important. J'ai travaillé à New York pendant la crise financière et c'est quelque chose qu'on regardait tous les jours. On parle des écarts obligataires corporatifs. Et qu'est-ce que ça veut dire, ça? C'est le prix que les compagnies doivent payer au-dessus, en prime, par rapport au gouvernement, pour emprunter de l'argent dans le marché. On le voit en 2008. Il y a eu une ascension spectaculaire. Les compagnies qui pouvaient encore emprunter de l'argent, puis il y en avait très peu, devaient payer une rançon, finalement. Une somme faramineuse. Et puis là, ce qu'on voit complètement à droite du graphique, c'est qu'on n'a pas d'indicateur particulièrement sinistre en ce moment. C'est quelque chose qu'on regarde toujours. Et ce n'est pas vrai que le marché obligataire va toujours bouger avant le marché des actions, mais c'est souvent arrivé, disons, dans les 20 à 30 dernières années. Alors, c'est quelque chose qu'on regarde. Et la bonne nouvelle de ce point de vue là, c'est que le marché des capitaux est encore ouvert pour les compagnies, pour les compagnies de bonne qualité, au Canada et au Québec en particulier. Mais on voit pas de signe ou de signal d'alarme comme tel.
Et puis finalement, peut-être dernière... dernier graphique en page 20. Allons au prochain. En page 20, ce qu'on vous montre maintenant, c'est un graphique extrêmement simple, mais ça vous montre... On remonte jusqu'en 1962 et on vous montre le taux obligataire 10 ans américain qui est finalement la pierre angulaire du système financier au complet. Et ce que ça vous montre, c'est que le taux actuel, et c'est vrai que ça a augmenté très, très rapidement... Les taux d'intérêt ont augmenté très rapidement, mais il fallait le faire pour combattre l'inflation, qui est comme un cancer pour les marchés. Quand on regarde le taux actuel, bien, c'est pas une anomalie historique... On a eu plusieurs périodes, comme je l'ai dit au début de l'appel, on a eu plusieurs périodes où les taux d'intérêt étaient plus élevés qu'en ce moment, et l'économie a quand même réussi à avoir de la croissance. Alors, le fait que les taux d'intérêt aient augmenté en flèche, ça ne veut pas dire nécessairement qu'on s'en va en récession. Et c'est peut-être le message que j'aimerais vous laisser maintenant et aujourd'hui. Donc, peut-être que je vais arrêter là.
En conclusion, on pense que... C'est sûr que le momentum économique est en baisse, mais c'est nécessaire pour... vraiment pour que l'inflation ralentisse. La tendance à long terme de l'inflation est à la baisse. Ça, c'est très encourageant pour les marchés, que ce soit le marché obligataire ou le marché des actions. Mais surtout aussi pour l'économie. Alors, on pense que les banques centrales sont maintenant en pause. Est-ce qu'il pourrait y avoir une autre augmentation? C'est possible, mais ça serait une erreur, à notre avis. Je pense que les banques centrales nord-américaines ont fait ce qu'elles avaient à faire pour contrôler l'inflation. On voit le ralentissement économique, mais on ne prédit pas de récession. Alors, peut-être que je vais arrêter là et voir si on a des questions.
Perspectives économiques du Canada en 2024 : Se plier à la réalité
Économiste en chef
Douglas Porter possède plus de 30 ans d’expérience dans l’analyse des économies et des marchés financiers mondiaux…
Douglas Porter possède plus de 30 ans d’expérience dans l’analyse des économies et des marchés financiers mondiaux…
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La dernière année a été difficile pour les économies américaine et canadienne. À la même époque l’an dernier, nombreux étaient ceux qui prévoyaient au moins une légère récession en Amérique du Nord en 2023. La bonne nouvelle est que nous avons réussi à éviter ce scénario jusqu’à présent.
Mais si les économies américaine et mondiale ont dépassé les attentes, l’économie canadienne a eu de la difficulté à croître, et il semble que ce sera encore le cas pendant la plus grande partie de 2024. Plusieurs raisons expliquent cette situation. Examinons comment nous en sommes arrivés là et les facteurs qui continueront de stimuler l’économie canadienne au cours des 12 prochains mois.
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Économies mondiale et américaine
BMO prévoit que l’économie mondiale connaîtra une croissance d’un peu moins de 3 % cette année, ce qui est légèrement inférieur à la moyenne. Le facteur important ici est que toutes les grandes économies ont enregistré au moins une certaine croissance cette année, ce qui n’était pas gagné au début de 2023. Nous nous attendions auparavant à ce que la Grande-Bretagne, l’Europe et la Russie connaissent un léger repli cette année. Au lieu de cela, ils ont tous réussi à enregistrer une certaine croissance. Même si nous anticipons un ralentissement de l’économie mondiale en 2024, ce ralentissement est loin de ce que nous considérons comme une récession généralisée.
L’année a également été étonnamment bonne pour l’économie américaine, avec une croissance d’un peu plus de 2 % pour l’ensemble de l’année1, ce qui est meilleur qu’en 2022. J’ose dire qu’aucun prévisionniste ne s’attendait à ce que l’économie américaine connaisse une meilleure croissance cette année que l’année dernière. Cependant, nous prévoyons un ralentissement, à partir du trimestre en cours, et nous envisageons une croissance assez modérée d’environ 1 % au cours de la prochaine année.
Bon nombre des facteurs favorables derrière l’économie américaine ont maintenant commencé à s’atténuer. En plus de la forte hausse des taux d’intérêt à long terme, le conflit au Moyen-Orient et la grève des Travailleurs unis de l’automobile pèseront probablement sur la croissance aux États-Unis pendant la prochaine année. Néanmoins, nous ne prévoyons pas de trimestre de croissance négative du PIB aux États-Unis au cours de cette période.
Une situation plus difficile pour le Canada
Au Canada, en revanche, la situation a été plus difficile. Bien que l’économie ait réussi à éviter une récession, elle affiche une croissance très modérée qui, selon nous, se poursuivra probablement avant de connaître une certaine amélioration d’ici la fin de 2024. En somme, BMO s’attend à ce que l’économie canadienne soit à la traîne de celle des États-Unis au cours des 18 prochains mois.
Le consommateur en est la principale raison. Dans l’ensemble, les dépenses de consommation se sont remarquablement bien comportées cette année au Canada et aux États-Unis face à l’inflation et à la hausse des taux d’intérêt. Cela s’explique en partie par le fait que les consommateurs disposaient de beaucoup d’économies accumulées pendant la pandémie. Au début de cette dernière, le taux d’épargne des deux pays a atteint des niveaux extraordinaires.
Un autre facteur positif pour le consommateur des deux côtés de la frontière est la vigueur sous-jacente du marché de l’emploi. À l’été 2022, le marché de l’emploi en Amérique du Nord a été le plus sain et le plus serré que nous ayons jamais connu en temps de paix. Le taux de chômage au Canada a chuté sous la barre des 5 %2, tandis que celui des États-Unis est descendu dans la fourchette des 3 %3. Depuis lors, nous avons observé un certain affaiblissement et les taux de chômage ont commencé à remonter légèrement. Toutefois, d’un point de vue historique, les taux de chômage sont encore assez bas.
Les taux d’emploi et d’épargne étant élevés, les consommateurs ont pu dépenser pour répondre à la demande refoulée de voyages, de divertissements et de véhicules automobiles. Les deux pays n’ont toutefois pas dépensé à parts égales. Encore aujourd’hui, le taux d’épargne des ménages canadiens est supérieur à 5 %4. Même s’il s’agit d’un taux moyen sur le plan historique, il est plus élevé qu’avant la pandémie et que le taux d’épargne actuel aux États-Unis5. Le niveau record d’endettement des ménages canadiens diffère de celui des États-Unis. En outre, une grande partie de l’endettement des ménages aux États-Unis se retrouve dans des prêts hypothécaires sur 30 ans, ce qui fait qu’il ne change pas aussi rapidement qu’au Canada.
BMO est d’avis qu’au cours de la prochaine année, certains des facteurs de soutien des consommateurs canadiens (demande refoulée et épargne excédentaire) commenceront à s’estomper. Entre-temps, l’endettement élevé des ménages et la hausse des taux d’intérêt demeurent présents. Au cours de la prochaine année, les consommateurs canadiens seront probablement encore plus serrés, et c’est pourquoi nous anticipons que l’économie aura de la difficulté à croître au cours des 12 prochains mois environ.
Perspectives en matière de taux d’intérêt
L’inflation a baissé par rapport à ses pires niveaux à l’été 2022, un taux que nous n’avions pas observé depuis le début des années 1980, et sans ralentissement significatif de l’économie. En revanche, il sera plus difficile de ramener l’inflation de son taux actuel d’un peu moins de 4 %6 à celui que les banques centrales canadienne et américaine préféreraient, soit plus près de 2 %. BMO estime que l’inflation ne baissera pas à un niveau acceptable avant la fin de 2024.
Un enjeu encore plus important est la hausse constante des taux d’intérêt à long terme à l’échelle mondiale. Les taux de rendement des obligations du Trésor américain à 10 ans7 et des obligations du gouvernement du Canada à 10 ans8 ont atteint des niveaux inégalés depuis 2007, ce qui menace à la fois les finances publiques et les perspectives à court terme. Autrement dit, en ce qui concerne les taux d’intérêt, on s’attend à ce qu’ils restent plus élevés plus longtemps.
À notre avis, les deux banques centrales en ont assez fait sur le plan des hausses de taux d’intérêt. Elles pourraient relever les taux une fois de plus, mais nous sommes presque arrivés au sommet de la montagne. L’envers de la médaille est que nous serons dans un environnement de taux plus élevés pendant un certain temps, jusqu’à ce que les banques centrales se sentent suffisamment à l’aise avec l’inflation. Nous nous attendons à ce que la Banque du Canada et la Réserve fédérale américaine maintiennent les taux d’intérêt près de leurs niveaux actuels jusqu’au deuxième semestre de 2024. Même après cela, nous prévoyons que les taux d’intérêt descendent très lentement plutôt que de chuter.
La question la plus intéressante est de savoir où les taux d’intérêt vont se stabiliser de l’autre côté. Reviendront-ils aux taux extrêmement bas que nous avons connus pendant la décennie précédant la pandémie? Ou vont-ils se stabiliser près des niveaux actuels? Probablement entre les deux.
Le taux du financement à un jour de la Banque du Canada se situe actuellement à 5 %9. BMO s’attend à ce que ces taux finissent par s’établir dans une fourchette d’environ 2,5 % à 3 %. C’est plus haut que tout ce que nous avons vu pendant la décennie qui a précédé la pandémie, mais c’est beaucoup moins que ce que nous vivons aujourd’hui. Néanmoins, l’inflation devra se rapprocher de la cible de la Banque du Canada avant que nous puissions parler de façon réaliste de baisses de taux d’intérêt.
Variation des probabilités
BMO a légèrement ajusté ses probabilités concernant les trois grands scénarios pour l’économie canadienne : un atterrissage en douceur où nous évitons tout repli, un juste milieu où nous observons un léger recul de l’économie et un atterrissage brutal où nous entrons en récession généralisée. C’est le juste milieu qui est devenu un peu moins probable. Les taux d’intérêt à long terme ont monté en flèche et les risques géopolitiques se sont accrus. Ces facteurs, malheureusement, augmentent le risque d’un atterrissage brutal. La bonne nouvelle, c’est que l’inflation ayant considérablement diminué, la probabilité d’un atterrissage en douceur augmente également.
1 Gross Domestic Product, bea.gov
2 Canada Unemployment Rate, YCHARTS
3 US Unemployment Rate, YCHARTS
4 Canada Household Saving Rate, Trading Economics
5 Personal Saving Rate, bea.gov
6 Canada’s inflation rate slows to 3.8%, cbc.ca
7 10-year Treasury yield breaks above 4.9% for the first time since 2007, cnbc
8 Rendements des obligations, Banque du Canada
9 Sommaire quotidien, Banque du Canada
- (Stéphane Rochon) : Merci beaucoup, Viviane. On apprécie beaucoup, puis bienvenue à tous et à toutes. On se rend compte que votre temps est précieux. Alors, on apprécie votre attention.
Donc, sans plus tarder, commençons avec la première page. Commençons au commencement, comme on dit. C'est toujours un très bon endroit. Alors, parlons d'inflation. Tout le monde nous parle d'inflation depuis plus de deux ans et il y a une raison pour ça. Il y a une raison pour ça. On ne voulait pas tomber dans une spirale inflationniste et il y avait un risque. Il y avait un risque parce que les chefs des banques centrales.. Et vous allez dire: "Mon Dieu, il commence son appel en critiquant les gens." Mais oui, je n'ai aucune hésitation à critiquer Tiff Macklem et Jerome Powell, les deux chefs des banques centrales du Canada et des États-Unis, respectivement. Ils ont fait une erreur catastrophique, les deux. Ils ont attendu beaucoup trop longtemps avant d'augmenter les taux d'intérêt. Alors, vous allez dire: "Oui, mais les taux d'intérêt, ça fait mal aux gens." Effectivement, ça fait très mal. Mais l'inflation, en bout de ligne, fait mal à la population au complet et particulièrement pour les gens moins nantis. C'est un grave problème. C'est quelque chose qu'il faut enrayer. Et la bonne nouvelle, et vous allez le voir dans le panneau gauche du graphique qu'on vous montre: la tendance à long terme de l'inflation est à la baisse. Ça, c'est très, très encourageant. Et puis je dois dire d'emblée: oui, c'est pas... Ça va pas baisser en ligne droite. Mais généralement, en Amérique du Nord, on était près du 9% il y a quelques mois. Et maintenant, on est tombés... Bien, les dernières données nous donnent, au Canada, 3,8%. Au Québec, c'est un peu plus que ça, malheureusement. On est... on est arrivés à 4,8. Le prix de l'essence, en particulier, et les loyers ont fait mal côté inflation. Mais que ce soit au Québec, au Canada, aux États-Unis, généralement, la tendance est baissière. Mais là, ce que vous voyez du côté droit, c'est vraiment le... Bien, ça, ça vous montre les taux d'intérêt à long terme et c'est vraiment ce sur quoi les investisseurs portent le plus d'attention en ce moment.
Ce sont les taux d'intérêt parce qu'en bout de ligne, quand vous y pensez, les investisseurs en obligations ne peuvent recevoir... Généralement dans une bonne obligation, on va toujours se faire rembourser le capital. Mais les coupons d'intérêts, surtout ceux pour les obligations qui ont été mises il y a quelques années, bien, le coupon ne change pas. Et donc, finalement, quand il y a de l'inflation, les investisseurs veulent se faire compenser en termes de valeur présente, donc, les cashflows futurs escomptés jusqu'au présent. Et puis le seul mécanisme d'ajustement, c'est de faire augmenter les taux d'intérêt, et c'est exactement ça qu'on voit en ce moment. Vous l'avez vu dans vos vies avec les taux obligataires, par exemple. Les coûts d'emprunt ont augmenté. Et nous, on pense qu'on est dans un nouveau régime, finalement, une ère où les taux d'intérêt vont être plus élevés. Mais je vous dirais d'emblée que ce n'est pas, historiquement parlant, le niveau où on est rendu pas loin du 5% à long terme, mais aussi à court terme, ce n'est pas particulièrement alarmant de notre point de vue. On a eu des périodes dans les années 70-80-90 où les taux d'intérêt étaient à des niveaux semblables et l'économie a quand même réussi à bien performer, à avoir de la croissance. Alors, oui, il y a une augmentation assez abrupte, assez soudaine des taux d'intérêt. Mais de notre point de vue, ça ne veut pas dire nécessairement qu'on s'en va en récession.
Alors, continuons. Prochaine page. Ce que vous voyez ici, c'est les prévisions du groupe d'économie de BMO. Et puis, ce que ça vous montre, finalement, c'est que oui, le Canada est en bas de la liste des pays pour 2023. On parle d'une croissance de 1,1%. C'est assez médiocre, comme performance. Mais encore une fois, il faut pas oublier que dans le contexte actuel, les gens prédisaient une récession. Ça fait deux ans que les gens nous promettent une récession. Et pourtant, on n'est pas encore là. Et selon nos modèles, la probabilité de récession dans la prochaine année a quand même baissé. On était à 60% en Amérique du Nord, il y a six mois. Et ça a baissé en dessous de 50% maintenant. Alors, la tendance est quand même positive. Ça veut pas dire qu'on va éviter une récession. Mais même s'il y a une récession, elle devrait être relativement douce, à notre avis.
Donc, ce que vous voyez en haut de la liste aussi, c'est que l'Inde va mener le palmarès de la croissance, si vous voulez. La Chine à 5%, ça semble... Relativement parlant, c'est un bon taux de croissance pour une économie de cette taille-là. Mais par rapport au critère chinois, c'est quand même un ralentissement important. Et la raison pour laquelle je mets l'emphase sur la croissance chinoise, c'est que ça a beaucoup d'influence sur l'économie canadienne, finalement, qui est une économie qui est encore en grande partie basée sur les matières premières, sur le pétrole, sur le cuivre. Moins au Québec. Évidemment, l'économie du Québec est plus diversifiée, ce qui est une bonne chose à long terme, mais le Canada dépend encore des ressources.
Alors, continuons. Prochaine page. Bien, là, on vous montre les prévisions de PIB réels. Les États-Unis, un peu grâce au programme de stimulus de Joe Biden, ont une croissance plus élevée. Ça, c'est clair. En 2023, on parle quand même d'une grande différence. On a parlé du 1,1% canadien; 2,4% pour les États-Unis. C'est quand même pas mal. Encore une fois, les gens n'arrêtent pas de prédire une récession pour les États-Unis aussi. Et on ne la voit pas, certainement pas dans les prochains 6 à 12 mois. Donc, il y a quand même une croissance positive. Et même en 2024, quand l'impact du resserrement monétaire va se faire sentir au complet, bien, on voit quand même une petite croissance positive. Donc, encore... Dans nos prévisions, pas de récession en Amérique du Nord pour 2024. Ça peut changer, ça peut changer rapidement. La conjoncture actuelle, quand on regarde les problèmes au Moyen-Orient, quand on regarde le conflit russe-ukrainien qui continue après à peu près deux ans, bien, c'est sûr qu'il y a des risques. Mais en ce moment, selon les données qu'on a, on ne voit pas de récession en 2024.
Alors, continuons. La raison pour laquelle on pense ça, c'est en grande partie le taux d'épargne. Le taux d'épargne, pendant la COVID, a augmenté en flèche. Ça, c'est clair. Et il nous reste encore des... ce qu'on appelle des épargnes excédentaires, quand vous regardez à droite du tableau, le tableau à gauche, évidemment. Mais le risque, et le risque est à droite parce qu'il y a toujours des risques dans l'économie, mais en ce moment, étant donné l'augmentation des taux d'intérêt, le fardeau d'endettement est un risque, à notre avis. Puis ça, c'est pas loin d'un record, alors que les États-Unis... Puis ça, c'est un peu ironique parce qu'on a toujours pensé... ou le stéréotype, c'est qu'on donne 1$ aux Américains, puis ils vont en dépenser deux. Bien, ils ont été beaucoup plus raisonnables, si on veut, que les Canadiens en général. Je dis pas que c'est une catastrophe nécessairement, mais il va falloir se serrer la ceinture, que ce soit au niveau du gouvernement fédéral, provincial, les ménages, les entreprises, dans... Quand on sort d'un endroit où on était à 0% de taux d'intérêt, finalement, ou l'argent était presque gratuit, c'est sûr que la dette est plus facile à financer. Ces jours sont finis, à notre avis. Mais encore une fois, il faut se rappeler que quand on regarde ça d'une optique un peu plus large, ce qui est inhabituel, c'est pas des taux d'intérêt à 5%. C'est que l'argent était gratuit et que l'argent était gratuit tellement longte... presque gratuit, je devrais dire, mais tellement longtemps... Et quand ça, ça arrive, ça crée des bulles spéculatives et on le voit encore une fois, que ce soit les cryptomonnaies, que ce soit l'évaluation des actions en technologie, il y a beaucoup d'actifs qui sont devenus gravement surévalués, à notre avis. L'immobilier aussi, dans certaines régions, l'est devenu. Puis ça, on va en reparler dans une minute.
Alors, on continuons. Ça, c'est l'autre avantage, en ce moment, pour l'économie nord-américaine: c'est le taux de chômage qui est tellement bas. Ça, ça aide beaucoup, parce que quand on regarde, l'économie américaine dépend à peu près à 70% des dépenses des consommateurs. C'est un peu moins au Canada, mais c'est quand même extrêmement important, les dépenses des ménages pour soutenir l'économie. Donc, évidemment, ce n'est plus l'agriculture ou les entreprises manufacturières qui mènent l'économie. C'est les dépenses des consommateurs. Donc, le fait que les gens aient des emplois: extrêmement important, évidemment. Et c'est ça qui, finalement, baisse les probabilités de récession, à notre avis.
Maintenant, regardez à droite, le tableau à droite. On vous a identifié les taux de chômage à Montréal, Ville de Québec et pour la province de Québec. Et moi, ce qui me frappe vraiment, c'est quand je regarde la Ville de Québec prépandémie, on était à 3,8% de chômage, qui est presque un emploi complet. On est en dessous de ça. On est rendu à 2,9%, et évidemment, c'est une bonne chose pour les restaurants, pour les... ce genre d'entreprises là. Mais si vous avez une entreprise, et vous le savez mieux que moi, d'engager des gens, ce n'est pas facile. Et c'est un... Finalement, c'est un défi de taille pour les entrepreneurs de trouver la main-d’œuvre qualifiée. On le sait tous. Mais c'est particulièrement vrai dans la Ville de Québec et dans la province en général. Mais il faut pas oublier qu'en bout de ligne, c'est une bonne chose au niveau de l'économie.
Alors, sautons... Allons en page 7... Et puis une copie de cette présentation peut vous être envoyée, en passant. Alors, si on va en page 7, on va parler... Prochaine page, oui. On va parler du dollar canadien. C'est quelque chose qui est proche, qui est très important pour les gens. Il y a beaucoup, beaucoup de gens qui, finalement, vont aux États-Unis en voyage, qui s'achètent des condos aux États-Unis. Donc, la valeur du dollar canadien, c'est toujours pertinent. Et ce qui est intéressant en ce moment, c'est le... si vous voulez, la divergence entre le prix du pétrole, et voilà ce que le graphique vous montre. C'est le prix du pétrole en bleu... plutôt, en vert. Et puis contre ça, vous avez la valeur du dollar canadien par rapport au dollar US. Et puis, on voit que pendant des années et des années, puis on peut retourner encore plus loin en arrière, la corrélation était extrêmement forte entre le prix du pétrole et la valeur du dollar canadien. Et on voit une divergence récemment qui est dure à expliquer. Je vous dirais que notre meilleure hypothèse, c'est que les investisseurs, en général, les investisseurs internationaux en particulier, ne croient pas à la force ou à la longévité de la force du prix du pétrole ou du cuivre, en fait. Nous, on serait de l'autre côté. On pense que quand on regarde les secteurs d'investissement particulièrement intéressants, dans le marché canadien en ce moment, le pétrole lourd canadien est vraiment en haut de la liste. Ce sont les actions les plus sous-évaluées à notre avis. Donc, on pense que s'il y a un changement dans cette tendance-là, ou plutôt, je devrais dire que la tendance va revenir... Donc, ça nous dirait que le prix du dollar canadien devrait augmenter, mais ça pourrait prendre du temps. C'est pas quelque chose qui va se faire du jour au lendemain, mais on dirait que par rapport aux normes historiques, puis aussi par rapport aux écarts de taux d'intérêt, le dollar canadien est sous-évalué en ce moment.
Alors, continuons. Ce qui attend le Québec. Bon, alors, on a parlé... Évidemment, la croissance économique, c'est super important, particulièrement pour cet auditoire. Donc, on a dit... En 2023, on parle de 1,1% au Canada. Ça va être un petit peu inférieur à ça au Québec. Le Québec bénéficie quand même moins que le reste du Canada, certaines provinces, évidemment, de l'essor du prix du pétrole. Mais on parle quand même d'une croissance positive. Donc, encore une fois, on évite la récession selon les données qu'on a en ce moment.
Continuons. Prochaine page. Si on trouve ça... c'est un graphique à plus long terme, mais c'est quand même, à mon avis, super intéressant de voir les tendances démographiques qui ont jamais énormément d'influence d'une année à l'autre, mais sur plusieurs années, disons, sur 5, 10, 20 ans, c'est extrêmement important. Et ce qui nous frappe là-dessus, c'est qu'à gauche, on voit que le taux de naissances aux États-Unis et au Canada, bien, a baissé, mais se maintient quand même au-dessus de plusieurs autres pays qui ont des économies développées; d'autres pays du G7, l'Italie, en particulier, qui a de vrais problèmes démographiques. Mais quand vous regardez à droite, la grosse divergence, c'est le taux de... vraiment, le taux d'immigration. On est un chef de file en termes de croissance de la population. La population canadienne a augmenté de plus d'un million de personnes l'an dernier. C'est énorme. Il faut retourner à la guerre de Corée pour voir une telle croissance démographique au Canada. C'est déjà arrivé, mais disons que par rapport aux autres pays, on accepte beaucoup plus d'immigrants. D'un point de vue économique, puis je me lance pas sur les aspects socios de la chose, d'un point de vue économique, c'est une bonne chose. Indéniablement, ça fait augmenter la croissance potentielle de l'économie, particulièrement parce qu'on a des baby-boomers qui vont prendre leur retraite dans les cinq prochaines années, et que le taux de chômage est déjà si bas, comme on l'a vu, il faut vraiment donner la chance à l'économie de continuer, de placer des gens. Il y a beaucoup d'emplois qui ne seront pas remplis en ce moment, et c'est l'immigration qui fait une grosse différence. Je vous dirais qu'on n'a jamais vu un écart aussi élevé dans les données officielles entre le Canada et les États-Unis. Les données officielles sont sous-rapportées pour les États-Unis. C'est sûr. Il y a beaucoup d'immigration illégale aux États-Unis, plus qu'au Canada, en fait. Donc, ces chiffres-là, ce sont des chiffres officiels. Ils ne sont pas exacts, mais l'écart est quand même impressionnant, à notre avis.
Alors, continuons. Marché du logement. Bien, ce qu'on voit en ce moment, c'est... Puis regardons les ventes sur le marché résidentiel. On a vu une bulle, finalement, pendant la COVID. On le sait tous. Et puis le marché est revenu à la moyenne, comme il le fait tout le temps... Que ce soit le marché des actions, le marché obligataire, n'importe quel marché, quand il y a des anomalies à trois écarts-types, par exemple, comme on l'a vu pendant la COVID, bien, le marché revient vers la tendance à long terme. Et puis ça, c'est... Donc, c'est vrai pour tous les marchés. C'est particulièrement vrai pour le marché résidentiel. Quand on regarde à droite, sur le graphique, regardez en bas de la liste. On a Ottawa, Toronto, Hamilton, London... Ontario, London, avec une baisse moyenne depuis le sommet de presque 20% des prix moyens de l'immobilier. Ça, c'est les gens qui pensaient que pendant la COVID, ils allaient déménager à London et venir travailler à Toronto. C'est un peu comme dire: "Ah oui, on va déménager à Québec, et puis on va faire le transit avec Montréal. On va faire un Québec-Montréal sans arrêt." C'est pas réaliste. Mais les gens pensaient ça. Et puis, ce qui est intéressant... C'est encore une fois, avantage Québec, de ce point de vue là... On regarde la Ville de Québec, bien, il y a eu une augmentation du prix moyen des maisons. Calgary aussi, grâce à l'essor, évidemment, du pétrole en particulier. Ça, ça a beaucoup aidé ce marché-là. Montréal se maintient très bien. Il y a presque pas de changements, en général, dans les prix de l'immobilier. Peut-être dans l'immobilier vraiment haut de gamme. Mais généralement, le Québec se maintient très bien parce que, finalement, au Québec, on a eu moins d'excès pendant la COVID, sauf dans la région des chalets. Et puis maintenant, donc, il y a moins de bulles, si vous voulez, à décomprimer.
Alors, continuons. Prochaine page. Prix réel des maisons. On est revenus un peu à la tendance, vers la tendance. On est encore un petit peu au-dessus de la tendance à long terme, mais pas trop, à notre avis. Ce qui est intéressant, vraiment, c'est: quand on regarde à droite du graphique... Puis encore une fois, les chiffres sont peut-être petits, mais ce que ça nous montre, et en particulier pour le Québec, c'est qu'au sommet de 2022, on avait un écart de presque 33% par rapport à la moyenne à long terme. Là, on est à peu près à 17% au-dessus de la moyenne à long terme. Alors, c'est pas pour dire que le marché immobilier est bon marché, mais il y a quand même un peu d'effervescence qui est sortie de ça.
Alors, continuons. On va sauter la page 12. Allons vers la page 13: migration vers l'Est, vers l'Ouest. Alors, parlons de la contribution pour... à la croissance de la population. On vous a affiché le Québec, en particulier. Donc, c'est surtout l'immigration internationale qui contribue à ça, beaucoup moins l'immigration interprovinciale. C'est l'Alberta qui a fait un programme... un programme de publicité quand même très efficace qui bénéficie le plus de l'immigration interprovinciale en ce moment. Alors, la prochaine page, ça vous montre le contexte budgétaire. On a parlé du risque de la dette en particulier, dans une conjoncture où les taux d'intérêt sont plus élevés. On voit qu'au moins, le Québec se retrouve pas dans une mauvaise position fiscale en ce moment. Quand on est au-dessus de la ligne, et vous voyez le Québec, ça, ça veut dire qu'on est en déficit, mais le déficit est quand même relativement faible en ce moment. On est quand même relativement proche d'un budget qui est balancé. C'est une bonne chose et c'est vraiment... Ça va devenir de plus en plus important et je ne peux pas mettre assez d'emphase là-dessus. Le grand risque à long terme, pas juste pour les marchés, mais pour l'économie, c'est la dette. Alors, il va vraiment falloir contrôler la dette. On ne peut pas s'attendre à des coupures d'impôts, à mon avis. Certainement rien d'extraordinaire dans les quelques prochaines années. Le défi, l'enjeu pour les gouvernements, ça va être de balancer leur budget.
Alors, continuons. Allons à la page 16, la prochaine. On a parlé des avantages et des défis pour le Québec, pour le Canada. Juste pour... par rapport au marché en ce moment... Le marché des actions. Moi, je vois des parallèles par rapport à la bulle de technologies en 2000. Donc, il y a une correction potentielle pour certains secteurs de l'économie. Il y a des actions particulièrement en technologie qui sont devenues gravement surévaluées. Et ce qu'on voit sur le graphique en haut, c'est vraiment l'évaluation des actions de techno. On parle de prix par rapport aux ventes. Ça, c'est en gris. Et on se rend compte que ce secteur-là est trois fois et demie plus cher que le reste du marché. Bon, pour certaines compagnies, c'est sûr que c'est justifié. On pense au succès de Microsoft en intelligence artificielle, par exemple. Et on peut se dire: "D'accord", on accepte qu'il y ait une prime pour une compagnie de cette qualité-là, mais ça ne devrait pas être le cas pour le secteur au complet. Donc, ce qu'on dit à nos clients en ce moment, dans leurs investissements, c'est d'être sélectif. Il y a des opportunités, mais je vous dirais que c'est plutôt dans d'autres secteurs. Pensez aux utilités publiques, pensez aux REITs d'appartements, par exemple, qui ont vraiment la possibilité d'augmenter leur prix en ce moment. Ce serait plutôt ces secteurs-là. Certains sous-secteurs industriels nous semblent intéressants, mais il faut vraiment se montrer sélectif.
En page... Sautons une page. En fait, non. En page 17, ça, c'est un graphique que j'aime bien. C'est nos partenaires à New York, Ned Davis Research, qui nous ont envoyé ça. Ils ont fait une étude. Et puis ce que ça nous montre, c'est que quand on retourne jusqu'en 1938, on retourne jusqu'en 1938, et que le marché boursier a des rendements, puis si on parle du S&P 500... Quand le marché a un rendement positif d'au-dessus de 10%, ce qui est le cas évidemment en 2023, et qu'ensuite, on a une correction en août, bien, le taux de probabilité, le pourcentage de succès, si vous voulez, est de 100%. Donc, il n'y a pas une année dans tous ces exemples-là où le marché n'a pas été positif à la fin de l'année. Donc, ça nous donne un certain espoir, puis c'est pas juste parce que... C'est pas juste une anomalie statistique, si vous voulez. Quand on regarde ces épisodes historiques là, on se rend compte que oui, il y avait des problèmes, des problèmes inflationnistes, particulièrement dans les années 70. Et puis ensuite, ce problème a commencé à se corriger. Donc, les choses s'améliorent. Le marché escompte ça d'avance au début de l'année. Il y a une correction, disons, en août, en septembre. C'est exactement ce qu'on voit en ce moment. Et puis ensuite, la tendance haussière continue. Et on pense que ça va être un peu le phénomène de cette année.
Peut-être une dernière... un dernier graphique, le prochain. Quand on regarde, et ça, c'est très, très important. J'ai travaillé à New York pendant la crise financière et c'est quelque chose qu'on regardait tous les jours. On parle des écarts obligataires corporatifs. Et qu'est-ce que ça veut dire, ça? C'est le prix que les compagnies doivent payer au-dessus, en prime, par rapport au gouvernement, pour emprunter de l'argent dans le marché. On le voit en 2008. Il y a eu une ascension spectaculaire. Les compagnies qui pouvaient encore emprunter de l'argent, puis il y en avait très peu, devaient payer une rançon, finalement. Une somme faramineuse. Et puis là, ce qu'on voit complètement à droite du graphique, c'est qu'on n'a pas d'indicateur particulièrement sinistre en ce moment. C'est quelque chose qu'on regarde toujours. Et ce n'est pas vrai que le marché obligataire va toujours bouger avant le marché des actions, mais c'est souvent arrivé, disons, dans les 20 à 30 dernières années. Alors, c'est quelque chose qu'on regarde. Et la bonne nouvelle de ce point de vue là, c'est que le marché des capitaux est encore ouvert pour les compagnies, pour les compagnies de bonne qualité, au Canada et au Québec en particulier. Mais on voit pas de signe ou de signal d'alarme comme tel.
Et puis finalement, peut-être dernière... dernier graphique en page 20. Allons au prochain. En page 20, ce qu'on vous montre maintenant, c'est un graphique extrêmement simple, mais ça vous montre... On remonte jusqu'en 1962 et on vous montre le taux obligataire 10 ans américain qui est finalement la pierre angulaire du système financier au complet. Et ce que ça vous montre, c'est que le taux actuel, et c'est vrai que ça a augmenté très, très rapidement... Les taux d'intérêt ont augmenté très rapidement, mais il fallait le faire pour combattre l'inflation, qui est comme un cancer pour les marchés. Quand on regarde le taux actuel, bien, c'est pas une anomalie historique... On a eu plusieurs périodes, comme je l'ai dit au début de l'appel, on a eu plusieurs périodes où les taux d'intérêt étaient plus élevés qu'en ce moment, et l'économie a quand même réussi à avoir de la croissance. Alors, le fait que les taux d'intérêt aient augmenté en flèche, ça ne veut pas dire nécessairement qu'on s'en va en récession. Et c'est peut-être le message que j'aimerais vous laisser maintenant et aujourd'hui. Donc, peut-être que je vais arrêter là.
En conclusion, on pense que... C'est sûr que le momentum économique est en baisse, mais c'est nécessaire pour... vraiment pour que l'inflation ralentisse. La tendance à long terme de l'inflation est à la baisse. Ça, c'est très encourageant pour les marchés, que ce soit le marché obligataire ou le marché des actions. Mais surtout aussi pour l'économie. Alors, on pense que les banques centrales sont maintenant en pause. Est-ce qu'il pourrait y avoir une autre augmentation? C'est possible, mais ça serait une erreur, à notre avis. Je pense que les banques centrales nord-américaines ont fait ce qu'elles avaient à faire pour contrôler l'inflation. On voit le ralentissement économique, mais on ne prédit pas de récession. Alors, peut-être que je vais arrêter là et voir si on a des questions.
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